Des synagogues collectent le hamets pour les migrants

La loi juive proscrivant tout produit fermenté pendant la fête de Pâque, qui commence vendredi 23 avril au soir, des synagogues libérales ont entrepris de collecter tous les produits « hamets » pour les offrir aux migrants.

Depuis quelques jours, le hall de la synagogue parisienne de la rue Copernic se remplit de paquets de pâtes, de boîtes de raviolis ou de biscottes. « Nos fidèles répondent bien à l’appel », se félicite Tiphaine Bibas, responsable de l’Union libérale israélite de France (Ulif) qui collecte ces produits jusqu’au mercredi 20 au soir.

vente-hamets

À l’occasion de Pessah, les juifs ont en effet l’interdiction de posséder ou de faire commerce du « hamets », c’est-à-dire de tout produit à base de blé, orge, avoine, épeautre ou seigle et susceptible de fermenter. « Le hamets, c’est tout ce qui peut lever, fermenter », résume le rabbin Jonas Jacquelin, de la synagogue parisienne de la rue Copernic. Dans les jours qui précèdent Pessah (célébré cette année à partir de vendredi soir), les juifs s’évertuent donc à éliminer toute trace de céréale ou de produit fermenté, en vertu de la prescription divine à Moïse selon laquelle « on ne mangera pas de pain levé » pendant la Pâque (Exode 13, 2).

« L’idée est que Pessah ne soit pas une fête centrée juste sur les juifs »

Traditionnellement, les juifs se débarrassent du hamets en le jetant ou en le vendant à un non-juif – quitte à le racheter après la Pâque. Mais, cette année, l’Ulif et le Mouvement juif libéral de France (MJLF) ont décidé de collecter tous les produits hamets afin de les offrir au Collectif parisien de soutien aux exilés qui accompagne des familles de migrants venues surtout d’Afghanistan, du Soudan, de Somalie et d’Érythrée. « L’aide alimentaire qu’elles reçoivent est aléatoire, peu adaptée ou insuffisante », souligne Tiphaine Bibas« Plutôt que de détruire ou de vendre le hamets, on se rend compte que des personnes non-soumises à la loi juive en ont besoin », explique le rabbin Jacquelin. « L’idée est que Pessah ne soit pas une fête centrée juste sur les juifs, mais aie aussi une dimension de partage, développe-t-il. Le hamets, c’est tout ce qui lève, tout ce qui gonfle : c’est donc aussi l’orgueil qui enfle en nous. Voir ceux qui sont dans le besoin, c’est justement ne pas se centrer sur soi. »

Nicolas Senèze

http://www.la-croix.com/Religion/Des-synagogues-collectent-hamets-pour-migrants-2016-04-19-1200754502

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