La chronique de Sarah Cattan. Finkie, BHL et Brauman

ÊTRE JUIF DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI

D’abord le générique : La première variation Goldberg de Jean-Sébastien Bach. Et puis on est samedi matin, tôt. Et puis Répliques, c’est l’Emission sur France Culture produite par Alain Finkielkraut, qui dit : Le maître secret de Répliques, son guide intérieur, c’est Montaigne, Les Essais : Quand on me contrarie, on éveille mon attention et non pas ma colère. Je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit.

Alain Finkielkraut - Photo : P. Rochut
Alain Finkielkraut – Photo : P. Rochut

Alors Répliques réunit ainsi ce 5 mars Bernard-Henri Levy et Rony Brauman qui confrontent leurs points de vue sur le thème : être Juif dans le monde d’aujourd’hui.

Finkie attaque en citant Bernanos et son Hitler a déshonoré l’antisémitisme, expression choquante laissant entendre qu’à un moment donné de sa très longue histoire, l’antisémitisme eût pu être honorable. Mais, ajoute Finkielkraut, ce que cette expression dit de vrai, c’est qu’on ne pouvait plus être antisémite après Hitler avec la même innocence, la même assurance, le même aplomb qu’avant, cette haine désormais faisant honte. Ainsi, poursuit-il, les enfants Juifs du baby boom et les enfants de ces enfants ont-ils été protégés de l’antisémitisme, ont-ils coulé des jours heureux, ou, s’ils furent malheureux, ce fut pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec l’antisémitisme.

Le décor est planté, car Finkie poursuit : On pouvait raisonnablement penser que cette vision du monde était chose du passé, qu’elle ne se relèverait jamais de l’apocalypse hitlérienne, je le pensais moi-même, mais les choses ont changé et les juifs sont de plus en plus nombreux à quitter l’enseignement publique, Dieudonné et Alain Soral font avec leurs théories complotistes et leur négationnisme militant un carton sur la toile, les actes anti juifs sont en progression constante, et la France est devenue le premier pays d’immigration vers Israël.

LE DÉSHONNEUR DE L’ANTISÉMITISME

D’où la question adressée à Rony Brauman et Bernard-Henri Lévy : que se passe-t-il ? Peut-on dire que la brève parenthèse du déshonneur de l’antisémitisme se ferme et qu’être Juif dans la France de 2016 c’est être de nouveau exposé, avec ou sans kippa, à rencontrer la haine ?

Bernard-Henri Levy
Bernard-Henri Levy

BHL attaque en rapportant qu’il arrive de Marseille où récemment un professeur fut victime d’une tentative d’assassinat à la machette parce qu’il portait une kippa, rappelant que cet enseignant fut sauvé grâce à une grosse torah qu’il portait aussi, celle-ci lui permettant d’éloigner les coups de la machette : Cette phrase de Bernanos qui date de mai 1944 suppose que l’antisémitisme ait pu avoir un honneur mais de fait l’antisémitisme est une machine de haine qui a toujours essayé de trouver un honneur à sa haine.

Le philosophe explique que jamais l’antisémite n’a proféré une haine brute et sans mots, sauf peut-être s’agissant de marginaux, de purs assassins, l’antisémitisme de masse ayant toujours tenté de se donner un caractère honorable, son mobile étant notamment de venger le meurtre du Christ, d’installer dans leur triomphe définitif les Lumières que le Judaïsme éclipsait de son ombre obscurantiste, l’honneur étant l’anticapitalisme.

Il rappelle que les antisémites de l’époque de l’affaire Dreyfus pensaient eux aussi que l’antisémitisme avait un honneur, ce qui donne à l’horrible phrase de Bernanos une part de vérité, mais il récuse d’emblée ce que Finkie appelle une parenthèse qui aurait existé, et dénonce un antisémitisme qui est en train de se donner une nouvelle forme de légitimité, une nouvelle manière de se proférer en ayant l’air honorable, cette nouvelle manière étant la haine d’Israël, l’antisionisme, un « air de rien du style je n’ai rien contre les juifs ils ne sont plus coupables ni d’avoir tué le christ ni rien de tout ça, ils sont juste complices d’un état illégitime, assassin, trafiquant de mémoire, et donc la façon qu’a l’antisémitisme de redevenir dicible, et par conséquent de redevenir un jour un mouvement de masse qu’il n’est pas encore, c’est de se couler dans la rhétorique de ce qu’on appelle couramment l’antisionisme: l’antisémitisme sera antisioniste ou ne sera pas, conclut BHL.

Finkielkraut demande si ceux qui propagent cet antisémitisme-là sont donc différents des antisémites de la première moitié du XXe siècle, de ce que décrit L’Idéologie Française, habitant pour un certain nombre d’entre eux dans les territoires perdus de la république et ceux qui les soutiennent étant plutôt des gens de gauche des gens qui se veulent progressistes et qui dénoncent à travers l’antisionisme non pas les juifs comme une race maudite, mais le racisme d’Israël et plus généralement celui de ceux qui, en France, sont attachés à Israël ?

Pour Bernard-Henri Levy, il n’est pas exact que les antisémites d’aujourd’hui soient plus de gauche que de droite, ça vient des deux bords, ça a toujours été comme ça, l’antisémitisme de l’époque de l’affaire Dreyfus ne fut pas plus de droite que de gauche, il interroge et se demande si dans les années 30, ce qu’on appelait en Allemagne les sections bifsteak, rouge dedans brune dehors, c’est-à-dire l’infiltration des SS par les gens du Parti Communiste, étaient de gauche ou de droite, et répond que non, bien sûr, la forme a changé mais le paradigme reste le même : un système de justification qui fait que des femmes et des hommes venus de tous les bords, venus de la gauche comme de la droite, se retrouvent dans cette passion étrange, folle et horrible, qui fait même un peu religion et qui est la religion antisémite.

Rony Brauman

Rony Brauman, lui non plus, n’a jamais cru à cette parenthèse : l’idée que le nazisme aurait d’une certaine manière mis un terme aux passions antisémites, non ça ne m’a jamais effleuré.

Finkielkraut insiste car lui a vraiment le sentiment que nous avons vécu quand même dans cette parenthèse : nous n’avons pas grandi, été élevés dans une France où l’antisémitisme était là, virulent, convulsif, où il avait pignon sur rue !!!

