La médaille des Justes pour une famille de Corrèze qui avait protégé des juifs

Une belle histoire qui a eu lieu à Favars, non loin de Nespouls. Lors de l’occupation allemande, la famille Serre a accueilli de 1942 à 1944 Jachet et Tina Adler, réfugiées juives.
Médaille des Justes. Jean-Paul Serre et Alice Zunszajn. © Elise BAIERA

L’occupation allemande pendant la Seconde guerre mondiale a séparé des familles, mais elle a également permis à des liens forts de se créer. C’est le cas pour les familles Serre et Adler qui, aujourd’hui encore, sont restées en contact. Jean-Paul Serre et Alice Zunszajn racontent l’histoire de leurs ascendants, Jachet (Jetty) Adler, sa fille Tina et Thoinette Serre et son fils Alfred.

Originaire de Pologne, Jachet Adler est née à Brody en 1888. Cette ville, aujourd’hui en Ukraine, comptait une importante communauté juive à l’époque. Avec son mari, Mako Adler, ils se rendent à Vienne, en Autriche. « La vie n’était pas trop mauvaise là-bas, confie Alice Zunszajn, la petite-fille de Jachet Adler. De plus, Vienne était l’itinéraire que prenaient les Juifs polonais avant de se rendre en France ». C’est le 31 mai 1924 que naît Tina, la mère d’Alice Zunszajn.

En 1925, Jetty arrive à Paris avec sa fille qui n’avait que quelques mois. Son mari, Mako, les avait précédées en 1924. « Pour ma grand-mère, la France, c’était le paradis. Le pays des Droits de l’Homme, de la liberté. L’aboutissement d’un long cheminement », indique Alice Zunszajn.

La famille Adler habite au boulevard Beaumarchais à partir de 1930. Ils travaillent dans le commerce de la fourrure, dans un atelier du 10 e arrondissement dès 1926.

« Pourquoi fuir ? »

En 1942, Paris est occupé. Début juillet, des bruits circulent sur des arrestations qui vont avoir lieu. « Ma mère a décidé d’aller se cacher chez une amie, mais mes grands-parents ne voulaient pas faire de même car pour eux, leurs papiers étaient en règle alors pourquoi fuir ? », raconte Alice Zunszajn. Le 16 juillet, les parents de Tina sont « raflés » et emmenés au Vel d’hiv avant d’être internés à Drancy.

Mako Adler réussit à s’échapper en soudoyant un gardien. Il parvient de la même façon à faire sortir Jetty, le 5 août 1942. Cette dernière décide de partir avec Tina en zone libre, à Favars, chez la famille Serre. « Ma mère et ma grand-mère ont choisi cet endroit car Hélène, la sœur de ma grand-mère, vivait déjà ici avec son mari et son fils, Richard, dans une maison appartenant à la famille Vergne, des agriculteurs à Favars », précise Alice Zunszajn.

Jusqu’en 1944, les deux femmes sont logées dans une pièce inoccupée sans eau, ni électricité, dans une dépendance en face de la maison des Serre. « C’était un accueil vraiment généreux et sans contrepartie. Alfred Serre et son épouse, Maria, avaient 57 et 52 ans. Thoinette, la mère d’Alfred avait 80 ans. Une famille humaine pour qui ma grand-mère et ma mère étaient avant tout des réfugiées de guerre avant d’être des juifs », développe Alice Zunszajn. En compensation de l’hébergement, Jetty fait de la couture pour remercier les habitants.

 

À partir de 1943, les Allemands patrouillent souvent dans la région. Les alertes sont fréquentes et Tina et sa mère doivent se cacher dans une cabane pour les brebis appartenant à la famille Serre, située à une centaine de mètres du village, à l’orée du bois. « C’était une période d’insécurité permanente pour Tina. Un très mauvais souvenir pour elle, commente Jean-Paul Serre, petit-fils d’Alfred Serre. Mais malgré les risques considérables encourus par ma famille, ils n’ont jamais arrêté de cacher Jetty et Tina ».

Reconnaissance

En septembre 2015, Alice Zunszajn et sa mère engagent des démarches afin de reconnaître à la famille Serre le titre de Justes. Le dossier a été déposé au comité français pour le Yad Vashem, à Paris. Vérification de la cohérence des deux témoignages de personnes sauvées (Tina et Richard), du témoignage d’une personne non-juive… L’enquête est minutieuse. Quand tout semble correct, le dossier part au Yad Vashem de Jérusalem. Si la démarche est longue et consciencieuse, c’est parce que la médaille des Justes est la plus haute distinction civile de Jérusalem.

Ce dimanche, Jean-Paul Serre et sa fratrie, Michel, Colette et Monique, recevront la décoration au nom de leur famille pour féliciter l’acte de bravoure et de courage. La cérémonie aura lieu à la salle communale polyvalente de Nespouls. Une plaque sera érigée sur l’habitation qui a recueilli Jetty et Tina Adler.

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