« Inconnu à cette adresse » en Israël le 20 et 23 Octobre

Thierry Lhermitte et Patrick Timsit sont Martin Schulse un Allemand, et Max Eisenstein, un juif américain. Un duo fraternel dont l’amitié tourne au drame, sur fond tragique des errements politiques et moraux de la vieille Europe.
Poignante, l’oeuvre de Kressmann Taylor, adaptée au théatre, a été récompensée aux Globes Cristal 2013. Elle raconte, au travers de la correspondance, 19 lettres échangées à partir de novembre 1932, l’histoire de deux amis durant l’ascension du nazisme en Allemagne.
Patrick Timsit et Thierry Lhermitte, son complice, seront en Israël pour interpréter cette pièce les 22 et 23 Octobre, un pari audacieux et un véritable challenge.

timsit-credit MARCEL HARTMANN

Entretien avec Patrick Timsit

Tribune juive : Après le succès de la pièce au festival d’Avignon, vous entamez une tournée mondiale. Vous revenez en Israël en homme de théâtre, dans un tout autre registre que celui dans lequel on vous connaît. Cette rencontre aura-t-elle une dimension particulière ?

Patrick Timsit : Oui effectivement, jouer en Israël a une résonance particulière, c’est intéressant, je m’y suis déjà produit sous un autre registre, celui de l’humour. Je vais à la rencontre d’un public à l’esprit vif et aiguisé pour lui proposer un texte fort, bouleversant. C’est une pièce qui va faire réfléchir et qui va prendre tout son sens là-bas.

Tribune juive : Vous êtes Marc Eisenstein dans la pièce, vous avez un rôle à contre-emploi de ce que l’on connaît de vous. Votre judaïsme a-t-il facilité votre interprétation ?

Patrick Timsit : En interprétant Marc Eisenstein je suis dans mon «emploi». Un comédien doit pouvoir s’adapter, changer de registre. Quand on est un bon acteur on rentre dans son rôle, l’interprétation se fait naturellement. Comme on est dans un travail de vérité, d’émotion pure, mon judaïsme m’a peut être donné une force particulière. Mais il peut arriver que le texte et son interprétation posent des problèmes, c’est ce qui s’est passé avec Tcheky Karyo, mon ancien partenaire, au demeurant un très bon acteur, qui est pourtant d’origine juive et qui n’était pas fait pour ce rôle.

Tribune Juive : La pièce a été écrite en 1938 mais elle parle de 32 et 33. On voit monter l’esprit qui mène à la catastrophe…

Patrick Timsit : Il n’est pas évident de faire vivre au théâtre un échange de lettres, c’est notre défi à tous les deux. Le texte est formidable, tellement dans la réalité, qu’on lui a été très fidèle. On ne nait pas nazi, on le devient, c’est un esprit, un endoctrinement qui se forge. On a tous en nous une zone d’ombre qui peut ressurgir. Regardez ce qui s’est passé récemment en Grèce, tout d’un coup les néo- nazis ont commencé à tirer dans les rues. L’idéologie fasciste s’infiltre de cette manière.

Tribune Juive : Est-ce que de tels événements peuvent revenir ?

Patrick Timsit : Après l’interprétation de cette pièce, je peux vous dire que de telles horreurs peuvent se reproduire, car l’homme n’apprend rien de ses erreurs. Chacun a une part sombre en soi, et la crise sociale que nous traversons est dangereuse.

Tribune Juive : Vous êtes l’un des acteurs les plus en vue, avec une actualité chargée, sur tous les fronts : la réalisation, le théâtre, la comédie, l’humour, rien ne vous arrête. Avez-vous d’autres projets ?

Patrick Timsit : Oui, bien sûr, j’ai des projets, j’ai aussi la tournée de cette pièce, c’est vrai, j’ai beaucoup travaillé ces derniers mois, mes 7 vies, je suis en train de les vivre en même temps.

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Inconnu à cette adresse, avec Patrick Timsit et Thierry Lhermitte, mise en scène par Delphine de Malherbe.

A Jérusalem – théâtre Gérard Bechar- le 22 octobre 2013. A Tel-Aviv – théâtre Guesher – le 23 octobre 2013.

Propos recueillis par Sylvie Bensaid

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