Les oubliés de la Libération: photographes, iroquois, illusionnistes ..

Tout ou presque a été dit et montré

lors de la commémoration du 70ème anniversaire

du débarquement allié en Normandie,

préambule à la Libération.

Pour ma part, j’avais envie de donner un coup de projecteur sur des acteurs parfois plus anonymes et plus discrets, mais néanmoins tout aussi déterminants, et de rendre hommage au travail qu’ils ont accompli au péril de leurs vies.

Les photographes et cameramen.

Les unités cinématographiques des armées nous permettent de contempler de nos jours leurs films et leurs images avec émotion.
Le sergent Ian Grant filme le débarquement à Ouistreham de ses compatriotes du 45ème Royal Commando Ecossais, sur la plage au nom de code Sword.

photosd

Ian Grant

Le sergent Desmond O’Neill, le plus jeune cameraman, âgé d’à peine vingt ans, est arrivé peu avant lui, avec le premier assaut.
photod2
Il raconte qu’« au milieu d’une fumée grise tout semble irréel, ce n’était pas une bataille telle qu’on pouvait l’imaginer, ou la voir dans les films. Les sorties de la plage étaient souvent engorgées, on ne pouvait guère se dégager. J’ai suivi un peloton d’infanterie qui essayait lui aussi de s’extraire. »
Quand soudain, il est touché et sa caméra vacille.
Cependant, il s’acharne à tourner encore quelques plans avec son bras valide, avant d’être évacué et rapatrié en Angleterre.
Clap de fin pour le sergent Norman Clague, de l’unité cinématographique de la 5ème Armée britannique, qui filme le 8 juin les prisonniers et blessés de la Wehrmacht.
Il sera tué cinq jours plus tard à Amfreville.

photod4

La tombe du sergent Norman Clague

Robert Capa, seul photographe présent à Omaha Beach, filme les hommes entassés dans les barges sur une mer agitée.
Il raconte qu’au premier tir venu de la côte, ils se sont tous jetés à plat ventre dans les vomissures, sans surveiller la côte qui approchait.
Sans titre
A peine arrivés sur la plage, ils sont accueillis par la défense allemande.
Et les vagues d’assaut s’empalent sur les obstacles édifiés par le maréchal Rommel, quand ils ne se noient pas dans une eau trop profonde, parce que les barges les ont débarqués trop loin des côtes afin d’éviter les tirs ennemis.
photod5
Il ne reste hélas que peu de clichés de Robert Capa, l’essentiel ayant été détruit accidentellement.
Robert Capa est né Endre Ernö Friedmann le 22 octobre 1913 d’une famille juive hongroise.
Il mourra en Indochine en sautant sur une mine le 25 mai 1953.
photod7

Les faux et les vrais indiens.

Pendant que des parachutistes américains se rasent la tête à la façon des indiens iroquois, en ne laissant sur leur crâne qu’une crête qui est sensée les protéger de la peur du vide, de vrais indiens utilisent leur langue indéchiffrable par l’ennemi.

photod9

Eclaireurs de l’US Airborne avec la crête iroquoise

Chester Nez, le dernier de ceux qui furent appelés les « code talkers » de la tribu indienne des navajos, s’est éteint dans son sommeil à 93 ans, deux jours avant les commémorations du débarquement.
photod10
« Je suis très fier de dire que les japonais ont tout fait pour déchiffrer le code, mais qu’ils n’y sont jamais parvenus », déclarait-il encore l’an dernier au quotidien militaire américain Stars and Stripes.
Il fut parmi les 29 premiers volontaires amérindiens en 1942 à intégrer le corps des Marines et à mettre à son profit l’usage de sa langue indéchiffrable par l’ennemi.
Il participa aux batailles de Guadalcanal, Guam, Peleliu et Bougainville, et y gagna son grade de caporal.
Bientôt ce furent 400 navajos qui prirent part au combat dans le Pacifique, et des amérindiens des tribus choctaw, cherokee, sioux lakota, comanche, et séminole les rejoignirent pour combattre les allemands et les japonais.
Leur code fut utilisé jusque dans les années 1980, et serait peut-être encore au goût du jour.
photod12
Code talkers navajos à Saipan, en juin 1944. (Domaine public – montage BFMTV.com)

Les illusionnistes.

Parmi d’autres, le magicien britannique Jasper Maskelyne met son talent au service de la lutte contre les nazis.
photod13
Déjà en 1941, en Afrique du Nord, avant la bataille décisive d’El Alamein, au sein de la A Force, surnommée le gang des magiciens, il participa au stratagème qui trompa les allemands.
Les jeeps furent transformées en tanks et les tanks en camions.
A Alexandrie, où ils organisent le black out de la ville et font apparaître ses lumières cinq kilomètres plus loin, les bombardiers allemands leurrés attaquent une baie vide.
Comme le plus grand talent de Maskelyne est de savoir utiliser les techniques les plus récentes et de donner à ses tours un véritable sens théâtral, on va l’utiliser pour faire croire aux allemands à un débarquement dans le Pas de Calais.
De faux bâtiments dans le sud-est de l’Angleterre, de fausses barges de débarquement et des tanks gonflables vont convaincre les allemands.

photod14

Un char d’assaut Sherman factice

Maskelyne mourra au Kenya dans l’anonymat.
On dit qu’il aurait inspiré le personnage de Q à Ian Fleming pour sa série de James Bond.

Les services de santé des armées.

Reste à rendre hommage aux services de santé, aux médecins, aux infirmières et infirmiers des armées présents sur les champs de bataille qui soignèrent amis comme ennemis.
Un jeune américain de quinze ans, Virgil Mounds, qui avait volé le permis de conduire de son frère aîné pour être enrôlé dans l’armée américaine, se porte au secours d’un blessé sur la plage d’Omaha Beach et est pulvérisé par les mitrailleuses allemandes.
Que dire de plus.
Pascale Davidovicz
 
 
 
 
 
 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*