Pour honorer Loulou, Laissons partir les haines, par Sarah Cattan

J’avais un Père, m’écrivit un jour Emmanuelle. Nous L’avions confié à la Fondation Rothschild. Un jour qu’il se promenait dans leur jardin, il tomba dans un fossé sans protection.

Personne n’y vit rien. Mon Père y resta un temps suffisamment long avant d’y être retrouvé par le cuisinier. Il avait fait une hémorragie crânienne qui allait lui être fatale. J’ai du débrancher son assistance respiratoire 2 jours plus tard.

Depuis, chaque matin, je me réveille et je me dis que je vais l’appeler. Avant de me souvenir qu’il est vraiment parti.

La faute à un jardin sans surveillance. Sans présence. Sans caméra. En plein Paris.

J’avais un père.  A quoi pensait-il avant que le sang ne dévastât son cerveau. Seul. Tombé. A terre. Juste lui. Le trou. Le ciel : question à jamais sans réponse. 

Ce fut là l’acte I de ce qui aurait pu ne rester qu’un drame intime. Une tragédie que tous nous connaitrions : perdre son parent. Mais pas de cette façon-là.

De cette façon-là. Peu de temps en effet pour qu’à la douleur s’ajoutassent colère et révolte. Et puis ce zeste de force, celle qu’Emmanuelle alla chercher loin, très loin, dans l’insoupçonnable, parce que se taire lui était impossible.

Nous passerons aujourd’hui sur la plainte. Sur l’enquête. Sur ce qui aurait pu se limiter à une guerre, au-delà du chagrin. Une guerre avec le Directeur du somptueux établissement : La Fondation Rothschild. Jouer le jeu. Se taire. Ne pas communiquer sur le dossier, entendez le cadavre de ce père.

Les filles de Loulou trouvèrent en l’amour pour ce père la force d’obtempérer. D’accepter les mots de La Fondation: ne faites pas de vague et nous vous proposerons quelque chose.

Se taire. Attendre dignement. Ce petit quelque chose qui, à l’évidence, ne leur rendrait pas ce Père.

Le dossier fut traité. Les filles de Loulou acceptèrent la proposition. Le deal. Elles acceptèrent de laisser partir ce père, Elles acceptèrent de laisser partir ce père, n’oubliant à aucun instant que seule la négligence l’avait assassiné.

Celle qui jamais n’aurait dû arriver au sein de La Fondation tant louée.

Laisser partir Loulou…. Et laisser entrer le soleil qu’il aimait tant.

Si une des jeunes femmes associerait toujours désormais la naissance de son Bébé à mort de son Père, deux orphelines aujourd’hui vont clore le dossier : Laisser partir Loulou…. Et laisser entrer le soleil qu’il aimait tant.

Vous qui ne l’avez pas connu, retenez ces quelques mots qui parlent de lui : Imaginez un humaniste. Un idéaliste. Un doux rêveur. Un homme avide de liberté. Un lecteur. Un observateur. Un philosophe. Un homme généreux. Un arc en ciel. Un homme qui donc avait besoin de l’orage. Un impatient. Un amoureux de la Nature. Un esprit acéré.  Un Juif qui balança  entre illusions et désillusions concernant Israël, pays duquel il rentrait à chaque fois un peu plus fâché. Un peu plus déçu.  Lui ce pacifiste qui nourrissait chaque matin ce couple de pigeons ramiers auxquels il parlait avec tendresse. Un homme qui vivait entouré de fleurs. De couleurs. Qui légua à ses filles un héritage atypique.

Imaginez enfin un homme resté un peu un enfant. Un être blessé qui disait avoir été un enfant mal aimé. Imaginez un homme qui plia devant la maladie. Se résigna.

Imaginez enfin un homme qui sut, à temps, demander pardon à ceux qu’il avait pu offenser.

Pour honorer Loulou, Laissons partir les haines 

Pour honorer Loulou, Laissons partir les haines

Tout désormais est sous contrôle : La fondation a failli, mais a retrouvé son honneur en rendant Justice.

Aujourd’hui 18 juin à 18 heures, M. Éric de Rothschild, Président de la fondation Rothschild, en présence de Séverine et Emmanuelle Halioua, dévoilera une stèle à la mémoire de Loulou Halioua, mort le 24 mars 2017. Le jardin de la Fondation portera son nom pour rappeler son souvenir.

Sarah Cattan 

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