50 jours de guerre qui vont coûter cher sur le plan politique, le Hamas n'a rien reçu

Benjamin Netanyahu a vanté les succès de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, mais ces 50 jours risquent de coûter cher sur les fronts politique, économique et diplomatique.
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Attaqué par certains ministres pour avoir accepté un cessez-le-feu, M. Netanyahu a vu sa cote de popularité plonger durant l’opération “Bordure protectrice”, selon des sondages.
Il a présenté sa défense mercredi en affirmant qu’il n’avait fait aucune concession au Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne, en échange de latrêve. Le mouvement islamiste n’a pas obtenu la construction d’un port et d’un aéroport, ni une levée complète du blocus israélien, autant d’exigences primordiales du Hamas renvoyées à la discussion d’ici un mois selon l’accor de trêve conclu mardi.
Les proches de M. Netanyahu ont déjà prévenu qu’Israël opposerait son veto au port et à l’aéroport, et exigerait un strict contrôle des importations d’équipements et de matériaux de construction pour qu’ils ne soient pas détournés vers la production d’armement ou le forage de tunnels.
Sur le plan militaire, le Premier ministre s’est targué de la destruction de plus d’une trentaine de tunnels entre la bande de Gaza et le territoire israélien, de l’élimination de près d’un millier de combattants du Hamas (sur un total de peut-être 20.000, selon des experts) dont plusieurs chefs de sa branche militaire, ainsi que des performances du système anti-missiles Iron Dome, dont le taux de succès a atteint les 90% selon l’armée.

PAS DE VICTOIRE STRATÉGIQUE

“Une petite victoire sur le plan militaire mais qui n’est pas stratégique”, estime Mark Heller, chercheur à l’Institut israélien d’études sur la sécurit nationale, qui nuance cependant: le “seul succès (du Hamas), c’est d’avoir réussi à survivre”.
Malgré un pilonnage intensif qui a tué plus de 2.140 Palestiniens et semé la désolation dans la bande de Gaza, le Hamas est quand même parvenu à tirer des roquettes jusqu’à la dernière minute et a contraint des centaines de milliers d’Israéliens, y compris à Tel Aviv, à vivre au rythme qu’il dictait, celui des sirènes. Les Israéliens vivant près de la bande de Gaza ont dû fuir leur domicile pour se réfugier plus au nord.
Pour la première fois, l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv a été en partie paralysé pendant plusieurs heures. L’armée israélienne, avec 64 soldats tués, a connu ses pires pertes depuis la guerre contre le Hezboll libanais en 2006.
Mais tout cela ne se traduira pas en gains politiques pour le Hamas, assure Eyal Zisser, de l’Institut Moshé Dayan pour les études sur le Moyen-Orient et l’Afrique. “Sur le plan politique, le Hamas n’a rien reçu. Il y a très peu de chances pour que d’ici un mois il obtienne quoique ce soit sur la construction d’un port et d’un aéroport à Gaza”. Et, ajoute-t-il, “les dégâts dans la bande de Gaza sont tels que le Hamas pourra difficilement reprendre les combats, même si ses exigences sont rejetées”.

UNE GUERRE DE 4 MILLIARDS DE $

Sur le plan économique, l’addition de l’opération, la troisième à Gaza en six ans et surtout la plus longue, s’élève selon les estimations des experts  trois voire quatre milliards de dollars. Le ministère de la Défense a demand une rallonge du même montant pour regarnir les stocks d’armes, s’équiper en nouvelles batteries pour Iron Dome, développer des systèmes pour repérer les tunnels et intercepter les obu
Si le gouvernement cède à ces pressions relayées par un puissant lobby militaire, il devra couper dans tous les budgets et augmenter les impôts. Sur le plan diplomatique, l’alliance avec les Etats-Unis, considérée comme la pierre angulaire de la politique extérieure, a été sérieusement mise à mal.
Aussi une majorité d’Israéliens (54%) estime-t-elle que ni Israël ni le Hamas ne sont sortis vainqueurs de la guerre. Seuls 26% sont d’accord avec M. Netanyahu pour déclarer qu’Israël l’a emporté, 16% pensent que c’est le Hamas qui a gagné
Cinquante pour cent des Israéliens se disent satisfaits de la manière dont leur Premier ministre a géré l’opération, au lieu de 77% trois semaines auparavant.
Jean-Luc Renaudie pour AFP
 

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