“Femmes, je vous aime”: Mardi 8 mars La Journée Internationale de la Femme. Par Sarah Cattan

Eh bien puisque cette journée existe encore, nous voulons saluer indistinctement toutes les femmes, et célébrer celles, célèbres ou inconnues, pour qui nous éprouvons reconnaissance, affection, admiration, tous ces sentiments se trouvant parfois réunis lorsqu’il s’agit d’une Simone Veil.

Elizabeth Badinter, Simone de Beauvoir, Feriel Ben Mahmoud, Marie Curie, Caroline Fourest, Olympe de Gouges, Gisèle Halimi, Isabelle de Kersimon, Tsipi Livni, Rosa Luxemburg, Golda Meir, Céline Pina, Aung San Suu Kyi, Simone Veil, Ada Yonat, et tant d’autres encore : Femmes, comme Julien Clerc, Je vous aime, j’ai une infinie espérance en Vous, je compte sur Vous.

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C’était il y a 33 ans presque jour pour jour, le 11 mars 1983 : Françoise Giroud disait dans une interview au journal Le Monde que la femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente, ajoutant plus loin que même en allant à l’Opéra, une femme avait toujours quelque chose à déposer chez le teinturier « en passant ».

 

Aujourd’hui encore, au XXIème siècle donc, d’autres ont pris le relais. Dans Ladies & gentlemen, Marie Donzel continue à cerner, décrypter et analyser les stéréotypes de genre à l’œuvre dans nos perceptions et sur tous les terrains de l’actualité, interrogeant dans cet espace de débat ouvert à la contradiction la question de l’égalité tout court, dans toutes ses dimensions et toutes ses ambiguïtés. A la tête d’une agence de communication indépendante, elle accompagne notamment les démarches de responsabilité sociétale des entreprises sur les thèmes de la parité et de la diversité, de la parentalité et de la conciliation vie privée/vie professionnelle, du leadership féminin et des actions d’économie citoyenne.

Viviane Reding, Vice-présidente de la Commission Européenne et Commissaire chargée de la Justice, se bat quant à elle inlassablement pour que des quotas de femmes dans les conseils d’administration voient le jour à l’échelle européenne à brève échéance, cette persévérante luxembourgeoise ayant fait adopter par la Commission une proposition de directive fixant un quota de 40% de femmes à l’horizon 2020 pour les entreprises cotées, et dès 2018 pour les entreprises publiques, précisant :  Je n’aime pas les quotas, mais j’aime ce qu’ils font.

Il faut donc encore, en 2016, prendre le parti de la contrainte pour avancer enfin et obtenir des résultats, imposer la présence de femmes dans les instances de décision des entreprises et atteindre la parité en politique, fixant la règle et sanctionnant sa transgression, quitte à entendre pester sur la discrimination positive, perçue comme du sexisme à l’envers.

Vous reconnaitrez avec nous qu’ils sont toujours présents, ces clichés concernant toute femme d’influence, qu’elle réussisse ou déçoive. Trop souvent elle est entachée de suspicion, cette femme dans l’exercice du pouvoir, qu’il s’agisse de l’Entreprise ou de la sphère politique, elle dont les moindres faits et gestes sont accompagnés des sempiternels Franchement, des femmes, si c’est pour en avoir des comme ça, autant s’en passer […] elles sont pires que les mecs, leurs mérites et qualités passant encore après leur identité de genre quand il s’agit de leur confier des responsabilités, faisant que, aujourd’hui encore, les femmes doivent trop souvent prouver qu’elles valent le coup, qu’on ne regrettera pas de leur avoir fait confiance et qu’elles sont mieux que compétentes.

