Contrôles à l'aéroport : passeport s'il-vous-plait !

Des dizaines de millions de voyageurs passent chaque année devant les “aubettes” de la police aux frontières, pour un contrôle au départ ou à l’arrivée en France. Sans garantie à 100% que des suspects, même identifiés par les services de renseignement, ne passent pas entre les mailles du filet.
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QUESTION: La police contrôle-t-elle tous les passagers qui transitent par un aéroport ?
REPONSE: Sur un vol qui ne pose a priori pas de risque particulier, il n’y a aucun contrôle systématique des passagers à l’embarquement ou à l’arrivée.
“Tous les passeports ne sont pas filtrés, il n’y a aucun automatisme. C’est le policier de la PAF qui a l’initiative” de contrôler ou non les voyageurs, “en fonction du niveau de risque qu’il perçoit”, relève une source policière.
Si son passage n’a pas été signalé ou si elle n’éveille pas l’attention, une personne recherchée peut donc en théorie passer inaperçue. Seuls un transit dans un pays “à risque”, un visa sur un passeport, ou d’autres éléments suspects qui tiennent plus du flair policier, comme l’allure et le comportement, déclenchent une vérification dans le fichier des personnes recherchées (FPR).
Ce fichier recense toutes sortes de personnes, dont celles qui peuvent menacer la sûreté de l’État (fiches “S”). Le policier rentre l’identité du passager par l’intermédiaire du logiciel Cheops (Circulation hiérarchisée des enregistrements opérationnels de la police sécurisés). Si celui-ci est en maintenance ou en panne, la guérite de contrôle est aveugle : “cela empêche effectivement les vérifications”, reconnaît la source policière.
Un dernier facteur en jeu, dénoncé par la source policière : “une très grosse pression commerciale” des sociétés aéroportuaires pour réduire les files d’attente quand il y a beaucoup de monde et donc “contrôler le moins de passagers possible”.
Q: Comment sont contrôlées les personnes “à risque” ?
R: Certains vols sont considérés comme “à risque” par les services de renseignement. Ces derniers ciblent certains pays, par exemple un vol en provenance de Turquie, porte d’entrée de la Syrie, ou certaines personnes qu’ils ont dans leur collimateur.
Au terme de ce “ciblage”, des fonctionnaires spécialisés “viennent en renfort” sur les lignes de contrôle “pour passer les passagers au peigne fin”.
Pour compliquer la tâche de la police, les jihadistes présumés de retour de Syrie peuvent passer par un autre pays de l’espace Schengen à leur départ ou à leur retour. C’est le cas du tueur présumé du Musée Juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, passé par l’Allemagne puis la Belgique.
Enfin, “il n’y a pas d’échanges de fichiers systématiques” entre les pays, ce qui entraîne des délais et rend moins efficaces les contrôles. “Le signal d’alerte peut mettre plusieurs heures voire plusieurs jours pour arriver aux services de renseignement” entre deux pays européens, souligne une source proche du dossier.
Q: Pourquoi une personne recherchée n’est-elle pas systématiquement arrêtée?
R: Les personnes recherchées ne sont pas toutes arrêtées, sans que cela relève toujours d’un dysfonctionnement des contrôles. Certains suspects sont tout simplement trop dangereux pour être arrêtés sur le champ. Dans d’autres cas, les services de renseignement cherchent parfois simplement à “pister” leur cible, sans éveiller ses soupçons.
Certaines fiches de signalement ordonnent ainsi aux fonctionnaires de la PAF “d’observer le plus discrètement possible” la personne recherchée. C’est crucial dans certaines enquêtes, pour éviter que la personne ne sache que la police l’a repérée, relève la source policière.
Les policiers de l’aéroport en profitent pour récolter et transmettre des informations sur la personne recherchée : voyageait-elle seule ? Qui l’accompagnait? Etait-elle avec ses enfants ? Que transportait-elle dans ses bagages ? Autant d’informations qui peuvent être précieuses pour les services de renseignement.
François Becker et Pauline Talagrand pour AFP
 

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