" Il suffit" par Brigitte Thevhenot

Depuis le massacre perpétré mercredi au Journal Charlie-Hebdo et l’attentat de Montrouge qui a suivi, nous vivons tous au rythme des fusillades, des cavales, des prises d’otages, des meurtres en direct et en images que relaient nos media. C’est anxiogène, assurément, mais c’est aussi une réalité qu’il faut s’attendre à voir se renouveler.

Face à tant de violence déployée et affichée, il faudrait, c’est vrai, se garder de réagir sous le coup de l’émotion, de la peur, et de répondre à la violence par une autre violence, fut-elle verbale.
Mais voilà, j’ai beau faire,  ma colère ne s’apaise pas depuis mercredi. Depuis que les visages souriants de Cabu, Charb, Bernard Maris et tous les autres ont cessé de sourire. Parce que cet attentat est non seulement le plus important que nous ayons connu en France mais aussi parce qu’il est sans doute une des premières et des plus flagrantes manifestations du mal profond qui ronge notre société. Il suffit. Douze personnes, dont de grands journalistes de la presse française mais aussi des policiers si mal payés et si mal considérés pour le dur boulot qu’ils font au quotidien, ont été exécutées aux cris d’ »Allah Akbar ». Une jeune femme de 25 ans qui venait d’entrer dans la Police municipale de Montrouge a été abattue d’une balle dans le dos le lendemain. Et l’on sait à cet instant qu’une prise d’otages a lieu à la Porte de Vincennes, dans l’Est de la capitale, dans une supérette de produits cacher.
Aujourd’hui à l’issue de la prière du vendredi à la Grande Mosquée de Paris, nombre de fidèles sont restés sur le parvis. Plusieurs, en petits groupes, sont allés spontanément vers les très nombreuses caméras et journalistes présents pour répondre à la seule question semble-t-il qui vaille actuellement : « Vous condamnez les meurtres de Charlie-Hebdo ? ». Comme s’ils allaient répondre non !  L’indignation est de bon ton : « Nous sommes contre ! L’Islam ce n’est pas ça, l’Islam c’est la paix et l’amour du prochain».  Des réponses qui ne me satisfont pas, qui ne me satisferont plus. Le discours est bien appris mais mal rodé. En sortir expose à tout autre chose. De jeunes hommes réagissent autour de moi, plusieurs, au hasard. Mon voisin, la trentaine : « aussi, ils avaient exagéré », « on peut dire ce que l’on veut, mais pas sur le Prophète, faut pas parler là-dessus », renchérit un autre, « quand c’est Dieudonné, on condamne mais quand c’est Charlie-Hebdo, ils ont le droit », « Siné a été viré à cause d’un dessin soi-disant antisémite, alors pourquoi sur les musulmans, ils ont le droit ? ».  Je tente d’engager une discussion sereine pour mesurer jusqu’où ils peuvent aller, leurs faire comprendre qu’ils doivent se démarquer sans condition et maintenant de ces terroristes. Peine perdue, je ne suis pas sereine et eux sont incapables d’entendre que la démocratie française ne fonctionne pas – et ne fonctionnera jamais, n’en déplaise à Houellebecque – au rythme du Coran et de ces fous de dieu. « Vous légitimez les assassinats, Monsieur ?  Vous dites qu’ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient finalement ? ». Les policiers interviennent en douceur pour disperser ce joli petit monde. Deux d’entre eux lâchent leur cris de guerre « Allah Akbar ! » et tous se dispersent.
J’en ai assez. Assez d’entendre hurler ces mots sous mes fenêtres, en plein Paris, et parfois pendant plus d’une heure, ponctués de « A mort Israël », ou encore « A mort les Juifs » selon l’actualité au Proche-Orient. Assez de lire sur les réseaux sociaux ces derniers jours des propos immondes contre la presse ou la police, alors même que les victimes de ses barbares ne sont pas encore enterrées. Il est grand temps que la communauté musulmane de France se lève comme un seul homme et entreprenne un sérieux ménage dans ses rangs. Il suffit !
Brigitte Thévenot