Rony Brauman veut bien concéder quelque peu : certes mais ça ne veut pas dire qu’il n’existait plus : l’antisémitisme s’exprimait dans les années 50 à l’Assemblée Nationale ouvertement avec Poujade, Le Pen, contre Mendès France en particulier en 1956, ces expressions antisémites, publiques, au sein même de la représentation nationale ne sont plus pensables aujourd’hui donc il y a eu certes des mutations, des transformations, mais on ne peut pas dire que l’antisémitisme malheureusement – comme toute les formes de racisme- ait vu son cours se terminer avec la fin de la deuxième guerre mondiale donc je rejoins Bernard-Henri Levy sur ce point-là au moins.

Mais Rony Brauman pense que si Israël joue un rôle majeur dans le bouillonnement, la fermentation anti-juive d’aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que, à son sens, l’immense majorité des juifs en France ont une vie agréable, plaisante : il faut donc ramener cette question à des proportions qui sont les siennes, ça ne veut pas dire qu’il faut ignorer les méfaits, les saletés, les insanités qui existent mais il ne faut pas leur donner une portée générale, car alors on ne comprendra pas ce que nous faisons ici, dans une scène qui relève plus de Woody Allen que de l’Allemagne des années 30.

C’en est trop. BHL ne peut entendre qu’à Marseille nous vivions à la manière de Woody Allen quand il y a l’armée devant une synagogue, l’armée devant le lieu de réunion, devant les lieux juifs : les lieux de prière et de discussion sont dans la France d’aujourd’hui hautement militarisés et ça ce n’est pas Woody Allen !

Rony Brauman n’en démord pas : tout cela est en rapport avec un terrorisme qui certes a des prolongements en France mais qui vient d’ailleurs, qui ne représente pas une hostilité partagée à l’intérieur de la société française contre les juifs au point que des agressions physiques se produiraient. Ce sont des attentats qui sont prévenus par cette présence militaire.

Cette réflexion saugrenue fait exploser Bernard-Henri Levy  qui rappelle que des enfants se feraient agresser casser la gueule s’ils ne mettaient pas une casquette sur leur kippa.

Le match est lancé.

Rony Brauman veut bien admettre que certes ces enfants se feraient insulter : mais cela est dû à ce rapport entre être juif et soutenir la politique israélienne, c’est-à-dire soutenir une politique raciste, qui a installé un système d’apartheid qui ne dit pas son nom mais qui se pratique de cette façon-là dans les territoires occupés, cette volonté de disqualifier toute possibilité de discussion au nom de différents alibis, cette identification des institutions juives de France ( je ne dis pas des Juifs de France ) à la politique israélienne fait que aujourd’hui, lorsqu’on est juif, on est amené à se justifier de la politique israélienne, voire d’en répondre. L’ancien Président de Médecins sans Frontières reconnaît presqu’à regret que le droit de soutenir Israël est un droit imprescriptible, et qu’il ne s’agit évidemment pas de justifier des agressions physiques par des positions pro israéliennes dont il précise vite et fort que ces positions ne sont pas du tout les siennes.

LA LANGUE IMMACULÉE DE L’ANTIRACISME

livre

Il en arrive à faire sortir de ses gonds BHL : Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Si on suit votre raisonnement, l’hostilité aux juifs de France peut se déployer dans la langue immaculée de l’antiracisme : soutien à une politique raciste, donc raciste soi-même c’est quand même l’accusation la plus grave aujourd’hui, celle qui vous expulse de la communauté des hommes […] L’antisémitisme comme antiracisme […] c’est ça l’honneur retrouvé de l’antisémitisme, les pogroms demain, vous avez des manifestations contre la guerre à Gaza qui dégénèrent en attaques contre des magasins juifs, alors est-ce que demain on n’aura pas des pogroms antiracistes en France ?

Brauman persiste : Le paradoxe est saisissant dans la manière dont vous le présentez, je réaffirme d’une part que des opinions politiques aussi condamnables soient-elles (soutenir la politique israélienne est en effet condamnable) ne doivent pas donner lieu à des agressions mais à des discussions, à des confrontations politiques, et j’aimerais entendre de la part des institutions juives une mise à distance d’elles-mêmes et des juifs de France par rapport à cette politique inacceptable, odieuse, et agressive.

Evidemment BHL de répliquer qu’il ne manquerait plus que ça, que le droit à soutenir Israël ne soit pas imprescriptible, et affirme haut et fort qu’en revanche ce qui n’est pas un droit imprescriptible, ce qui est interdit par la loi internationale, par la Charte des Nations Unies, c’est le fait de révoquer en pensée, en manifestation, l’existence d’Israël.

Nous y sommes.

Et BHL de poursuivre : Le fait de réclamer, comme cela s’est fait à Sarcelles, il y a un an et demi, comme cela s’est fait dans toute une partie du monde, la disparition de cet état-là, ça on n’en a pas le droit, ça c’est contraire à la Charte des Nations-Unies […] Deuxième chose vous dites le CRIF, les organisations communautaires …

Elles représentent qui veut bien se sentir représenté par elles ces organisations, pas tous les Juifs de France, et elles sont inconditionnelles du contrat républicain français !

Evidemment, Rony Brauman, à l’image du Parti Anti Sioniste, s’écrie que le dîner du CRIF ne représente pas le contrat républicain. Ce tribunal où le gouvernement est obligé de se justifier de sa politique au proche orient, ce séminaire.

Opposition de BHL, qui prend le parti des Organisations communautaires dont il dit qu’elles représentent les juifs de France, avec même une certaine modestie dans la façon de dire qu’elles représentent qui veut bien, et que ces organisations sont surtout respectueuses du Contrat Républicain.

UN TRIBUNAL DÎNATOIRE

Décidément non, pour Brauman, le dîner du CRIF reste un séminaire sur le conflit israélo palestinien où comparaissent la quasi totalité du conseil des ministres, qu’il s’agit là d’un tribunal dinatoire.

BHL, qui va aux dîners du CRIF, demande où Brauman a vu le Président et tout son Gouvernement comparaître au dîner du CRIF, mais ça, Brauman n’en démord pas, il l’a vu.

