Les casseurs ne pillent pas les librairies par Michèle Chabelski

Bon
Lundi

L’expérience est souvent riche d’enseignement.

Et ces samedis insurrectionnels, dits sabbats shopping le démontre avec éclat.

On ne va pas répeter ad nauseam que les revendications des GJ sont légitimes parce que mener une vie spasmodique dès le milieu du mois en se tisonnant les méninges pour savoir comment faire pousser les euros nécessaires à la bouffe des gosses est indigne d’une société mature.

Non.

Je parle des individus qui profitent du samedi pour faire leurs emplettes.

Et là, on se rend compte que certains commerçants ont manifesté un certain flair. Pour ne pas dire un flair certain.

Je veux parler des libraires.

Car les clients du samedi ont cassé des banques à la recherche de tresors de guerre , ils ont pillé..

Ben essentiellement des boutiques de portables.

Mais de librairies, point.

Ils ont pillé des bijouteries.

Mais de librairies, point.

Ils ont pillé des magasins de fringues et de baskets.

Mais de librairies, point.

Sur le marché de la casse sabbatique, la librairie culmine au point zéro.
Les livres ne font pas recette.

En matière de culture, le pavot et la marie jeanne caracolent avec éclat devant Goncourt et Renaudot.

Même Amelie Nothomb et Marc Levy sont écartés de la transe collective.

Pas le moindre roman policier dans le panier de ces clients, ni de livres de recettes sans gluten, sans viande, sans lactose, sans.. Quasiment sans bouffe en fait.

Ni d’encyclopédie des gros mots, des mots rares et des bons mots,leur glossaire perso suffisant largement à alimenter les conversations du coin du feu devant un âtre crépitant …

Les essais, biographies, romans historiques, tribunes politiques , n’ont pas chatouillé leur soif de culture.

Les interviews de célébrités par des journalistes encore plus célèbres n’ont pas attisé leur désir , pas plus que les autobiographies de chanteuses étalant leurs giries sur 300 pages avant de conclure, le sourire aguicheur, faites comme moi: croyez en vous.. Tout peut arriver..

T’as raison, et ce qui peut aussi arriver, c’est de finir sur un trottoir de Buenos Aires..

Non je déconne..

Les actrices expliquent sans rire qu’elles trottinaient sur un trottoir parisien quand un directeur de casting,pétrifié par tant de beauté, leur a proposé le premier rôle de la guerre des étoiles.

Elles ont bien sûr refusé,appelées à d’autres fonctions chez Franprix , mais devant l’insistance du monsieur et ne souhaitant pas priver le monde de leur génie lyrique, elles ont finalement accepté de commencer la carrière que l’on sait dans « L’inqualifiable viol de soeur Marie Zenobie du Rosaire de St Martin », oeuvre dont le succès préfigurait les suites 2 ,3 et 4 des vicissitudes de la nonne aux irrésistibles appas.

Bref.

Nous nous sommes un peu éloigné des casseurs du samedi comme il y avait eu les cyclistes du dimanche, je tentais juste à la hauteur de mes modestes moyens d’analyser les raisons de la miséricorde accordée aux libraires.

La conclusion étant qu’il vaut mieux en ces jours insécures vendre des icônes en bois polychrome que des I phones X.

Que cette journée vous offre la serenité et la concentration nécessaires a la lecture d’un bon livre qui vous emmène loin des pavés et des voitures calcinées.

Je vous embrasse

Michèle Chabelski

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