ELLE A DES COMPTES À RÉGLER AVEC LES MECS

Qui niera que les femmes, lorsqu’elles osent faire carrière pour accéder aux plus hauts postes, sont contraintes de se transformer en superwomen, brutes de travail multitâches et inépuisables, soucieuses de ne jamais trébucher, ne s’autorisant jamais le moindre moment de faiblesse et se le pardonnant peu quand néanmoins il survient, tout cela n’empêchant pas qu’elles seront inévitablement taxées de dures, d’excessivement autoritaires, qui ici pour nier les procès en incompétence, les questionnements sur leur supposé déséquilibre et les supputations sur leur vie privée qui invariablement accompagneront leur ascension, le tout sous forme de clichés recensés par Marie Donzel: C’est un bulldozer, Elle se la pète, non? […] Elle pense qu’au boulot, elle a pas de vie J’voudrais pas être son mari ou ses gosses, Elle est lesbienne, non? Ou alors, refoulée! […] Mal baisée assurément […] Abordant des questions de gonzesse, sommées d’être exemplairement sympas avec les autres femmes Parce qu’attention, en général, elles sont terriiiibles, les femmes entre elles et surtout pas trop castratrices avec les hommes : Cherche pas, pour arriver là, elle a du en baver, elle a des comptes à régler avec les mecs […] Et d’ailleurs, Qui va garder les enfants ?

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Alors Marie Donzel de conclure : Au fond la question que l’on pose sans la poser, c’est : sont-elles encore des femmes? Car si elles l’étaient vraiment, ne devraient-elles pas apporter autre chose que les hommes aux sphères du pouvoir? Mais quelle est cette autre chose dont leur revient la charge? De la douceur? De l’esprit de conciliation? De la sensibilité? De l’humilité? Du care? Bref, de la fé-mi-ni-té! Avec les ongles faits, s’il vous plait.

Eh bien oui. A ceux qui se demandent si, trente ans après, Françoise Giroud aurait donc toujours raison, il faut répondre que oui : car les femmes ne sont là ni pour incarner partout où elles vont et dans tout ce qu’elles font la féminité telle que la perception stéréotypée de leur genre le suppose, ni pour exercer le pouvoir autrement et  combattre seules les discriminations et le sexisme, combat qui est aussi l’affaire des hommes et plus précisément l’affaire de tous, la femme n’ayant pas à être meilleure que les hommes pour accéder aux mêmes responsabilités qu’eux, n’étant pas obligée d’être parfaite en toute heure et en tout lieu pour se faire pardonner d’avoir de l’ambition, l’échec d’une femme à un poste important n’étant pas plus signifiant que le serait celui d’un homme, le risque devant être le même concernant le supposé potentiel d’un homme ou d’une femme au moment de sa nomination, et l’échec d’une femme dans une situation donnée ne devant ni mettre en cause sa capacité à réussir dans d’autres situations, ni la capacité des autres femmes à réussir.

L’égalité d’accès des femmes et des hommes aux responsabilités et aux instances de décision est une question de principe. La conditionner à des exigences de compétence supposées supérieures pour un genre serait fondamentalement injuste, stupide, arriéré et non-productif, revenant à décourager des acteurs de talent et à tous nous priver d’énergies dont le monde a un besoin crucial.

Est-il nécessaire enfin de préciser que c’est de France que nous nous exprimons, conscientes du privilège offert ici à tous par le droit à la Liberté d’expression, s’agissant d’un combat concernant toutes les Femmes discriminées, niées, violentées dans le monde, ces discriminations étant encore, dans de trop nombreux Etats, inscrites tant dans le droit pénal que dans le droit civil.

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Rappelons que les droits des femmes n’ont réellement commencé à évoluer en France qu’il y a quelques décennies.

Voici ci-dessous, quelques dates importantes.

1791 : Olympe de Gouges rédige la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »

1792 : La loi permet le divorce par consentement mutuel

1804 : Le code civil prévoit que : « le mari doit protection à la femme, la femme doit obéissance à son mari »

1850 : Création obligatoire d’écoles de filles dans les communes de 800 habitants (loi Falloux)

1876 : Hubertine Auclert fonde la société Le droit des femmes qui soutient le droit de vote pour les femmes

1903 : Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique

1920 : La loi assimile la contraception à l’avortement (lui même considéré comme un crime)

1924 : Uniformisation des programmes scolaires masculins et féminins et création d’un baccalauréat unique

1938 : Suppression de l’incapacité juridique de la femme mariée

1944 : Droit de vote et d’éligibilité pour les femmes.

1946 : Suppression de la notion de « salaire féminin »

1956 : Fondation de « la maternité heureuse » qui devient en 1960 le Mouvement Français pour le Planning Familial

1965 : Les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.