BHL rétorque que le dîner du CRIF existe comme d’autres circonstances dans la vie de la société, la rupture de jeûne du Ramadan pour les musulmans par exemple, à laquelle assistent le Ministre de l’Intérieur et le Premier Ministre, qui se rendent, et c’est heureux, à la Grande Mosquée […] pour rompre le pain avec les musulmans.

Toujours de mauvaise foi, Rony Brauman prétend que là, c’est purement cultuel, alors que le dîner du CRIF, lui, est purement politique, ajoutant : ce dîner est un scandale républicain, c’est en rapport direct avec notre sujet.

BHL relance alors le débat de façon plus sérieuse, expliquant qu’il veut revenir à l’essentiel, cette histoire de racisme et d’apartheid que j’ai entendu et ne veux pas laisser passer : Israël état d’apartheid, Israël état raciste, je trouve idiot de dire cela , Israël est un état antiraciste, je ne connais pas une autre démocratie où la minorité, en l’occurrence arabe, est à ce point représentée au Parlement par un si grand nombre de députés , je ne connais pas un autre cas où 20% de la population peut dire haut et fort, sans être inquiété, lorsque le pays est en guerre, qu’elle se sent solidaire de l’ennemi du moment. Il y a des villes arabes en Israël – et c’est à l’honneur d’Israël- où l’on dit, au moment des deux guerres de Gaza, au moment de la guerre du Liban en 2006 que l’on prend parti pour l’adversaire, est-ce c’est ça un état d’apartheid ? Est-ce qu’il y a eu pour autant une suspension des droits et de la démocratie ? On a une discussion aujourd’hui en France sur la question de l’Etat d’Urgence, on est face à un état de guerre depuis quelques mois et on a les oreilles pleines de cette affaire d’Etat d’Urgence , Israël est un pays qui vit en état d’urgence depuis 68 ans, c’est un fait, 68 ans, pas 6 jours, pas 6 mois, et qui pour autant n’a jamais suspendu les libertés publiques qui fondent le contrat social démocratique : donc je ne vous permets pas de parler d’apartheid ou d’un état raciste ni même de dire que c’est au nom de l’antiracisme que l’on viendrait justifier le nouvel antisémitisme.

BHL poursuit et dit qu’il ne connaît pas de pays plus multiethnique qu’Israël, qu’il ne connais pas un autre pays où sont venus des polonais, des libyens, des russes, des européens, des américains, des éthiopiens, concluant : et de tout ça, en une nuit comme dans le Contrat Social de Rousseau on a fabriqué une démocratie qui a marché à peu près, s’il y a bien un modèle de multiethnicité qui ait réussi, et vous le savez, si vous étiez de bonne foi, c’est Israël.

Un zeste désarçonné, Rony Brauman prend Alain Finkielkraut à témoin et se plaint que lorsqu’on discute avec Bernard-Henri Levy, on a l’impression de discuter avec un dignitaire communiste au beau temps des Lettres Françaises dans les années cinquante, de discuter de l’Union Soviétique, c’est-à-dire un pays sublime un désert de rocailles qui a été transformé en verger, un modèle de démocratie, la pureté des armes, c’est de cela qu’il s’agit dans notre discussion, alors ça rend la chose un petit peu difficile, mais Bernard-Henri Levy ne m’a pas bien écouté : j’ai parlé de l’apartheid dans les territoires occupés, je n’en ai pas parlé à l’intérieur d’Israël intramuros mais peut-être que cette distraction est révélatrice de quelque chose : vous n’arrivez vous-même plus à faire la différence entre les territoires occupés et Israël disons dans la ligne de 67 !

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Là, Finkielkraut perd son calme et demande à Rony Brauman de quel apartheid il parle, Mahmoud Abbas étant le leader de l’Autorité Palestinienne et bénéficiant d’une très forte présence internationale, une expansion économique existant à Ramallah, concluant : et s’il est vrai aujourd’hui que les palestiniens ont plus de difficultés à venir travailler en Israël, c’est aussi lié à la deuxième intifada, si un mur a été élevé entre les Palestiniens et Israël, c’est pour mettre fin au terrorisme, donc cette réalité-là, cette réalité d’un pays en guerre vous ne pouvez pas la nier, et on aurait même intérêt à critiquer la politique actuelle israélienne dans les termes qu’elle mérite pour renforcer en Israël le camp de la paix, et si celui-ci est à ce point affaibli, c’est aussi parce que Israël est l’objet dans le monde arabo-musulman et de la part d’un certain nombre de Palestiniens d’une négation radicale, le Hamas voulant la mort d’Israël, se réjouissant à Gaza se réjouit lorsqu’un palestinien tire à la kalachnikov sur des israéliens, à Tel Aviv cette réalité existe or si vous plaquez sur une réalité comme celle-là le schéma de l’antiracisme, j’ai l’impression que vous caricaturez une situation qui mériterait d’être pensée selon ses propres termes.

Brauman rétorque qu’il ne lit pas le conflit israélo-palestinien à travers la grille d’interprétation de l’antiracisme, mais qu’il se borne à constater que lorsqu’on est Palestinien dans les territoires, on n’a aucun droit, et que lorsqu’on est Juif Israélien dans ces mêmes territoires on a tous les droits : Ça c’est une réalité objective, il suffit de se rendre sur place pour le constater […] Les check points, les arrestations arbitraires, les destructions de maisons, les saisies de territoires, tout cela c’est ce qui constitue la vie quotidienne d’un palestinien, rappelant comment l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili, à la veille du vote du Parlement Français sur la reconnaissance de l’Etat Palestinien, vote qui était considéré par un grand nombre de gens comme antisémite, eh bien Nissim Zvili qui n’est pas un gauchiste israélien vous a pris à parti, en vous rappelant de façon assez véhémente qu’ Israël occupait la Palestine et qu’ il serait bon que vous vous souveniez de ce que ça veut dire, à la fois pour un pays occupant et pour une population occupée d’être dans cette situation-là, Brauman rappelant que depuis Oslo, le nombre de colons a doublé, que jour après jour le territoire occupé par Israël en territoire Palestinien s’étend, et s’étonnant que l’on pût trouver cela totalement étranger à la situation à laquelle on assiste aujourd’hui.

Bernard-Henri Levy se réjouit d’un accord partiel concernant Israël intramuros, et refuse d’admettre que la minorité arabe serait privée de ses droits, qu’il y aurait une citoyenneté de seconde zone, les droits civiques, les droits citoyens étant reconnus à égalité.

