Constat sur une drôle d’époque : renoncement et médiocrité

Est-ce moi qui vieillis ?

Suis-je désabusée ? Suis-je pessimiste ?

A d’autres époques,

nos ancêtres ont-ils éprouvé la même sensation ?

Je ne suis pourtant pas seule à ressentir un délabrement, une régression du monde et de sa culture.
Comme beaucoup, je ne me reconnais pas plus dans l’indignation d’un Stéphane Hessel, qui avait sans doute la vue qui baissait, et voyait Israël comme principal pays persécuteur dans le monde, que dans le fourre-tout de ces manifestations pour tous ou de ces « Jours de Colère » qui ont vu ressurgir des cris antisémites.
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« C’est la première fois depuis la fin de l’Occupation que l’on entend hurler dans les rues de Paris ‘dehors les Juifs’ » déclare Robert Badinter au journal Le Parisien.
Celles et ceux qui comme moi ne se reconnaissent plus nulle part, que dans les valeurs uni-versalistes, républicaines et démocrates, sont-ils à ce point privés d’expression et de parole qu’on ne les entend pas ?
Je n’arrête pas de me poser ces questions.

Un journalisme racoleur.

Des journaux et des magazines ont mis la clé sous la porte ou en sont menacés, emportés par la presse « people » ou celle que l’on vous distribue gratuitement. Et que dire du torrent du web?

En 1992, un ami technicien au quotidien marseillais Le Provençal, devenu depuis La Proven-ce après sa fusion avec Le Méridional, m’avait subrepticement introduite de nuit dans les locaux du journal.
Une expérience qui restera gravée à vie dans ma mémoire.
Des journalistes devant leurs ordinateurs, qui me faisaient un signe amical et terminaient à la hâte leurs articles avant que ne résonne le bruit des rotatives et qu’on ne sente l’odeur de l’encre.
Cela m’a rappelé l’excellent film américain, Deadline (Bas les masques), du réalisateur Ri-chard Brooks, lui-même ancien journaliste, sorti en 1952 avec Humphrey Bogart.

Il est Hutcheson, rédacteur en chef d’un journal qui est menacé d’être vendu au propriétaire d’un tabloïd, qui accepte de le recruter, mais licenciera le personnel.

Un de ses journalistes ayant été agressé par les hommes de main du mafieux sur lequel il enquêtait, Hutcheson mobilise ses troupes et va sauver le journal en publiant l’affaire crimi-nelle.

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Le film est inspiré de la disparition du New York World après la mort de Joseph Pulitzer.

Une télé…réalité.

Le concepteur de la télé réalité, le néerlandais John De Mol, affirme qu’il préfère travailler pour la masse et recueillir des millions de téléspectateurs devant ses émissions que trois cent mille en fin de soirée.
N’en déplaise à cet inculte crétin, nous sommes assez nombreux, à préférer regarder les ex-cellents documentaires diffusés sur les chaînes publiques, sur Arte ou Canal +.
Personne ne me croit lorsque je dis que je n’ai jamais regardé une seule émission de télé ré-alité.
Je n’ai déjà pas assez de temps pour lire tout ce que je voudrais lire, ni assez de temps pour écrire tout ce que je voudrais écrire.
Où sont les successeurs des Pierres angulaires de mon enfance ?

Les Desgraupes, Dumayet, Lazareff et Tchernia.

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Avec Igor Barrère, Eliane Victor, Claude Barma et Joseph Pasteur, j’en oublie sans doute, ce sont eux qui ont forgé mon goût, mon addiction au journalisme, à l’écriture et au respect de la langue française.
Je n’arrête pas de bondir lorsque j’entends à la radio comme à la télévision, les fautes de français, de syntaxe et de conjugaison.
De la part des présentateurs, des journalistes comme des hommes politiques.
Je suis heureuse de constater que mes fils, qui n’en pouvaient plus de m’entendre râler, fulmi-nent maintenant à l’écoute des mêmes choses.
Transmission faite, pari gagné !

Une littérature de gare.

A Marc Lévy, Amélie Nothomb, et Katherine Pancol, je préfère Emile Zola, Honoré de Bal-zac et Victor Hugo.
Où sont les Proust, Maupassant et Stendhal ?
De même qu’un certain journalisme sombre inéluctablement dans le sensationnel et l’immédiat, sans recul et sans analyse, l’écriture engendre des phénomènes aussi éloignés de la merveilleuse littérature française que peut l’être Pluton de la Terre.
A ma question de savoir ce que mes collègues de travail lisaient, je me souviens que l’une d’entre elles se vantait d’avoir lu « Jamais sans ma fille ».
Une référence !
Je me suis réjouie un jour de croiser dans le métro une toute jeune fille qui lisait « Si c’est un homme » du regretté Primo Levi.
Est-ce une impression ou la littérature française ne donne-t-elle plus de chefs d’œuvres ?
Suis-je à ce point « has been » qu’aucun écrivain contemporain ne trouve grâce à mes yeux
Très jeune, je dévalisais la bibliothèque de mon père et lisais avidement la littérature fran-çaise, russe, italienne et anglo-saxonne.
Que des textes qui ont nourri ma réflexion et forgé mon esprit.

Une Europe en danger

et des peuples qui n’ont pas sauvé leur li-berté.

Nous venons de fêter l’anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale, ce qui débou-chera sur la décolonisation et, plus tard sur la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
La décolonisation a fait place à des gouvernements corrompus et répressifs.
Il y a un peu plus de trois ans, la Tunisie lançait le mouvement de contestation qui allait de-venir les printemps arabes et enflammer l’Egypte, la Libye, le Yémen, Bahreïn et la Syrie,
Depuis, si la Tunisie semble évoluer vers une transition démocratique, l’Egypte après avoir remplacé un dictateur laïc par un dictateur islamiste, a mis l’armée au pouvoir, la Libye et la Syrie sont en plein chaos.
Le Yémen fait face aux terroristes d’Al-Qaïda
Bahreïn réprime la contestation animée par les chiites, et a alourdi les peines jusqu’à la condamnation à mort.
La République algérienne, soit disant démocratique et populaire, en réalité sous la coupe réglée et corrompue du FLN, a réélu Abdelaziz Bouteflika, un président en fin de parcours .
L’Iran est repartie au Moyen-Âge.
Le chômage, le coût de la vie et la corruption caractérisée en Afrique du Sud ont détérioré les conditions de vie de la population.
Le président sud-africain Zuma aurait pompé dans les finances publiques plus de 15 millions d’euros pour rénover sa résidence secondaire.
L’Europe, magnifique idée, qui devait nous apporter la paix, la sécurité le développement et une politique étrangère, ne fait plus guère rêver .
Et des bruits de bottes résonnent en Ukraine.
« Je suis en paix avec D. Mon conflit est avec l’homme » écrivait Charlie Chaplin.
Moi aussi.
Pascale Davidovicz
 

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