Et si les Juifs maghrébins n’avaient pas quitté le Maghreb ?

La réalité est blessante et l’Histoire nous enseigne et nous renseigne. Il faut regarder autour, il faut fixer le dedans, lire le passé et prophétiser le futur.

Et si les Juifs algériens n’avaient pas quitté le pays ? Depuis longtemps, cette réflexion me hante, m’habite. Je l’ai montée à maintes prises. Démontée. Remontée. Et je suis certain que cette question dérangera pas mal de monde de chez nous.

L’Histoire sociale du Maghreb nous apprend une conclusion qui est la suivante : le développement de notre société maghrébine ne peut se concrétiser qu’avec la présence de deux facteurs primordiaux : la communauté juive et la laïcité.

Toute société, n’importe laquelle, qui n’a pas dans sa composante socioculturelle une communauté juive active et libre peine à accéder à un développement solide sur les plans économique, social, culturel, artisanal, scientifique, commercial, politique, médiatique…

L’Histoire nous enseigne

Il faut avouer que la communauté juive, à travers l’histoire de l’humanité, par sa rigueur, par son savoir-faire, par le sens d’entre-aide, par la persévérance, apporte à sa société, à sa patrie, une vitalité exceptionnelle. Apporte à la société, peu importe la majorité qui domine, un souffle de renouvellement, de stabilité, de défi et d’optimisme historique. Les juifs maghrébins, par leur appartenance à la population autochtone, par leur enracinement dans la terre de Tamazgha représentent une partie intégrante de l’Histoire humaine de la région. Ils n’appartenaient pas à l’imaginaire européen. Leur train de vie, sur les plans artistico-culturel, art culinaire et art vestimentaire, se croisait avec le quotidien des autres autochtones, les Berbères et les Arabes musulmans.

Leur existence faisait la diversité dans l’unité, dans le camp des autochtones

Séparer pour mieux régner c’était la politique de la colonisation : séparer les Kabyles des Arabes, séparer les juifs des musulmans

Au Maghreb, l’histoire tragique et violente qu’ont vécue les juifs maghrébins, et qui a poussé ces citoyens à quitter leur pays, leur quartier, abandonner leurs rêves, laisser leurs chansons et leur voisin, s’est produite durant les guerres d’indépendance, pendant les indépendances nationales, puis avec les événements qui ont accompagné et qui ont suivi la guerre de juin 67 entre les pays arabes et Israël

Sans doute, les nouvelles générations élevées dans le “un”, coupées du monde, bercées dans la haine, loin de la diversité, ces générations n’arriveront jamais à saisir cette réalité historique de l’Histoire commune des autochtones du Maghreb

Certes, il y avait des Juifs qui ont pris le camp de la colonisation, mais il y a aussi beaucoup de musulmans ont pris le camp de cette même colonisation. Certes, aussi parmi les juifs, il y avait des martyrs pour la révolution algérienne, pour l’indépendance de l’Algérie. Fernand Iveton condamné à mort, guillotiné le 11 février 1957, en est un exemple vivant dans la mémoire de notre Histoire de libération. Par l’exode massif des Juifs maghrébins, les pays d’Afrique du Nord ont perdu une grande partie de leur patrimoine, une partie de leur mémoire, ont perdu une importante expérience en le savoir-faire accumulée au cours des siècles

Le départ de ces citoyens juifs maghrébins a créé un énorme vide dans tous les domaines. Des villes, à l’image de Tlemcen, Oran, Blida, Alger, Constantine, Fès, Casablanca, Rabat, Assela, Tunis, Djerba…pour ne citer que celles-ci, se sont retrouvées amputées d’une synergie créative irremplaçable. Amputées d’un membre des leurs. Les quartiers qui, jadis, étaient emplis de vie, portés par une volonté humaine inégalée, et par le travail, et par l’art des métiers, et par la concurrence loyale, se sont métamorphosés en quartiers tristes, fanés, où la vie tourne au ralenti et sans goût. La musique qui jadis rassemblait les uns et les autres, la religion de tout le monde, Reinette l’Oranaise, Maurice El Medioni, Cheikh Raymond, Mostapha Skandarani, Larbi Bensari, Fergani, Fadila… les associations de la musique andalouse… ce monde de beauté, de fête et de rêve est en voie d’extinction. Une nuit pesante est tombée sur les villes et sur les âmes !

Amine Zaoui

Source tunisiefocus

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1 Comment

  1. Oui ce que vous dites est exact.!!
    Mais l’arrivée des francais a liberé la population Arabe de l’esclavage Othoman. Cela beaucoup de monde l’oublie. Sur la Casba d’Alger, flottait en 1830, un drapeau Turc, pas Algérien.
    Pour la Maroc, sa population juive devez etre aujourd’hui d’un million de personnes. Après le Malheur de la seconde guerre mondiale, le judaisme Maghrébin aurait du prendre la relève de la Pologne.
    Des dixaines d’éducateurs étaient aussi venu d’Algérie et de Turquie pour enseigner dans les écoles juives entre autres. L’Afrique du Nord par ses dirigeants et ses Rabbins avaient choisi de rentrer dans le ” moderna “. C.a.d Tradition et Modernité.
    Le monde Arabe avec a sa tete le Grand Mufti de Jérusalem Al Husseini, avait décidé du nétoyage ethnique de Baghdad (Farhoud 1et2 juin 1941) jusqu’a Casablanca. Maintenant nous sommes dans le grand bled Al Yahoud, Al Mellah Kbir, La Hara Kbira du Moyen Orient. Si vous avez besoin de quelque chose, nous vous aiderons avec plus de sécurité. Il faut ouvrir une nouvelle page.

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