Il explique à son contradicteur que la situation des villes palestiniennes vient d’un déséquilibre de développement et tient à la lutte des classes, à la misère, rappelant qu’il y a en Israël des quartiers peuplés en majorité de juifs et qui sont aussi mal lotis que les villes arabes évoquées, mais que s’agissant des droits civiques, il n’est pas vrai qu’il y ait deux citoyennetés en Israël : ah s’il y avait en France le dixième des députés arabes qu’ il y a en Israël […] expliquant surtout que si il s’exprima contre la reconnaissance par un vote de l’état palestinien six mois auparavant, ce fut parce qu’il pensait que c’était un coup porté contre la paix : toute initiative qui fait comme si il n’y avait qu’un responsable à la situation de blocage où se trouvent les israéliens et les palestiniens va contre la paix, et à l’époque, dans la façon que l’on avait de sommer les parlementaires français de reconnaître sans condition l’Etat Palestinien dans sa forme actuelle, l’impensé de ça, le non-dit, c’était qu’il n’y avait qu’un responsable, c’était Israël, et cela par conséquent est un acte qui allait contre la paix à laquelle je suis aussi attaché que vous.

DES IMPLANTATIONS PAS DES COLONIES

 Il célèbre encore les vertus de l’Etat d’Israël et de sa démocratie, expliquant que c’est une des rares fois dans l’histoire contemporaine, où un état, Israël, agressé, qui prend les territoires après une agression, ne les annexe pas, assénant que Gaza n’a pas été annexé, et que pour le reste il s’agit de territoires disputés, des territoires occupés, et non de territoires annexés par Israël, assurant qu’il s’agit davantage d’implantations que de colonies : colonie cela voudrait dire que les israéliens sont là pour rester, et avec un régime colonial, or pour l’essentiel il y a aujourd’hui, dans la conscience israélienne, que ces implantations, dans le cadre d’un traité de paix en bonne et due forme, il faudra les quitter.

Finkielkraut se demande si, pour sortir de la paralysie où l’on est aujourd’hui, il n’y aurait pas intérêt à réfléchir au partage des responsabilités entre les uns et les autres, il interroge s’il n’y a pas, parmi les palestiniens et dans le monde arabo musulman, une espèce d’indignation du fait même de la souveraineté juive en terre d’islam : cela existe et c’est ce qui motive la radicalité, l’intransigeance.

Bernard-Henri Levy rétorque qu’au début de la 3 ème intifada des couteaux, Mahmoud Abbas avait dit que les juifs montant sur l’esplanade des mosquées venaient la souiller de leurs pieds sales, et s’indigne que même chez un homme comme lui, un responsable qui s’est séparé de son passé, reviennent des propos de ce genre qui frappent d’une illégitimité ontologique toute espèce de présence juive dans cette région.

Pour Rony Brauman, certes ces propos sont ignobles, mais il rappelle que les palestiniens furent comparés à de la vermine, des hordes de barbares.

 Finkielkraut s’interroge sur ce 11 janvier et sa signification : est-elle morte la grande illusion antiraciste qui créait une solidarité de destin entre toutes les victimes de la ségrégation, de l’exclusion, de ce que vous avez appelé L’Idéologie Française, ce 11 janvier, moment d’unité extraordinaire réunissant 4 millions de personnes dans les rues et en même temps moment où s’attestaient la désunion, la déchirure française, les habitants des quartiers populaires n’ayant pas manifesté, ne pouvant dire Je suis Charlie, ce dernier ayant insulté le prophète, ne pouvant dire non plus Je suis Juif, slogan silencieux sous-jacent dans le Je suis Charlie, les Juifs, dans ces territoires perdus de la république, étant perçus comme des ennemis, selon l’expression de Georges Bensoussan : J’ai l’impression que la haine des juifs, comme être Supporter d’Arsenal ou écouter NTM, est devenue un critère d’appartenance à l’identité des banlieues : ne faut-il pas prendre acte de cette pulvérisation de l’antiracisme…

 Pour Bernard-Henri Levy, l’antiracisme n’a jamais été une évidence, une fraternité sans ombre : même à l’époque de SOS Racisme il y avait déjà dans les Territoires Perdus de la République cette alliance de l’antiracisme et de l’anti-antisémitisme, elle est toujours à construire, il clame que le 11 janvier les Juifs se sont sentis rétrospectivement seuls, quand ils ont repensé à l’assassinat d’Ilan Halimi, à la tuerie de Toulouse, et que par ailleurs peu nombreux ont été les musulmans à descendre dans la rue et à dire, comme en Angleterre, Pas en notre nom, précisant que certes il y en eut, et que donc cette grande Alliance était difficile mais qu’elle n’était pas morte, et qu’on ne devait pas se résoudre à sa dissolution.

Rony Brauman confie qu’il n’a pas manifesté : je ne parvenais pas à me mobiliser, une partie de moi était dans cette manif et une autre y résistait, ma famille a largement manifesté et ce fut l’occasion d’en discuter, je comprends très bien une tristesse, un accablement des juifs de France qui considèrent que l’attentat contre l’Hyper Casher est en quelque sorte masqué par l’autre, l’affaire de Toulouse également, et cela est lourd de sens et relativement inquiétant sur l’évolution des esprits, mais il veut s’interroger et demande pourquoi cette immense mobilisation au moment de l’affaire de Carpentras, et pourquoi aujourd’hui quelque chose de beaucoup plus réduit qu’en 94 ? Quelle transformation internationale s’est-elle produite ?

Finkielkraut cite Passion Française où Gilles Kepel analyse l’expansion du salafisme, la réislamisation des beurs, dont il écrit qu’ils rejettent aujourd’hui avec horreur ce vocable médiatique tenu au mieux pour méprisant à leur endroit , au pire pour un complot sioniste destiné à faire fondre comme beurre leur identité arabo islamique , la violence de la haine dont la France elle-même peut être l’objet, dans ces territoires l’injure sale français étant de plus en plus répandue, presque autant que sale juif, les attentats du 13 novembre l’ayant montré, les victimes l’ayant été en qualité de français, coupables de la politique française, des croisades supposées menées par la France, coupables de la laïcité à la française, rappelant qu’en même temps l’organe en ligne du khalifat a dit que, s’agissant de la laïcité en France, il s’agissait de rendre les enfants esclaves du juif corrupteur, une nouvelle solidarité de destin s’opérant soudain, telle un nouveau trait d’union entre la France et les Juifs de France, visés les uns et les autres par une même hostilité.

