Braquages d'Harry Winston : sur la piste des bijoux volés

Où sont passés les bijoux volés d’Harry Winston? La cour d’assises de Paris s’est penchée cette semaine sur le circuit de revente des pierres dérobées lors du second casse de la prestigieuse joaillerie parisienne en 2008, au butin évalué à 71 millions d’euros.

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Une femme passe devant la bijouterie Harry Winston à Paris le 5 décembre 2008, au lendemain du deuxième braquage subie par le célèbre joaillier (Photo Patrick Kovarik. AFP)

Huit hommes comparaissent depuis début février pour deux braquages en 2007 et 2008 de la bijouterie, lors desquels 900 bijoux estimés à plus de 100 millions d’euros ont été dérobés.
Si aucun des bijoux du premier casse n’a été retrouvé, 80% de ceux du second ont été découverts, pour l’essentiel dans des caches au domicile du cerveau présumé de l’affaire, Douadi Yahiaoui. Mais au final, 493 pièces restent manquantes.
L’enquête sur le second casse a cependant permis aux policiers de mettre au jour une partie du circuit de revente des pierres.
Un circuit marqué par l’improvisation, l’amateurisme de délinquants qui, après avoir réussi deux des plus gros braquages de bijoux au monde avec la complicité d’un vigile d’Harry Winston, ont eu toutes les peines du monde à écouler leur marchandise.
Sans contact avec le milieu des bijoutiers et diamantaires, Douadi Yahiaoui, souvent incarcéré pour trafic de stupéfiants, avait confié la charge de la revente à Michael Belhassen, 39 ans, proche d’une figure du milieu, Fabrice Hornec.
Appelé à témoigner devant la cour, l’homme, volubile et tchatcheur, assure ne pas s’y connaître plus que cela en pierres : “Avant, Harry Winston, je ne savais pas ce que c’était (…) Douadi m’a choisi parce que j’étais quelqu’un de confiance et que j’avais une figure qui passait mieux que la sienne pour aller voir certaines personnes.”
Endetté à l’égard d’un des frères de Douadi, il dit avoir actionné des connaissances mais n’avoir réussi qu’à écouler pour 483.000 euros de pierres en quatre transactions. Après la première, un lot de 39 pierres vendu 226.000 euros, les policiers captent sur des écoutes certains des malfaiteurs, qui proclament, joyeux : “Le jour de gloire est arrivé” avant d’entonner la Marseillaise.

DES BIJOUX “CASHER “

L’euphorie sera de courte durée. Belhassen ne cache pas à l’audience les tensions avec Douadi, qui lui adressait des mails vengeurs où il exprimait sa déception devant la lenteur des transactions: “T’as coulé la France, t’as coulé la famille du banditisme, t’as détruit le 93” (Seine-Saint-Denis).
“Douadi voulait vendre les bijoux à 25% de leur prix, c’était trop cher pour trouver preneur”, justifie Belhassen.A la barre, l’un de ses acheteurs, Yossef Carp, diamantaire israélien, confirme avoir refusé une première transaction trop chère. Mais, deux semaines plus tard, il admet avoir acquis deux lots – 5 à 6 pierres rondes pour le premier et 3 marquises et une émeraude pour le second – pour 177.000 euros.
“Michael Belhassen m’avait assuré que les diamants provenaient d’un héritage, qu’ils étaient +casher+”, assure Carp, qui dit ensuite avoir revendu les pierres à un diamantaire coréen d’Anvers pour 190.000 euros.
Un second rendez-vous est organisé en juin 2009 dans un hôtel de Noisy-le-sec appartenant à Douadi. “Il y avait énormément de bijoux sur un lit, certains avec des étiquettes Harry Winston, j’ai dit: c’est pas pour moi, et je suis reparti”, assure Carp.

SI JE N’AI PAS 50%, JE N’Y VAIS PAS

Mais sa version est contredite par des écoutes qui ont capté des bribes de négociations dans la voiture de Belhassen.
“Cette pierre vaudrait bien 10 millions dans une salle de vente. Non, pas plus de 3 millions et il faut compter la retouche. Si j’ai pas 50% dessus, je n’y vais pas. Mais des pierres d’Harry Winston, ça doit bien valoir un peu d’argent quand même!”
“Cette conversation laisse à penser que vous étiez au courant de la provenance des pierres et de votre intention de les acheter”, souligne la présidente Madeleine Mathieu.
Lors des perquisitions chez Douadi, 900.000 euros en liquide ont été découverts. Solde de la revente du premier casse, reliquat du second? “C’est pour partie une avance de Belhassen”, a assuré Douadi. Une version contestée par l’interressé.
Pierre Rochiccioli pour AFP

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