Résolution socialiste pour la Palestine : l'enfer est pavé de bonnes intentions

A l’occasion du débat parlementaire sur la reconnaissance de l’Etat palestinien ce vendredi, Richard Rossin estime que ce vote, s’il est confirmé, ne fera qu’allumer les feux d’une prochaine guerre avec Israël.The shadow of a gunman from the Popular Front for the Liberation of Palestine is cast on a Palestinian flag as he flashes the victory sign, in the Ein el-Hilweh Palesinian refugee camp near Sidon, Lebanon, Tuesday, Nov. 18, 2014, to celebrate an attack on a synagogue in Jerusalem. Two Palestinian cousins armed with meat cleavers and a gun stormed a Jerusalem synagogue during morning prayers killing four people in the city's bloodiest attack in years. Police killed the attackers in a shootout. (AP Photo/Mohammed Zaatari)
Bienvenue à une Palestine libre, démocratique, pacifique, aimant ses femmes et ses minorités. Bienvenue à cet état crée en 1948 par l’ONU mais colonisé puis annexé par la Transjordanie. Tous les états du Moyen Orient émergent, après la première guerre mondiale, du démantèlement de l’empire ottoman par la Société des Nations selon, peu ou prou, les accords franco-britanniques Sykes-Picot.
Depuis, bien des choses se sont passées. L’Etat d’Israël nait dans la douleur sur une toute petite partie du territoire alloué au Foyer National Juif que ses voisins veulent faire génocidairement disparaitre Contre toute attente, il vainc et survit. Une ligne d’armistice est tracée en 49 que certains voient en frontières de 67!
Toutes les guerres font des réfugiés et leur situation n’est jamais enviable. Qui ne serait heureux de voir leur sort changer? Tout le monde en serait heureux. Comme on serait heureux de voir résolu le drame des massacrés Kurdes, Yézidis, Darfouris, Noubas, peuples de Syrie et du Kiwu.
Une épidémie de reconnaissance d’un état de Palestine sans aucun cadre se développe en Europe. Peu importe qu’il n’y ait jamais eu d’état palestinien dans l’histoire, ni dirigeant, ni culture spécifique, ni monnaie, ni frontières. Cela n’y change évidemment rien et la situation de la population n’est pas acceptable. Mais quid des responsabilités? Levinas écrivait que la morale c’est se laisser aller à l’élan naïf du cœur mais que l’éthique, c’est identifier les responsables. Quid des responsables?
Après la Suède, la fièvre se répand en Angleterre et atteint maintenant la France. Au nom d’idées de gauche mais refoulant mal une prévention chrétienne séculaire qui a fait autrefois tant de dégâts que les commémorations de la Shoah ne cachent pas complètement.
Il est donc devenu bien-pensant de poser un niqab sur l’idée de démocratie représentée par un Abbas qui, à la dixième année de son mandat de quatre ans, continue d’interdire toute liberté d’opinion.
Il est devenu bien-pensant de soutenir l’oppression des femmes dans la société qui détient le triste record des crimes d’honneur. Et bien-pensant encore de couvrir d’une burqua voire de financer l’enseignement scolaire de la haine et de l’intolérance. Bien-pensant d’appeler à l’assassinat de civils et de glorifier des terroristes qui massacrent aveuglément dans les rues. Bien-pensant de voir les chrétiens autrefois majoritaires dans certaines villes réduits aujourd’hui à peau de chagrin. Cela rappelle une ancienne gauche tendance Laval, Doriot, Déat.
Des propositions de résolution doivent être présentées par certains socialistes menés par E. Guigou à l’Assemblée Nationale et par le parti communiste au Sénat. Sans oublier que les verts sont évidemment dans le fruit.
Mme Guigou responsable d’un rapport plutôt élogieux pour Bachar el-Assad est soutien inconditionnel des actions illégales de BDS, comme d’autres élus étaient dans les manifestations antisémites interdites en juillet 2014. Le grand résultat de l’action de BDS est le chômage pour les Palestiniens de l’usine Sodastream relocalisée. Aucun boycotteur n’a pris les chômeurs en charge. Aiment-ils les Palestiniens? Avec sûrement en embuscade M. Aubry qui met en sommeil le jumelage de sa ville avec Safed, cité plutôt déshéritée. On n’est pas à l’aubris d’une ignominie. Quant aux communistes, ils continuent de suivre la ligne de feue URSS qui n’était que celle de l’intérêt russe, de la realpolitik.
La situation de la population palestinienne n’est pas acceptable parce que personne ne veut l’intégrer et parce que les soutiens politiques et financiers exacerbent l’irrédentisme ; pourquoi ne demander qu’une partie quand on vous fait espérer tout?