Bernard-Henri Levy, concernant cette solidarité de destin entre les juifs et la France, renvoie à L’Esprit du Judaïsme, où il déploie cette solidarité dans la longue durée de l’histoire, depuis Rachi inventant la langue française à Bodin fabriquant l’idée moderne de République à partir du modèle du royaume des hébreux, en passant par les rois de France que sacrait au nom de David et de Salomon, faisant sortir de ses gonds Brauman, qui y voit une espèce de Drumont à l’envers, c’est la France juive non pas peinte à la façon de Drumont pour la disqualifier, mais au contraire pour l’encenser sous ces auspices-là.

Mais le philosophe trouve utile de rappeler à tous les français d’aujourd’hui ce qu’en effet ils doivent au Judaïsme : parmi les bâtisseurs de la République Française, de la culture française, de sa langue, il y a rôle très éminent joué par les Juifs.

Finkielkraut demande prudemment s’il n’y a pas là un risque d’auto célébration, et rappelle qu’il y a des aspects dans le génie de la France qui n’ont rien de Juif : on se sent français par Montaigne, Marivaux, Bonnard, Racine, La Fontaine, note-t-il.

Bernard-Henri Levy ne lâche rien, expliquant qu’il tentait là de réveiller ce petit fantôme juif qui est présent dans les limbes de l’histoire de France et qu’il voudrait rendre un peu plus manifeste…

Finkielkraut en revient à cette actuelle communauté de destin : les Juifs visés en tant que Juifs, les Français en tant que Français, par un ennemi qui en a à la fois à la France et au Judaïsme, et y voit une spécificité de la situation actuelle, mais Rony Brauman rétorque que Daech et le terrorisme islamiste ont d’autres ennemis.

Notre Académicien n’en démord pas et dénonce ce climat nouveau, ce fait pout l’antisémitisme de devenir dans certains quartiers un peu comme l’air qu’on respire, et cite la Myriam du Soumission de Houellebecq, cette petite amie du narrateur, lassée de ce qu’elle vit en France et faisant son Alyah, comme disent les Juifs , et le narrateur lui disant : moi j’ai pas d’Israël, phrase inconcevable avant 2015.

Rony Brauman a de la chance, lui, car lorsqu’il va dans des quartiers dits difficiles, il y croise des regards de gratitude […] nous parlons de questions qui nous intéressent mutuellement, l’islam, les Juifs, la France, la République, le conflit israélo palestinien, toutes ces questions mises sur la table sans préjugés, on peut discuter.

 Le débat se clôt sur la Tentation de Ninive, commentaire talmudique du livre de Jonaz. Bernard-Henri Levy rappelle que la Tentation de Ninive c’est refuser l’identitarisme, le communautarisme, c’est considérer qu’être Juif n’a aucun sens si ce n’est pour aller vers l’autre, pour s’exposer au dehors, pour s’exposer aux nations. Les valeurs dont le judaïsme est porteur ( l’islam ou le catholicisme en ont d’autres, l’esprit des lumières a les siennes ) ces valeurs-là, pour moi, n’ont de sens que si elles sont mises au travail , à l’épreuve de l’altérité, l’esprit du judaïsme étant à son meilleur quand il est dans cette exposition au dehors, Ninive étant la ville où va le prophète Jonaz, chez l’ennemi, dans la cité du crime, la plus hostile à sa patrie.

Brauman répond que lui n’a pas cette aspiration prophétique, cette visée rédemptrice, messianique, qu’il reste dans l’humanitaire et n’a pas ce besoin prophétique dont certains humanitaires aiment se draper, il affirme respecter l’interprétation que Bernard-Henri Levy a des textes mais affirme qu’il il y en a bien d’autres : pour moi il ne faut pas se réclamer du talmud pour avoir de la compassion.

En voilà donc deux qui, un samedi matin, se donnèrent la Réplique et que rien, à aucun moment, ne put mettre d’accord. Mais qui sera étonné ? que disait Montaigne ?

Quand on me contrarie, on éveille mon attention et non pas ma colère. Je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. “

 Ce ne fut pas le cas ce matin.

Sarah Cattan

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22 Comments

  1. “…c’est-à-dire soutenir une politique raciste, qui a installé un système d’apartheid qui ne dit pas son nom mais qui se pratique de cette façon-là dans les territoires occupés”

    toujours les mêmes inepties chez Brauman : occupation, apartheid… comme si les arabes de Judée-samarie voulaient vivre avec des juifs…

    C’est vraiment le monde à l’envers ! Ce sont les arabes qui refusent de vivre en Israël et réclament soit d’être séparés dans un second État qui sera, de plus, Judenrein, soit un seul Etat “palestinien” où les juifs seront minoritaires et retrouverons à nouveau leur ancien statut de dhimmis en terra islamica.

    Car il ne faut pas oublier une chose monsieur Brauman : dans tous les cas, l’Etat palestinien sera arabe et régit par la charia islamique (cf. article 4 de la constitution de 2002 du futur Etat palestinien rédigé par l’autorité palestinienne)…

  2. Que vient faire Finkielkraut avec ces deux clowns?
    Dans cet océan d’ignominie, j’aperçois deux perles:
    — la gauche et la droite, expression bien moderne, également antisémites “à l’époque de l’Affaire Dreyfus”
    — “l’infiltration des SS par les gens du Parti communiste”

    Vous pourrez lire une citation de Jankélevitch sur le site du CRIF Pensez à l’époque heureuse où les philosophes offraient à leurs frères humains une stimulation intellectuelle, non la bassesse morale et l’ignominie politique de nos modernes putains des media.

    Si les Français juifs sont, et ont toujours été, les victimes de tous les autres français qui les ont retranchés de la communauté nationale, les efforts et les sacrifices de tous les juifs qui ont servi la République, tout ce travail énorme est devenu inutile.
    BHL sert bien le Front National. TRIBUNE JUIVE devrait y réfléchir.

