La conversion en Israël : on avance ou on piétine?

Récemment, le député Elazar Stern a proposé une refonte législative majeure de la politique de conversion de l’Etat, révision largement saluée par de nombreux organismes religieux libéraux et  par les laïques.

Elazar Stern
Elazar Stern

La base du projet de loi était de permettre aux principaux rabbins municipaux d’établir leurs propres tribunaux de conversion composés de trois hommes afin d’accroître l’accès à la conversion, du fait qu’il n’y a dans tout le pays que quatre tribunaux de conversion. Cela devait permettre au bout du compte de faciliter l’accès à la conversion.
Il était prévu d’abolir la “carte géographique” (un peu comme la carte scolaire en fait), pour que chacun puisse postuler à la conversion dans le lieu de son choix, et ainsi accéder à des tribunaux connus pour la souplesse de leurs décisions. Mais si le projet de loi initial prévoyait la possibilité de s’adresser à n’importe quel tribunal municipal, on semble se diriger vers un compromis qui prévoit la création d’un nombre limité de districts.
De plus ces tribunaux qui devaient à la base être constitués d’un grand rabbin municipal, d’un juge rabbinique, et d’un autre rabbin ayant passé un examen sur les lois de la conversion, devraient finalement compter deux juges rabbiniques.
Tous ces aménagements ne font que des insatisfaits. Les libéraux qui réclamaient la fin de la main-mise totale du rabbinat sur la conversion sont inquiets et redoutent que finalement rien ne soit changé dans les faits.
Le rabbinat, toujours attaché à ses prérogatives, voit également d’un mauvais œil tout changement dans l’ordre établi, et David Lau, le Grand rabbin ashkénaze, a reçu cette semaine le renfort de rabbins anglais qui usent de menace face à cette évolution possible.
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Selon David Lau, les dirigeants du Beth Din de Londres où il était en visite, lui ont déclaré qu’ils ne seraient plus en mesure de reconnaître les certificats officiels de conversion d’Israël.
«Les rabbins du monde ont toujours cru que l’Etat d’Israël protègerait cette question importante et sensible de la conversion, plus que tout autre État. Ils n’ont jamais cru qu’ils auraient à envisager de reconnaître les certificats de conversion en provenance d’Israël.”
Netanyahu doit faire face à un désaccord sur le projet de loi au sein de sa coalition, et prévoit de porter la question à la réunion du cabinet la semaine prochaine. Mais les partis ultra-orthodoxes et les milieux conservateurs au sein du mouvement sioniste religieux (Ha Bayt Hayehudi de Neftali Bennett) font tout pour bloquer cette loi. David Lau a recours à cet argument de non reconnaissance par la diaspora de la conversion en Israël, faisant intervenir dans le débat une partie du rabbinat qui ne représente certainement pas l’ensemble des juifs de la Diaspora.
Il est fort étonnant que Neftali Bennett, ce grand apôtre du dialogue direct ne nous ait pas organisé un “live chat” avec la diaspora pour nous demander notre avis.
Cela aurait peut-être permis à quelques juifs non rabbins de dire que ce projet de loi est justement un élément de ce qui fait qu’Israël est un “phare pour les nations du monde”, que c’est un projet sociétal important, et qu’au lieu d’aller chercher dans la diaspora du renfort pour le combattre, il serait plus adéquat de le présenter sous son jour le plus positif, pour que les communautés extérieures y voient un exemple à suivre.
Line Tubiana
 

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