Le Tsahal du Général Eizenkot, par Maxime Pérez

A l’aube d’élections législative qui pourraient ouvrir de nouvelles perspectives politiques et militaires, le général Gadi Eizenkot vient d’être porté aux commandes de l’armée israélienne. Que faut-il attendre de ce nouveau chef d’état-major ?

Major-General Gadi Eizenkot and current Deputy Chief of Staff
Le nouveau chef d’état-major le général Gadi Eizenkot / Source / Crédit Gili Yaari / NurPhoto

Sa nomination vient d’être approuvé par le cabinet israélien. Mais en mars prochain, il sera peut être l’unique héritage de Benyamin Netanyahou alors que se profile un énième scrutin anticipé en Israël. Le premier ministre sortant a pourtant longuement hésité avant de nommer Gadi Eizenkot, 54 ans, 21ème chef d’état-major de Tsahal. Choix par dépit donc, faute de concurrents avec un meilleur pedigree, et du fait que le successeur de Benny Gantz – dont il fut l’adjoint -, n’adhère pas forcément à l’aventurisme de Netanyahou. Sur le dossier du nucléaire iranien, Eizenkot s’oppose par exemple à l’option militaire, « à moins d’être pris à la gorge ».
Derrière une réputation d’homme loyal et discipliné, Gadi Einzenkot est ainsi connu pour son franc-parler. « Il n’a pas peur de dire haut et fort ce qu’il pense, affirme l’un de ses proches compagnon d’armes, le général Giora Inbar. Il agira toujours en fonction de ce qu’il pense être juste. Il n’est pas freiné par l’orgueil, l’égo et les intérêts politiques. » Un caractère assertif que d’aucuns attribuent à ses origines marocaines – de son vrai nom Azankad, une tribu berbère. Ce sépharade de petite taille, à l’aspect corpulent, malicieux et rusé, est présenté comme l’officier le plus doué de sa génération. Il remporte l’adhésion de ses pairs qui lui reconnaissent un sens stratégique et une expérience opérationnelle remarquable.
Natif de Tibériade, Gadi Eizenkot a endossé l’uniforme en 1978. Il gagne une réputation de « dur » dans la prestigieuse brigade d’infanterie Golani où il occupera toutes les fonctions de commandement. En 1994, dans la foulée des accords d’Oslo, l’état-major israélien lui confie la gestion sécuritaire de la Cisjordanie avec comme mission d’empêcher les attentats palestiniens tout en tenant d’une main de fer les « colons radicaux ». « Dans une zone complexe, il a sû faire preuve de bon sens, de retenue et parfois de créativité », témoigne l’ancien général Ilan Biran, qui fut son supérieur hiérarchique. Au plus fort de la seconde Intifada, en 2000, Eizenkot se distingue aussi en privilégiant les arrestations de chefs militaires palestiniens au détriment de la politique d’assassinats ciblés.
Une décennie plus tard, le futur chef d’état-major de Tsahal hérite d’une situation complexe. Tandis que les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est menacent d’un nouveau soulèvement, le moral de l’armée est en berne alors qu’aucun budget ne lui a encore été attribué pour l’année 2015 et que ses entrainements risquent d’être interrompus. En outre, après une énième opération peu convaincante face au Hamas cet été, la force de dissuasion israélienne a été entachée.
Selon les observateurs, Gadi Einzenkot s’efforcera d’éviter un embrasement aux frontières du pays. Si aucun accord de trêve prolongé n’a été conclu avec les factions palestiniennes de Gaza, ce qui préoccupe l’armée israélienne sont d’abord la Syrie et le Liban où le surpuissant Hezbollah a récemment annoncé qu’il reprendrait ses attaques.
Il se trouve qu’Eizenkot a dirigé le commandement nord de Tsahal et connait parfaitement le pays du Cèdre. A son actif, le retrait du Sud-Liban (2000) dont il fut l’architecte aux côtés d’Ehoud Barak avant de mettre au point la redoutable doctrine « Dahiyé », tirée du nom du quartier sud de Beyrouth. Lors de la guerre de 2006, il ordonne l’anéantissement de ce fief du Hezbollah. Face à la puissance de frappe de l’organisation chiite pro-iranienne qui détiendrait près de 100.000 roquettes et missiles, Gadi Eizenkot promet qu’à la prochaine confrontation, chaque village libanais servant à des tirs sera « rayé de la carte ».
Part Maxime Pérez 
M PEREZ

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