    • Vous pouvez écouter l’Entretien diffusé sur France Culture le 1er mars 2016
      Il n’a pas de traits physiques reconnaissables, et c’est bien là le cœur de l’antisémitisme : la peur de l’autre, mais L’ imperceptiblement autre. Réponse avec Jankélévitch, expliqué par Joëlle Hansel, philosophe, membre fondateur du Centre Raïssa et Emmanuel Levinas.

    • Vos deux “perles” n’en sont pas. Que des communistes aient infiltré des groupes nazis en Allemagne, et inversement, dans les années trente n’a rien d’étonnant. Quant à “l’Affaire”, même un Jaurès était convaincu au départ de la culpabilité de Dreyfus. Oui il y a eu beaucoup de socialistes et d’hommes de gauche antisémites au 19è siècle et au 20è siècle.

  3. À propos de l’attentat antisémite à Marseille, le lundi 11 janvier 2016, au cours duquel un enseignant juif portant une kippa s’est fait agresser à la machette par un adolescent de 16 ans, Rony Brauman (sur Europe 1, le samedi 16 janvier) assimile le port de la kippa à une ” affiliation politique ” et à un ” signe d’allégeance à l’égard de la politique de l’État d’Israël “. Le Canard enchaîné a estimé qu’en cette occasion il avait franchi le ” mur du çon “. Il s’expliquera le 18 janvier sur Mediapart de sa formulation trop rapide.
    Ah bon? On peut tout dire et puis s’expliquer alors?

    • Je regrette vraiment que FInkie et BHL n’ont pas attaqué Rony le fourbe sur cet événement qui met en lumière son incroyable haine pour Israël.

  4. Faute de frappe: lire S A . Les berlinois avaient surnommé les S.A. (abréviation de l’allemand (Sturm Abteilung = Sections d’Assaut) “sections bifteck”. Berlin était une ville ou les communistes étaient bien
    implantés. Beaucoup de ces communistes se sont engagés dans les S.A. après
    1933, d’ou leur appellation de sections bifteck, rouge à l’intérieur, brun
    à l’extérieur.

  5. J’ai ressenti la journaliste Sarah Cattan comme remarquablement objective, ne cherchant jamais à dénigrer ou à esquiver les propos de chacun des trois interlocuteurs.

  6. Au nom de quoi dénigrerais -je un avis. Bien sûr que le lecteur attentif saura que je n’aime pas Rony Brauman, et que pour moi BHL en rien ne peut participer à la montée du FN.
    Quoique…. A force. Il peut exaspérer les esprits antisémites.
    Mais comme on m’a dit que le FN n’était pas antisémite etc etc…

  7. Ce fut donc la rubrique égo-foot ? Etait-ce à qui postillonnerait le plus fort dans le micro ?
    « Finkie attaque »… « BHL attaque »… « Le match est lancé »…

    Et finalement c’est Brauman qui gagne cette disputation de bavards, ayant réussi à dévier le débat de son sujet formel, à savoir l’antisémitisme en France, vers la problématique israélo-palestinienne.

    De fait, moyennant la maladresse de ses deux « adversaires » qui, imprévoyants, lui laissent tout loisir à prendre la tangente, il « explique » les éruptions antijuives en France par la politique israélienne, rend donc Israël coupable du problème et réfute, du coup, sa nature antisémite.

    Signalons le manque d’imagination des « contradicteurs » de Brauman. A adopter la métaphore footballistique chère à l’auteure, on pourrait dire qu’ils mènent un match purement défensif ; aucun n’étant buteur de nature, ils ne risquent pas de gagner.

    Or, il existe des arguments imparables pour contrer Brauman ; mais hélas ni Finkie ni le hâbleur à la crinière dit BHL n’ont l’esprit à « projeter le ballon sur le terrain de l’adversaire », pour rester dans le foot.
    Au lieu d’élargir le débat ils se laissent complaisamment coincer dans le corner qui arrange Brauman.

    Il aurait pourtant suffi de rappeler à quoi ressemble le Proche Orient arabo-musulman actuel ; et d’ailleurs la quasi-totalité des pays faisant partie de la Ligue Arabe.
    De faire remarquer, les détaillant par le menu, le chaos islamisant, les atteintes aux droits de l’Homme, les crimes de guerre et contre l’humanité qui y sont monnaie courante.
    sans oublier le sort que ces belligérants réservent certes à leurs congénères civils, mais surtout lorsque ces derniers ont le malheur d’être chrétiens, yézidis, kurdes et j’en passe.

    De rappeler que sur ce fonds et par comparaison Israël, dont les territoires « disputés », quels qu’en soient les problèmes, a l’air d’un havre de paix.

    Et que l’on n’a jamais vu une manifestation, à Paris ou ailleurs, en protestation contre ce que les arabes font aux arabes ; les musulmans aux musulmans ; et ces derniers aux autres.
    Sans oublier évidemment les chinois aux tibétains, les hutus aux tutsis et le reste de l’interminable litanie planétaire.

    Que la religion du « no jews no news » dont Brauman est prophète est prépondérante en France et ailleurs ; et que lui et ses semblables ne s’intéressent aux problèmes que s’ils peuvent en attribuer la responsabilité, à tort ou à raison, aux juifs.

    Et qu’il en porte une lourde responsabilité personnelle, mettant sciemment, pour de raisons qui relèvent plutôt de la psychiatrie, sa condition de juif « célèbre » au service d’un deux poids deux mesures, d’un aveuglement collectif préjudiciable aux siens.

    Reste, encore et toujours, la déception devant les piètres performances des deux débatteurs face à Brauman.

    • Exact et j’ajouterai aussi qu’ils auraient pu faire remarquer à Brauman si au milieu de ce chaos moyen-oriental il n’y avait rien d’autre de plus urgent que de créer un énième Etat arabe dont “Les principes de la Charia islamique sont la principale source du droit” ?

      Est-ce pour ça que se bat Brauman, pour un État arabe islamique au cœur d’Israël ?

  8. Effectivement, André, l’argument est valable.

    Il découle à la base d’un constat global : si le Proche-Orient arabo-musulman est dans un tel état, c’est qu’il n’y existe aucun… Etat.

    Ses frontières, revenons aux vérités premières, sont la conséquence du dépeçage de l’empire Ottoman par les puissances (coloniales…) victorieuses (G.B. et France) suite à la première guerre mondiale (accords Sykes-Picot, de San Remo, j’abrège), ayant plaqué sur cette région l’idée d’Etat-Nation chère aux européens mais étrangère aux autochtones.