Le camp des pyromanes affiche de bonnes intentions, celles qui pavent l’enfer. Ces soutiens n’aident pas les Palestiniens et les souteneurs le savent bien. Quelles sont leurs raisons? Ils diront qu’ils sont antisionistes. Pour enfoncer le clou je rappelle que l’antisionisme n’est que le déni du droit au seul peuple juif à une lutte de libération nationale…
Avec de tels irresponsables, nous ne sommes pas près de souhaiter la bienvenue à une Palestine laïque qui protège la liberté de pensée. Ils ne font qu’allumer les feux d’une prochaine guerre. Y aurait-il une paix possible sans accords entre voisins? Au mépris avec les accords d’Oslo?
Au déni de valeurs s’ajoute un déni d’histoire car cette situation intolérable a un cadre historique dont les responsables n’en sont pas toujours ceux que l’on croit. Les perdants de l’agression ouvertement génocidaire se sont refusés à intégrer les réfugiés qu’ils ont engendrés et les ont abandonnés . La communauté internationale doit les prendre entièrement en charge par une agence spécifique: l’UNRWA . Parallèlement, Israël doit accueillir un nombre aussi important de Juifs expulsés des nouvelles nations «arabes», sans aucune aide des organismes internationaux et au prix d’une grave crise économique. L’ONU gérait cinquante millions de réfugiés sur la planète…
Mais les chiffres ne rendent pas compte des souffrances humaines. L’UNRWA alimente les réfugiés arabes, leur construit à la hâte des maisons, des écoles et des dispensaires dans des camps. Avec le caractère héréditaire du statut de réfugié pour eux seuls, nouvelle innovation onusienne, ils sont devenus une arme politique dans la lignée des Ezzedine al-Qassam et des Amin Husseini . Leur avenir est bouché et la bombe est à retardement. Armés par les états arabes, ils lancent des vagues d’attentats meurtriers.
La Jordanie a renommé le territoire annexé Cisjordanie. Personne n’évoque plus le problème d’une Palestine arabe.
Les années suivantes l’équilibre du monde change. L’URSS, cherchant une base en Méditerranée, soutient les pays arabes. Une mer chaude en pleine guerre froide. Les réfugiés arabes deviennent Palestiniens. A nouveau en 1967, une coalition arabe déclare vouloir annihiler Israël. Chacun s’attend à la disparition de l’Etat Juif ; la guerre des six jours éclate. Elle est immédiatement suivie des «trois non» de la Ligue Arabe à Khartoum: ni paix, ni négociations, ni reconnaissance.
Il est vrai que s’il y avait eu la paix, la Palestine serait restée jordanienne sans laïcité, ni démocratie. Mais est-il question de démocratie et de laïcité?
Des groupes terroristes lancent des attentats dans le monde entier. Leurs actions finissent par faire renoncer le roi Hussein à sa Cisjordanie. Il n’y a plus d’interlocuteur et la région devient légalement sans propriétaire. Une impasse. La situation des réfugiés reste cependant inacceptable. Un espoir nait à Oslo en 1993 ; un flot incroyable d’argent alimente les groupes palestiniens sans le moindre contrôle des états donateurs.
Tous les diplomates et les élus occidentaux savent tout cela. Pourtant, l’épidémie de reconnaissance d’un état palestinien fantasmé se développe en Europe qui, par ailleurs, oublie la plupart des autres peuples en souffrance. Pour des raisons obscures les peuples de Palestine concentrent tous les efforts sur eux. Presque partout le monde et la France luttent contre la terreur islamiste, en Somalie, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Libye, en Syrie. Pourquoi ouvrir la porte au Hamas, au Jihad Islamique et autres en Palestine?
Ce qui est grave dans cette affaire, ce n’est pas le vote d’une résolution sans effet, c’est la perversion de la pensée, le déni d’histoire, la dé-legitimisation de nos valeurs. C’est aussi la mort de la possibilité d’une Palestine laïque et démocratique respectant ses femmes, ses minorités et ses voisins. L’assurance de voir émerger un violent conflit entre factions pour le pouvoir.
Pour aider les Palestiniens il y a d’autres moyens et commencer par les libérer de potentats corrompus pour qu’ils accèdent à la démocratie, la dignité et la paix.
Messieurs les parlementaires et sénateurs empêchez ce chaos pour les Palestiniens et pour la santé des valeurs en France.
R_ROSSINPar Richard Rossin
Ecrivain, ancien secrétaire général de MSF, co-fondateur de Médecins Du Monde, ancien vice-président de l’Académie Européenne de Géopolitique
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/11/28/31002-20141128ARTFIG00080-resolution-socialiste-pour-la-palestine-l-enfer-est-pavee-de-bonnes-intentions.php

 
 

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