Paulette, Georgette, Eugène… cibles privilégiées des arnaques par téléphone

Pour repérer leurs victimes, les escrocs cherchent les prénoms anciens dans l’annuaire. A l’image de Paulette, une habitante de l’Oise de 80 ans qui a été délestée de l’intégralité de ses économies, plus de 24000 euros.

Illustration. Les malfaiteurs cherchent dans l’annuaire des personnes dont le prénom laisse à penser qu’elles sont nées dans la première moitié du XXe siècle. LP/Juliette Duclos

« Je vous appelle pour vous prévenir, vous risquez 224 000 euros d’amende. » De l’autre côté du téléphone, Paulette, habitante de Bresles, dans l’Oise, tique : elle n’a pas connaissance de devoir de l’argent au fisc. Et puis, une telle somme pour un impayé de 342 euros ? Elle n’y croit d’abord pas. Mais l’homme, un certain « M. Leroy », l’assure : il est un « agent des Finances publiques ». Alors Paulette, destabilisée, suit ses consignes.

Le 23 juillet dernier, elle envoie un virement de 22 000 euros vers un compte basé en Allemagne. Quelques jours plus tard, elle passe par un service de transfert d’argent dans la ville voisine de Nogent-sur-Oise, pour envoyer une enveloppe de 2550 euros, mystérieusement transférés à Jérusalem. Soit la majorité des économies que la retraitée avait mises de côté pour finir ses jours. Paulette comprendra plus tard qu’elle a été victime d’« hameçonnage vocal » ou fraude téléphonique.

Des signalements mais peu de plaintes

Paulette n’est pas la seule dans ce cas. Selon la Direction départementale des finances publiques de l’Oise (DDFiP), une dizaine de cas sur plusieurs villes, notamment Beauvais, Liancourt ou Saint-Just-en-Chaussée, ont été signalés. Du côté de la gendarmerie, on parle de « quatre cas d’appels frauduleux depuis juillet, qui n’ont pas tous abouti à un envoi d’argent ».

Si certains ne tombent pas dans le panneau, d’autres se font avoir mais ne vont pas non plus porter plainte. Selon la DDFiP, les escrocs seraient basés à l’étranger. Faute de pouvoir remonter jusqu’à eux, les enquêtes n’aboutissent pas souvent, ce qui décourage d’avance les éventuels plaignants.

« Ils attendent de repérer une voix chevrotante »

« Les escrocs sont de plus en plus professionnels, assure Julien Rollet, administrateur des finances publiques. Fini les mails bourrés de fautes d’orthographe. Désormais les faux agents appellent directement dans les foyers, et savent convaincre. » Leur cible privilégiée : les personnes âgées, plus vulnérables, choisies dans l’annuaire en fonction de leur prénom. « Plusieurs femmes du nom de Paulette ont été victimes d’appels frauduleux », explique le professionnel.

« Ils enchaînent les coups de fil et attendent de repérer une voix chevrotante, abonde un policier spécialisé. Leurs méthodes changent régulièrement. Parfois c’est une amende à rembourser, d’autres fois un achat faussement passé sur Internet, ou une facture impayée… »

Le téléphone de Paulette, 80 ans, sonnait plusieurs fois par jour : « Ils menaçaient de me saisir la maison, disaient que je risquais une peine de prison. » LP/C.H.

Pour le cas de Paulette, la victime a reçu un appel d’un prétendu agent public, qui lui propose de régulariser sa situation, prétextant une anomalie dans son dossier. Autre point de convergence : les transferts d’argent. « Des sommes escroquées, plusieurs ont atterri en Israël », constate Julien Rollet.

Si la pratique était peu courante dans l’Oise, ce type de fraude correspond pourtant à une tendance nationale, pointée en mai par la Direction générale des finances publiques. « On a sensibilisé nos agents aux guichets pour qu’ils interviennent, s’ils voient un client envoyer une somme importante en liquide », explique la DDFiP.

Chez Paulette, le téléphone sonnait quatre à cinq fois par jour. « Ils m’appelaient parfois au saut du lit et m’embrouillaient l’esprit avec toutes les démarches à faire. Ils menaçaient de me saisir la maison, enchaîne-t-elle, ils disaient que je risquais une peine de prison. » Paniquée, la vieille dame n’y voit que du feu

Source : Clara Hagel, Le Parisien

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