    Ces structures artificielles ont tenu 90 ans grâce à la poigne de divers tyrans locaux ; mis en place par lesdites puissances ou leurs successeurs.
    Ces derniers effondrés, d’où le mal nommé « printemps arabe », les prétendus « Etats » sont en voie de disparition.

    Et ne voilà-t-il pas que Brauman et ses semblables cherchent à établir un « Etat palestinien » voué d’office, même causes même punition, et sous brève échéance, au sort des autres issus du dépeçage de l’empire Ottoman.

    Israël n’a rien à voir avec ça : il existe autant de raisons à l’existence d’un Etat palestinien qu’à celle d’un Etat syrien ou iraquien ; et à celle d’un peuple palestinien qu’à celle d’un peuple syrien ou iraquien : aucune.

    Brauman et ses semblables sont, en vérités, de néo-colonialistes : ils en sont à l’état d’esprit d’il y a un siècle qui guidait les pas des puissances coloniales citées et qui est à l’origine de la catastrophe arabo-musulmane présente ; état d’esprit imprégné de paternalisme et de condescendance, lourdement chargé des bonnes intentions dont est pavé le chemin de l’enfer.

    On osait espérer que les interlocuteurs de Brauman dans ce débat radiophonique aient l’érudition et l’esprit utiles pour lui dire ses quatre vérités.
    Hélas tel ne fut pas le cas ; mais en sommes-nous vraiment surpris ?

    • D’ailleurs on remarque que le Quai d’Orsay et la classe politico-médiatique française en générale gardent soigneusement le silence sur la responsabilité de la France via les accords Sykes-Picot dans ce marasme d’États nations fantoches (comme en Afrique) préférant faire porter toute la responsabilité sur les USA et Israël. Les arabes eux ne s’y sont pas trompé et n’ont pas oublié l’histoire puisque l’une des premières proclamations du “Califat” a été de déclarer que ces accords étaient caducs…

  9. Comme vous j’ai trouvé que Brauman ne se vit pas opposer les arguments attendus et mérités . Qu’il a dit des énormités en toute impunité. L’un étant cantonné à son rôle de présentateur du débat, le deuxième occupé à promouvoir L’Esprit du Judaisme .
    Non qu’ils n’aient ni l’érudition ni l’esprit nécessaires. Mais la liberté d’expression consiste à laisser s’exprimer aussi les Rony Brauman . Et les Edwy Plenel.
    Dont les paroles nous semblent insupportables, Juifs qu’ils sont.
    Et l’on pourrait plagier Finkielkraut et dire à ces deux-là qu’avec des Êtres comme eux, les Juifs n’ont pas besoin d’antisémites.

  10. Les commentaires avec lesquels je suis le plus en phase sont ceux d’André, cité ci-dessus à plusieurs reprises. Avec sa permission, je ferai donc miens ses divers commentaires, merci André.
    J’ajoute, pour ma part, que depuis le déclenchement de la deuxième intifada contre Israël en septembre 2000, et plus encore depuis le 11 septembre 2001, date de la déclaration de guerre des Islamistes contre l’Occident en générale et contre les Juifs en particulier, les menaces visant Israël ne doivent pas être prises à la légère. D’autant que les médias prennent un malin plaisir à jeter de l’huile sur le feu à chaque fois qu’ils le peuvent, ce feu qui avait résulté naguère du refus catégorique, par la Ligue Arabe ainsi que par le Grand Mufti de Jérusalem, du plan de partage de la Palestine mandataire voté pourtant par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 29 novembre 1947.
    Dès le début de la deuxième Intifada, en effet, les médias en France, avec la participation récurrente de Rony Brauman,- tantôt Président et tantôt ex-Président de Médecins sans Frontières-, s’en sont donné à cœur joie pour discréditer Israël, le dénigrer et le traîner dans la boue.
    Ainsi, pendant plusieurs semaines, encouragés par les mouvements farouchement antisionistes qui prévalaient au sein de “la gauche plurielle” à ce moment-là, les médias avaient le champs entièrement libre pour déverser leur fiel contre Israël. Au point que l’on a entendu un jour, sur la fréquence radiophonique juive 94.8, Claude Goasguen, député de Paris, s’étonner de l’absence totale de réaction officielle des instances juives,- dont le CRIF -, pour défendre Israël.
    De fait, pendant cette période creuse, la seule façon pour un sympathisant d’Israël de protester contre le parti-pris des médias consistait à écrire aux directeurs concernés, ou à leurs correspondants, pour désigner telle erreur, telle incohérence ou telle absurdité dans les propos exprimés.
    Parmi ces sympathisants, émergea heureusement Alain Finkielkraut, le seul intellectuel qui osa contrer frontalement les pourfendeurs d’Israël! Il le fit tant et si bien,- grâce à certaines de ses émissions dans “Répliques” sur France Culture-, que ses compagnons de gauche finirent par s’irriter et lui chercher des noises, suivis de calomnies, le tout aboutissant à un véritable rififi.
    Parmi ces diffamateurs et ces calomniateurs, figuraient et figurent encore, bien sûr, Rony Brauman, ce Juif complexé qui bénéficierait au plus haut point d’une psychanalyse classique dirigée par un médecin distingué qui serait au-dessus de la mêlée gauche-droite et de la mêlée juif-arabe.
    Entre autre, il aura à s’expliquer pourquoi, à son avis, son père Jean, dont j’ai eu l’honneur de faire la connaissance, jeune, en Israël, avait-il pris l’initiative de rejoindre là-bas les forces combattantes. Et pourquoi, à son avis, il a rejoint plus tard la France.
    Né en Israël, devenu donc automatiquement israélien d’après les lois du pays en vigueur,- que cela lui plaise ou non -, il aura à s’interroger sur les raisons qui le poussent à adopter une attitude exagérément critique à l’égard de son pays natal.
    Signé : S.K., médecin de Santé Publique honoraire.

    • C’est moi qui vous remercie. Concernant les raisons de l’attitude de Brauman et d’autres sur un plan psychologique, car je vous rejoint il y aussi une grande part de psychologie trop souvent délaissée au bénéfice du tout historico-sociologique, il y a entre autre ce que j’appellerais céder à la pression.

