J’ai lu Courants d’air. De Nathalie Bianco. Stéphanie Isidor

Les Courants d’air. Nathalie Bianco

Je l’ai dévoré en quelques heures ton livre, Nathalie Bianco.

Je suis passée par plein d’émotions.

J’ai ri, pleuré, me suis reconnue dans plein de situations.

Celles qui ponctuent désormais ma nouvelle vie de maman fraîchement séparée.

Ton style est absolument délicieux.

On dirait du Sempé au féminin tellement on a l’impression d’être là avec toi, d’être parfois Toi (même si les bouteilles de vin je les remplace plutôt par des diabolos. Je sais j’ai des goûts un peu douteux…)

Et cet humour, cet humour imparable que tu as, cet humour comme bouclier face à certaines situations…

Tes courants d’air froid dus aux enfants qui grandissent trop vite, au caractère éphémère de la vie, du bonheur, de l’amour font souvent également frissonner la mienne.

Tes courants d’air chaud engendrés par les valeurs qui se dégagent de ton livre, telles que l’amitié, la famille, l’urgence de vivre intensément sans essayer de se trahir, ont réchauffé ma lecture.

En fait, froids ou chauds, ce sont des courants d’être…  (je sais le jeu de mot est comme mon goût pour le diabolo, risqué 😊)

Alors chers z’amis virtuels et les autres qui likez mes selfies bidons, Qui suivez mes aventures trépidantes (sic) sur mon mur avec toujours beaucoup d’affection, vraiment plongez-vous vite dans ce livre.

C’est un instantané de vie et il y a forcément un bout de vous dedans.

Pour info, Stéphanie Isidor n’est pas critique littéraire. Elle le dit elle-même :

Je suis juste une nana qui a aimé un bouquin.

Une nana lambda sur Facebook qui poste des selfies Et qui a aimé un livre.

Extraits

Extrait 1 Jour 1

Chère Béa,

Tu m’avais prévenue.

Tu avais raison. Ça fait bizarre.

Un soir de mars, on referme pour la première fois la porte de son nouvel appart.

Un soir de mars, on se retrouve au milieu des cartons, des livres et des valises.

Un soir de mars, on se dit : « Voilà, ça y est. »

Je suis chez moi.

Je suis célibataire.

J’ai trois enfants.

J’ai la vie devant moi.

Je suis vieille.

Je suis toute gaie.

Je suis si triste.

J’ai peur.

Invincible, voilà ce que je suis.

Je veux revenir en arrière.

Je ne reviendrai en arrière pour rien au monde.

J’ai envie de fêter ça.

J’ai envie de pleurer.

J’ai faim. Du fromage et du saucisson.

Je vais vivre sainement. Des poires et des brocolis.

Et de l’eau fraiche et pure, beaucoup.

Ce qu’il me faut, c’est une bonne cuite.

Je ne retrouverai jamais personne.

Baiser. Forniquer. Copuler. Il faut que je voie si je sais toujours faire.

Le monde m’appartient. Je suis la déesse de la Liberté.

J’ai tout raté. Je n’y arriverai jamais.

Le monde m’appartient.

Et ainsi de suite….

Un soir de mars, un peu incrédule, on fait le tour de son nouveau chez-soi. On laisse trainer ses yeux sur les pièces vides, dans lesquelles s’entassent les cartons et le peu de meubles qu’on a emporté.

On se sent seule.

Et puis, d’un coup, ils arrivent et tout s’envole. De vrais courants d’air. Qui se transforment en vents violents. Puis en tempête. Ils sont là. Ils ont faim. Ils veulent savoir si on peut brancher la télé. Ils cherchent leurs jouets, leur console et même leurs vieilles peluches. Je préfèrerais qu’ils cherchent leurs cartables. Ils disent, pleins d’espoir : « Ça arrive de perdre ses affaires de classes dans un déménagement, hein ? ».

Ils veulent des pâtes. La cuisinière à gaz n’est pas encore branchée. J’hésite… Et puis, j’imagine les titres des journaux : « Une mère de famille fraichement séparée périt asphyxiée avec ses trois enfants ». Non. Rectificatif : « Une superbe jeune femme, héroïne des temps modernes, sauve ses trois enfants d’une mort par asphyxie ». Mieux !

Il faut que j’aille chez le coiffeur de toute façon. Je ne peux pas faire la Une des journaux avec la mèche terne et triste.

Bref, je te raconte tout ça pour que tu saches que ça y est, nous sommes installés, et que ça va aller.

Ça t’ennuie si je t’écris de temps en temps pour te raconter ?

Je t’embrasse Ma Béa.

Extrait 2 :

Je suis tes conseils : il faut remplir le vide, même d’air, de bulles et de peu de choses, mais il faut remplir.

Et en parlant de remplissage, je viens de m’inscrire sur Tinder. En trois jours, j’ai déjà eu quatre matchs !

Je remplis, donc, et je te raconte mon week-end de quarantenaire célibataire :

14 h : rdv avec un assez joli Tinder boy, pour boire un verre à une terrasse ensoleillée. Conversation détendue, légère. Et puis, c’est très agréable de sentir un regard appréciateur sur soi. Dommage qu’il ait une haleine de poney. Comme quoi, on peut avoir de beaux yeux verts et des problèmes de foie ou de digestion. Jamais je ne pourrais même imaginer de l’embrasser. Tant pis, j’ai besoin de me remettre en selle question séduction, de retester mon sourire-enjôleur-de-quand-j’étais-jeune-celui-avec-toute-les-dents-que-j’ai-copié-sur-Marylin.

(En plus, j’arrive assez bien à sourire sans respirer)

Bon, au bout d’un moment, la séduction en apnée a ses limites. Je prends tout de même congé, une heure plus tard, au moment précis où mes poumons protestent et où tout mon organisme commence à souffrir du manque d’oxygène.

15 h 30 : je suis prise d’une frénésie de shopping. J’en ai marre de mes tenues pratiques et fonctionnelles. Je veux de la séduction, du chien et de l’élégance, je veux ressembler à ces filles sublimement classe qu’on voit dans Vogue et Elle. La Parisienne, voilà mon modèle : une grande fille toute simple pétillante, vive, fine, stylée et toujours furieusement chic. Inès de La Fressange. Voilà, j’ai trouvé ! Je veux être Inès de La Fressange.

En version provinciale.

Plutôt petite ville de province d’ailleurs

Et en taille 40.

Pas si grande que ça, non. Mais pas petite non plus. Disons : moyenne.

Taille 42 plutôt.

Je t’emmerde, Vogue !

Broché. 237 pages. Editeur : Independently published. 4 juin 2019

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