1967 : La Loi Neuwirth autorise la contraception

1970 : L’Autorité Parentale remplace la Puissance Paternelle

1972 : Reconnaissance du principe « A travail égal, salaire égal »

1972 : L’école polytechnique devient mixte : 8 femmes sont reçues

1974 : Françoise Giroud première Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine

1975 : Loi Veil pour l’Interruption Volontaire de Grossesse – IVG

1975 : Réintroduction dans la loi du Divorce par Consentement Mutuel

1976 : La mixité devient obligatoire pour tous les établissements scolaires publics

1980 : Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l’Académie Française

1981 : Yvette Roudy est Ministre Déléguée des Droits de la Femme

1982 : L’IVG est remboursée par la Sécurité Sociale

1983 : La Loi Roudy pose le principe de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes

1984 : Le congé parental est ouvert à chacun des parents

1991 : Édith Cresson première femme Premier Ministre

1993 : La loi du 8 janvier affirme le principe de l’exercice conjoint de l’autorité parentale à l’égard de tous les enfants, quelle que soit la situation des parents (mariés, concubins, divorcés, séparés)

1993 : Loi Neiertz : grâce à Véronique Neiertz, condamnation de l’entrave à l’IVG

1999 : Création du PACS (Pacte Civil de Solidarité)

2000 : Mise en œuvre d’une politique globale d’égalité des chances dans le système éducatif

2000 : Prise en charge financière de l’IVG des mineures sans consentement parental

2000 : Promulgation de la première loi sur la Parité Politique

2001 : Augmentation du délai légal de recours à l’IVG porté de 10 à 12 semaines de grossesse

2002 : Création du Congé de Paternité

2002 : Reconnaissance de l’autorité parentale conjointe + garde alternée + coparentalité

2002 : L’enfant peut porter le nom de ses deux parents

2003 : Loi instaurant la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE)

2004 : La loi du 26 mai relative au divorce introduit la procédure d’éviction du conjoint violent.

2005 : La loi du 12 décembre relative au traitement de la récidive des infractions pénales donne la possibilité au juge pénal d’ordonner à l’auteur de violences de résider hors du domicile ou de la résidence du couple.

2006 : Loi du 4 avril renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs ajoute le partenaire « pacsé » et les « ex » au titre des circonstances aggravantes.

2006 : Introduction de la notion de Respect dans les obligations du mariage

2006 : Alignement de l’âge légal du mariage pour les garçons et les filles à 18 ans

2006: Loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

2008 : Inscription dans la Constitution de « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ».

2010 : Vote de la loi relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants : création de l’ordonnance de protection des victimes et du délit de harcèlement moral au sein du couple

2012 : Vote de la Loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel

2014 : Vote de la Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, dans les sphères privées, professionnelles et publique.

(Source CNIDFF – Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles)

Un peu de littérature :

Montaigne : Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous
les avons faites sans elles.

Talleyrand : Là où tant d’hommes ont échoué, une femme peut réussir.

Stendhal : L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain.

Léon Tolstoï : Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde.

Friedrich Nietzsche : Le bonheur est une femme.

Louis Aragon : L’avenir de l’homme est la femme. Elle est la couleur de son âme. Elle est sa rumeur et son bruit. Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème.

Simone de Beauvoir : La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux.

René Barjavel : Si j’étais Dieu, je recommencerais tout, sauf… la femme.

Et un poème de Victor Hugo:

Aux femmes

Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes.

………………………..

Les femmes ici-bas et là-haut les aïeux, 
Voilà ce qui nous reste ……

Et c’est à votre front qu’on voit monter le rouge,

C’est vous qui vous levez et qui vous indignez, 
Femmes ; le sein gonflé, les yeux de pleurs baignés, 
Vous huez le tyran, vous consolez les tombes, 
Et le vautour frémit sous le bec des colombes !

Jersey, le 30 mai 1853.

Les châtiments

Sarah Cattan pour Tribune juive

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1 Comment

  1. La culture aidant, le mode de vie en Occident a naturellement permis, par étapes successives, “La libération de la femme”. Ce cheminement évoluera sans doute de proche en proche, à travers les pays qui adopteront un mode de vie semblable.
    Pour ce qui concerne les sociétés humaines soumises à la loi coranique, l’avenir se prononcera.

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