      Et la pression exercée sur les juifs par le monde chrétien européen est forte depuis deux mille ans (c’est lui la “modernité” qui donne le là intellectuellement depuis des siècles), juifs qui doivent d’une manière ou d’une autre disparaitre : par l’assimilation en se faisant tout petit jusqu’à l’abandon du nom juif, par la conversion au christianisme (beaucoup l’on fait) ou part l’ “universalisme” en devenant de préférence “internationaliste” de gauche et athées cela va de soi. Sans oublier la manière nazie…

      Ah! L’universalisme… fameuse trouvaille ! véritable mantra dont on nous rebats les oreilles et qu’agite le monde chrétien et la “modernité” pour faire taire tout le monde et nous rendre honteux et coupables de “tribalisme”. On remarquera que les catholiques n’ont pas besoin de devenir universalistes puisque c’est le nom même qu’ils se sont donné. Ça tombe bien.

      Brauman appartenant, lui, plus précisément au camps des “internationalistes” de gauche, avatar de l’universalisme helleno-chrétien européen. Ne voit-on pas aujourd’hui un communiste comme Badiou nous faire l’éloge de Paul de Tarse ? A l’attention des juifs évidement pour qu’ils acceptent qu’ “il n’y a plus ni juifs ni grecs”. Enfin, plus de juifs et de judaïsme surtout car pour ce qui est des grecs, nous devons toujours croire et nous prosterner devant “le miracle grec” et la pensée grecque. La Seule, la Vraie, l’Unique…

      Bref, à l’Ouest rien de nouveau.

  11. Finkielkraut a raison, j’ai vécu l’après-guerre et je peux en témoigner : l’antisémitisme était devenu impossible, il était ressenti comme de la complicité après coup de crimes contre l’humanité. Imaginez-vous la chape de culpabilité qui s’est abattue sur la France – et plus encore sur l’Allemagne (où l’on n’informait même pas la jeune génération !) en découvrant à quelle monstruosité avait abouti le simple fait de répéter des slogans sur le complot mondial judéo-maçonnique, ou judéo-bolchévique… ? Pour les jeunes de ma génération, l’antisémitisme était définitivement mort. J’ai été très surprise de le voir reparaître – discrètement – dans l’extrême-droite, puis plus ouvertement dans l’extrême-gauche et l’immigration algérienne sous la forme de “cause palestinienne”. Aujourd’hui il s’est banalisé et on peut situer parmi les pires ennemis des juifs ces anti-racistes qui l’accolent à l’islamophobie, les rangeant tous deux dans la rubrique “xénophobie” !!!

  12. Finkielkraut parle à partir de lui-même, mais à partir de quoi parle Rony Braumann ? Il ne fait que répéter des slogans. Médecins sans Frontières a toujours été une ONG assez mystérieuse, financée par on ne sait trop qui, et qui aujourd’hui finance l’immigration illégale (ça on le sait). Et qui semble avoir des liens avec l’infect Soros. Finkielkraut ne devrait inviter que des gens qui savent ce que veut dire : penser par soi-même. Mais trouvera-t-on un seul “antisioniste mais pas antisémite” qui sache s’exprimer autrement que par slogans ?

  13. Apparemment, “être juif dans le monde d’aujourd’hui” exige deux condition: ne pas traiter de la situation des pays arabes et s’asseoir docilement sur un siège d’accusé de complicité avec Israël. La mise en accusation d’Israël semblant être la seule raison de la présence de juifs pour ces festins intellectuels.

    Comme l’indique discrètement Kalman Schnur, nos terribles publicistes sont principalement occupés d’eux-mêmes. Ces faux débats n’apportent rien. Je ne suis ni juif, ni imprégné de Montaigne et cette accumulation de bavardages m’exaspère.
    L’ignorance historique et politique de nos deux duellistes immobiles est aussi monumentale qu’inacceptable. La haine antisémite historique ne serait que le fait de quelques individus.

    La vieille haine anticommuniste de la gauche molle permet quelques ignominies, semblant oublier l’importance des juifs dans les mouvements révolutionnaires et ouvriers. Le “judéo-communisme” a retrouvé sa place d’honneur dans les nouveaux fascismes. Mais nos sympathiques partenaires de l’UE ne sont pas accusés. Israël est le seul accusé.

  14. mais pourquoi donc Israel ne finit pas, apres 48 ans d’occupation militaire de la cisjordanie,de se decider a annexer purement et simplement ces territoires soumis par la force des baillonettes et a la loi de l’occupant israelien ?
    parce que l’annexion impliquerait la reconnaissance immediate des habitants autochtones de judee – samarie comme citoyens israeliens (fin du troisieme regne juif …)
    c’est l’histoire du boa constrictor qui a avale une biche dans la savane – arrivee dans la gorge du boa , la proie ne peut plus avancer dans l’appareil digestif du boa. il ne peut plus non plus vomir sa proie, trop avancee dans sa gorge. lentement le boa s’etrangle…
    israel peut encore – mais par pour longtemps, negotier un vomissement liberateur de judee samarie. la perspective de guerres sans fin est effrayante. de moins en moins de jeunes se porteront volontaires pour faire le coup de feu et risquer une mort glorieuse, d’autant plus que B H L et Finkie et leurs fila et filles ne seront pas ici avec nous pour nous preter main forte et soutenir leurs freres juifs a 100%. quant a moi , j’ai fait mon service actif dans l’artillerie, ma femme a servi dans la defense regionale au negev, mon fila a ete mobilise pour la guerre inutile au liban en 1982 , il a vu ses amis de classe tomber sous les balles des hizbollah a beyrouth sous le regne despotique de sharon. il en a ramene des traumatismes qui le travaillent jusqu’aujourd’hui. mes 3 filles ont servi dans les differentes unites de tzahal, trois de mes petits fils ont aussi fait leur service militaire complet . mon frere, dont je vois la photo en uniforme devant moi, est tombe en service commande dans les telecommunications. alors ? alors je comprends tres tres bien la conduite juive d’un certain elie wiesel – il passe des jours rentables a princeton a expliquer la shoa aux americains (c’est pas gratuit..hein!) avec sa progeniture tranquille. ils ont probablement horreur de l’odeur de la poudre…

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