Yad Vashem : "Des étoiles sans paradis", les enfants et l'Holocauste

Zeev Portenoy avait neuf ans lorsque les Nazis ont envahi en 1941 la ville de Tuchin en Ukraine. Toute sa famille a été enfermée dans un ghetto mais lui a pris la fuite, une histoire qu’il raconte dans une exposition sur “les enfants et l’Holocauste” à Jérusalem.

 Auteur / Source / Crédit  MENAHEM KAHANA / AFP
Auteur / Source / Crédit MENAHEM KAHANA / AFP

Contrairement à Zeev, un million et demi d’enfants juifs n’ont pas survécu à la Shoah, dont la journée du souvenir est célébrée à partir de mercredi soir en Israël.
Le mémorial Yad Vashem consacre l’exposition “Des étoiles sans paradis” à leur histoire au travers d’une “forêt symbolique” de 33 piliers, chacun retraçant l’histoire de plusieurs enfants, photo, clips, sculptures et témoignages à l’appui.

Aujourd’hui octogénaire, Zeev se rappelle ave émotion des quatre années qui ont suivi sa fuite du ghetto, une errance sans aucun  but à travers la campagne. Quatre années durant lesquelles le petit garçon n’a pas compris pourquoi tant de gens voulaient sa mort.

LE MONSTRE NAZI M’A PRIS MA VIE

Ce survivant de l’Holocauste a la voix qui se brise quand il fredonne la chanson qu’il a écrite il y a plus de 70 ans: “j’étais encore petit garçon / quand le monstre nazi / m’a pris ma vie / et m’a enlevé mes parents / pour toujours”.

“Je l’ai écrite sur un papier que je gardais toujours caché dans ma botte”, raconte Zeev Portenoy. “Ainsi, si j’étais attrapé et tué, quelqu’un aurait pu la trouver”.

A l’entrée de l’exposition, une cinquantaine d’ours en peluche et de poupées au visage de porcelaine des années 1930 et 1940 accueille le visiteur. C’est la plus importante collection de jouets ayant survécu à l’Holocauste.

L’une de ces peluches appartenait à Inna Rehavia, née à Cracovie et sauvée avec sa mère par deux familles polonaises. “J’ai traversé toute la guerre avec mon ours en peluche, que j’ai emmené avec moi de ghetto en ghetto. Il s’appelle Mishu et on me l’a offert quand je suis née”, dit-elle .

“Il s’en est mieux sorti que moi et que beaucoup de gens, même si c’est un blessé de guerre: il y a laissé une oreille et un bras”, poursuit-elle, émue.

UNE PEUR EXISTENTIELLE PERMANENTE

Un peu plus loin, c’est une série de dessins aux crayons de couleur qui raconte le destin de Stefan Cohn, enrôlé de force à 14 ans dans la briqueterie d’Auschwitz-Birkenau. Il en est sorti vivant et a dessiné la libération du camp en 1945.

Un petit livre en céramique blanche rappelle, lui, les deux ans que Jakov Goldstein, petit Polonais de quatre ans au début de la guerre, a passé terré dans le grenier d’une famille de la région.

“Ma seule consolation pendant toute cette période noire ont été les livres. Si je ne m’étais pas plongé tout le temps dans la lecture, c’est sûr que j’y aurais laissé ma tête ou même pire”, a-t-il écrit dans un témoignage.

Martin Weyl avait aussi quatre ans quand il a été envoyé dans le camp de concentration de Theresienstadt, dans ce qui est aujourd’hui la République tchèque. Un camp que la Croix Rouge a un jour visité, dans le cadre d’une campagne de propagande des Nazis.

“Ils sont arrivés dans une jeep avec une croix rouge dessinée dessus. Cette voiture m’a tellement impressionné que je l’ai dessinée”, dit-il en montrant du doigt une photographie jaunie de son dessin. “Je n’avais rien compris… j’étais un enfant”.

Un enfant qui, comme les autres, jouait avec ce qu’il trouvait. “Je me rappelle qu’on jouait dans la benne à ordures du camp. On prenait un bout de verre et quand le soleil apparaissait, on essayait de capter les rayons pour faire brûler les ordures”, raconte cet homme de 75 ans.

L’après-guerre a été aussi dure que le conflit lui-même, confie-t-il, car “tous les adultes étaient traumatisés et ça a touché les enfants”. Et aujourd’hui encore, comme beaucoup de ceux qui ont vécu l’Holocauste, il vit avec “une peur existentielle permanente”.
Hazel Ward pour AFP

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