La philosophie contre la force par Pierre Saba

Invité par l’association de sciences politiques de Paris « Critiques de la Raison européenne », le philosophe français Alain Finkielkraut a été empêché d’intervenir le 23 avril 2019 dans les locaux de l’école et n’a ainsi pu développer le thème prévu intitulé « Modernité, héritage et progrès ». Un « rassemblement général » et organisé de militants violemment opposé à la venue du philosophe s’est interposé devant l’école afin de lui en interdire l’accès. Annulée par la force, l’intervention de Finkielkraut a été reprogrammée en une école de la rue de l’Université sous protection des forces de l’Ordre.

Le philosophe français fait régulièrement l’objet de boycott, d’invectives, de violences dont certains présentent un caractère antisémite avéré.

En toutes hypothèses, les méthodes employées pour faire taire Finkielkraut sont rarement usitées à l’encontre d’autres intellectuels. Elles sont toujours inopérantes.

Elles illustrent le caractère délétère de l’intolérance, de la virulence et de la Force qui se développe dans la vie publique française depuis plusieurs années. Les faits considérés indiquent que l’enseignement supérieur n’en est pas épargné.

Pierre Saba

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2 Comments

  1. Pourquoi l’Enseignement supérieur serait-il épargné ? Il diffuse les savoir et compétences nécessaires à la reproduction de la société.
    L’éducation, c’est à dire la transmission de valeurs et l’opposition aux barbaries, est du rôle de l’école (l’existence de deux ministères distincts reflète bien la séparation de ces objectifs).
    Ainsi, l’Enseignement supérieur, en ce qu’il reçoit en amont et produit en aval, est l’exact reflet de la société. De son état sinon de son projet.

    Il existe des minorités agissantes aussi bien à Notre-Dame des Landes, sur les ronds-points, à Sciences-po, et en de nombreux autres lieux. Elles ont en commun le manichéisme, l’aveuglement, la brutalité que confère la certitude d’incarner à la fois, la “juste cause” et le “sens de l’Histoire” (l’un et l’autre allant toujours de pair !)

    Alain Finckielkraut est devenu, non le bouc émissaire, mais l’ennemi totémique de certaines d’entre elles. Certaines ?
    Le significatif et l’inquiétant est que, du boulevard Montparnasse à la rue des Saints-Pères, face à ceux qui se proclament les “laissés pour compte de la société” comme à ceux qui postulent pour en être “l’élite”, c’est le même totem qui fonctionne. Cible idéale des haines, des ressentiments, des frustrations et jalousies. L’ENNEMI qui permet à la fois l’économie de la réflexion et la fédération des colères.
    Le JUIF caricaturale créature des antisémites…

  2. Il serait plus que temps de déradicaliser nos universités, mais je ne me fais pas d’illusion : les gouvernements pratiquent la culture du déni, pour ne pas dire plus. On sait aujourd’hui que l’UNEF est une vitrine officielle de l’extrême droite décoloniale (voir les tweets abjects de sa vice-présidente). Lors des manifestations étudiantes de l’année dernière on a vu des tags racistes incitant au viol ou au meurtre des Blancs et des Juifs. Personne n’a cependant réagi au niveau politique. Certains milieux universitaires (sociologie, sciences politiques notamment) sont devenus de véritables repères de fachos indigénistes et intégristes, or n’importe quelle société qui laisse perdurer une telle situation est foutue. Finie. Alain Finkielkraut a plusieurs fois déclaré que la situation en France risquait de devenir intenable, pas seulement pour les Juifs mais pour tous les démocrates et pour les intellectuels : après la tentative de censurer une pièce d’Eschyle, on en a une de fois plus la l’illustration accablante.

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