Tsahal et le « scénario afghan » au Liban par Maxime Perez

Dans l’optique d’une invasion terrestre du Sud-Liban, Tsahal entraîne ses troupes à faire face à une résistance de type afghane, en particulier dans les villages chiites fidèles au Hezbollah.
Guérilla urbaine et scènes d’émeutes à grande échelle : voilà ce que répètent depuis peu les unités d’infanterie de l’armée israélienne, en prévision d’une éventuelle opération terrestre d’envergure au Sud-Liban. L’information provient d’un rapport public de Tsahal dans lequel sont cités plusieurs officiers de haut rang. Il pourrait être interprété comme un message d’avertissement adressé au Hezbollah et, indirectement, au pouvoir libanais qu’Israël entend tenir responsable de toute escalade militaire.
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Alors qu’en 2006, la plupart des habitants avaient fui les quelques 200 villages chiites théâtres d’affrontements ou de bombardements, le rapport indique cette fois que l’armée israélienne se prépare à de possibles réactions d’hostilité de la population lors de la conquête de ces mêmes localités. Principal inquiétude : des scènes d’émeutes ou de résistance passive – refus d’un couvre-feu, actions de sabotage -, qui détourneraient Tsahal de son principal objectif : la neutralisation du Hezbollah et de ses infrastructures.
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« Nous nous préparons à une réalité semblable à celle à laquelle se sont heurtés les Américains en Afghanistan, explique ainsi le colonel Nadav, commandant du 7ème régiment de cavalerie (blindés). Sitôt un village pris, des émeutes pourraient éclater. » Des affrontements qui pourraient inclure l’utilisation d’armes légères par la population, poursuit le rapport qui se garde d’établir un lien avec la situation en Cisjordanie et d’évoquer une nouvelle sorte d’Intifada. « Plus Tsahal restera dans un village, plus il y aura d’agitation, renchérit le lieutenant-colonel Neria Yeshurun, commandant du 82ème bataillon blindé, équipé de chars Merkava-4 qui ont été conçus adaptés aux contrainte de la guérilla urbaine. Il est important de se tenir prêt à tout. »
Ce rapport intervient alors que l’armée israélienne vient d’annoncer une restructuration de ses unités logistiques. La formation des élèves-officiers issus des unités de logistique a ainsi été repensé pour les préparer à une future guerre au Liban, en Syrie ou à Gaza et éviter ainsi une répétition des défaillances constatées lors de la guerre de l’été 2006. Près de 180 élèves-officiers viennent d’achever un 3e cycle de formation de deux semaines avec le corps blindé mécanisé, l’infanterie et l’armée de l’air. Objectif : s’entrainer, dans des conditions de combat, aux opérations de ravitaillement des véhicules blindés et d’approvisionnement des troupes en munitions.

Etat d’alerte permanent

Voilà déjà plusieurs années qu’Israël maintient un état d’alerte renforcé à sa frontière nord. En 2010, des documents comprenant des cartes détaillées, des films et des photos aériennes du Sud-Liban avaient été déclassifiés en marge du quatrième anniversaire de la guerre contre le Hezbollah. Une manière de signifier au mouvement pro-iranien qu’aucun de ses agissements ne passe inaperçu.
En l’occurrence, Tsahal détenait la preuve que son arsenal de 40.000 roquettes et missiles avait été dispersé au cœur des villages chiites, et que ses miliciens avaient mis au point un système sophistiqué de tunnels, incluant de nombreux postes de commandement, de communication et des dépôts d’armes supposés être à l’abri de frappes aériennes. Parallèlement, les unités du renseignement militaire israélien (Aman) continuent de collecter de précieuses informations en prévision d’un nouveau conflit. En 2006, si l’état-major ne disposait que 600 cibles potentielles, il en aurait amassé plus de 10.000 aujourd’hui.
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Ces dernières semaines, plusieurs incidents à la frontière libanaise et sur le Plateau du Golan ont entrainé une riposte de l’armée israélienne contre des cibles du Hezbollah et de l’armée syrienne, faisant craindre un embrasement. Le commandement nord a dans le même annoncé que les règles d’engagement au combat avaient été durcies. Désormais les soldats sont autorisés à tirer sans somation sur toute silhouette s’approchant de la clôture de sécurité, de crainte qu’elle n’y dépose une charge explosive.
Maxime Perez
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