BHL, décidemment je l'adore… par Kalman Schnur.

A force d’avoir tout lu et rien compris la prose de BHL frise parfois l’invraisemblable.
Son texte du 18 novembre, sur ces mêmes colonnes, intitulé « Massacres à Paris : Et maintenant ? » nous gratifie de plusieurs perles dont celle-ci ; on n’en croit pas ses yeux : 
« Car ce ‘’pas en notre nom’’ que nous attendons de nos concitoyens musulmans, c’était celui des Israéliens se dissociant, il y a quinze ans, de la politique de leur gouvernement en Cisjordanie…. ».
Audiard (celui des tontons flingueurs) disait que certains osent tout…

Bernard-Henri Lévy - Photo Alexis Duclos
Bernard-Henri Lévy – Photo Alexis Duclos

BHL, lui, ose tirer un parallèle entre, d’un côté les assassins islamistes de Paris, de Madrid, de Londres, de New York, de Mumbai, du Kenya, du Nigéria, de Bamako, du Sinaï et de partout, et de l’autre la politique menée par le gouvernement israélien en ce qu’il appelle « La Cisjordanie ».
Rien d’étonnant connaissant ses immuables certitudes ; pour BHL il y a de gentils et de méchants et il n’est pas homme à s’embarrasser de doutes. Le tout assorti de cette logorrhée, une avalanche de mots dont il a le secret, pour au mieux ne rien dire, sinon donner de leçons ici, prononcer des condamnations là. Mots qui, en cette France latine qui s’en délecte, qui s’en gargarise, remplacent souvent l’action.
Et comme à l’accoutumée il va-t’en guerre, plume au clair et crinière au vent ; sachant que ce n’est pas lui qui la ferait… Mercenaire du prétexte moral, prêcher la bonne parole aux populations auxquelles il ne connait pas grand-chose dans de domaines qui lui sont étrangers ne semble jamais le gêner.
N’ayant tiré aucun enseignement de son catastrophique soutien en 2011 à la désastreuse attaque (aérienne, nous disait-on…) française contre la Libye, à l’origine du chaos islamique qui y règne et de la transformation de ce pays, au pouvoir politique pulvérisé sous un tapis de bombes, en déversoir de toute la misère d’Afrique sur les rivages d’Europe.
Il récidive sur la place Maïdan de Kiev en mars 2014 ; haranguant la foule ukrainienne pour qu’elle combatte la Russie de Poutine, excusez du peu… Leur faisant miroiter un (chimérique…) soutien européen à telle aventure. Au risque de transformer l’Ukraine en foyer de guerre globale en Europe et au-delà ; autant les inciter au suicide.
Fidèle à ses errements il en appelle maintenant à une intervention terrestre (contre Daech, semble-t-il croire) au Proche Orient, en Syrie et, forcément, en Irak.
Et naturellement il nomme mal les choses, se trompe d’ennemi en incitant la France à y aller.
Ignore-t-il que l’extrémisme islamique précédait Daech d’au moins 20 ans ? Rappelons Al-Qaeda, le GIA, Boko Haram et que sais-je ; et les actions terroristes, en France et ailleurs, depuis les années 1990 et même bien avant s’agissant d’attentats contre de juifs.
Envoyer de troupes au sol pour combattre Daech serait au mieux inutile, au pire nuisible. Si les populations locales (de millions de sunnites, s’entend) n’y arrivent pas, c’est qu’elles ne le veulent pas vraiment. C’est que compte tenu des alternatives elles le considèrent comme un moindre mal et pourraient s’opposer, manu militari, à son éradication par une armée étrangère vite assimilée à une nouvelle croisade contre l’Islam.
Ceux qui s’intéressent à la mentalité et à l’idéologie de Daech savent à quel point il en appelle de ses vœux à une telle intervention ; à quel point elle coïncide avec la vision apocalyptique (eschatologique, diraient les livres qu’affectionne BHL) qui l’anime.
BHL a la mémoire sélective. Oublié, pourtant récent, le peu glorieux retrait de l’armée américaine de l’Irak ; et de l’Afghanistan (avec, dans ses bagages, les troupes françaises). Oublié le fait que la genèse de Daech est largement due à ces aventures militaires.
N’en lui déplaise, ce n’est pas tant à Raqqa et à Mossoul que l’ennemi se trouve mais surtout parmi nous, dans la tête d’une partie hélas non-négligeable de la population arabo-musulmane en France et en Europe, présente et à venir.
Les évènements actuels au Mali, pourtant « libéré » des djihadistes moyennant force « Barkhane » (nous serinait-on encore hier…) devraient faire réfléchir. Expédier de soldats s’enliser dans un bourbier, Syrien ou autre, ne ferait que nous priver de moyens pour faire face à la vraie menace intérieure; et surtout ébranlerait le bien fondé de notre cause.
Une ânerie irresponsable prononcée en Anglais par BHL n’en devient pas plus intelligente pour autant.
Votre humble serviteur ne saurait trop recommander la lecture d’un Raymond Aron précurseur qui, déjà en 1981, sur les colonnes de l’Express dans une critique mémorable de BHL intitulée « Provocation », en disait les quatre vérités.
Kalman Schnur, novembre 2015
 

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1 Comment

  1. Mon commentaire va rejoindre, si vous voulez bien, celui, ceux, de Kalman Schnur.
    En effet, le 3 avril…2008, j’ai été amené à réagir fermement à l’article que B.H.L. avait fait paraître dans l’hebdomadaire “Le Point” diffusé ce jour-là.
    Voici le texte de la lettre que je lui ai adressée :
    “Cher Monsieur,
    Tombé par hasard sur votre article (…), j’ai été abasourdi par la férocité avec laquelle vous avez condamné le petit film “Fitna” de Geert Wilders, sur le Net.
    N’étant ni de gauche, ni de droite, je pense que le réalisateur de “Fitna” a beaucoup de courage, et de mérite, d’essayer de secouer les musulmans dits modérés afin qu’ils dénoncent sans ambiguïté les agissements fanatiques et sauvages de ceux de leurs coreligionnaires qui prennent à la lettre certains préceptes du Coran, devenus inadmissibles de nos jours.
    Courageusement et sans ambiguïté, en effet, car, à la suite des attentats du 11 septembre 2001 sur les Tours Jumelles de New York, notre cher Tahar Ben Jelloun avait bien esquissé, comme je l’ai signalé dans “Mes Lettres au Monde”, une timide percée dans la direction souhaitée, mais il s’était arrêté net, en plein milieu de son article, de peur de … représailles sous une forme ou une autre de la part de ses coreligionnaires, islamistes ou pas encore ?
    En vérité, les musulmans potentiellement islamistes, c’est à dire intégristes, sont beaucoup plus nombreux que vous ne croyez, et ce grâce au Coran justement. La question se pose alors : à quand l’aggiornamento de son texte par les sommités musulmanes éclairées ?
    “La religion est une éthique” vous ai-je souvent entendu dire, à juste titre en ce qui me concerne. Or, certaines prescriptions du Coran vont à l’encontre de celle-ci, et Geert Wilders ne fait que le rappeler et le préciser, afin que les musulmans de bonne volonté se remuent.
    En attendant, veuillez agréer, Cher Monsieur, mes cordiales salutations.”
    Dois-je le préciser, chers commentateurs, B.H.L. n’a pas jugé utile d’accuser réception de ma lettre. Aussi n’ai-je pas hésité à l’inclure dans l’édition suivante de Mes Lettres au Monde.

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