Désobéir : des policiers et gendarmes sous l’occupation ( 1940-1944 )

Selon Laurent Joly, ( L’Etat contre les Juifs ), seul un haut fonctionnaire, Gustave Monod a refusé d’appliquer le statut des Juifs en 1940, seul le général de Saint-Vincent, gouverneur militaire de Lyon refuse de mettre ses soldats à la disposition de l’intendant de police pour arrêter les
juifs, et seul les policiers de Nancy ont désobéi aux ordres.

L’auteur oublie totalement les 67 gendarmes et policiers reconnus comme Justes, et les nombreux autres qui sont mentionnés dans mes ouvrages. Une aberration historique, un refus d’affronter la réalité, et avant tout la volonté d’accuser Vichy et ses fonctionnaires au risque d’ignorer la présence des autorités allemandes.

Limore Yagil

 

Engagées en première ligne dans la politique de contrôle et d’exclusion du gouvernement de Vichy, la gendarmerie et la police devaient plus que toute autre institution affronter le cruel dilemme : « servir face à l’ennemi ou servir l’ennemi ». Une partie des gendarmes et des policiers ont appliqué les ordres par vice, par fanatisme, par discipline, par antisémitisme, par aveuglement, par indifférence, par peur ou par intérêt. Mais nombreux sont ceux qui ont aidé à dissimuler des armes, à faire passer la ligne de démarcation ou la frontière à des Juifs, à cacher des résistants et autres fugitifs, à faire libérer certains, etc. Même s’ils n’ont pas rejoint un réseau ou un mouvement de résistance, leur activité ne doit pas être oubliée, car elle a permis de sauver des vies. Or cette histoire-là est totalement ignorée.

Désobéir aux ordres, pour un gendarme ou un policier, c’est aller à l’encontre de toute sa formation initiale. Une attitude d’autant plus difficile à adopter en période de guerre et d’occupation. Mais ce livre démontre qu’il était possible de refuser d’obéir aux ordres de Vichy ou des Allemands. Face à une histoire traditionnelle, qui met en avant l’activité des policiers ou des gendarmes qui ont appliqué avec un zèle excessif les lois et les ordonnances, il convient de « remettre les pendules à l’heure » et de révéler une autre histoire, celle des gendarmes et des policiers qui ont risqué leur vie pour secourir d’autres personnes. Cette fresque sans concession ni faux-semblant, basée sur de nombreux documents d’archives étudiés par l’auteure depuis une dizaine d’années, met à mal nombre d’idées reçues.

L’auteure :

Limore Yagil a enseigné à l’université de Haifa et de Tel-Aviv en Israël, elle est actuellement professeure habilitée à diriger des recherches d’histoire contemporaine et chercheuse à la Sorbonne. Spécialiste de l’histoire culturelle et politique de la France sous l’Occupation, elle a publié une dizaine d’ouvrages portant principalement sur cette période et sur les modalités du sauvetage des Juifs. Parmi ses ouvrages : L’homme nouveau et la révolution nationale (PUL 1997), Chrétiens et Juifs sous Vichy : sauvetage et désobéissance civile (Cerf 2005) et Au nom de l’art 1933-1945 : exils, solidarités et engagements (Fayard, 2015)

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4 Comments

  1. Le 16 juillet 1942 j’ai voulu prévenir une cousine de la rafle. A mon entrée chez elle la police était déjà là. On m’a demandé ce que je venais faire. J’ai répondu « je viens jouer avec Doudou (7an) ». Un policier m’a alors dit « c’est cela, pars avec lui jouer dans la rue ». J’ai tendu la main vers Doudou,mais la maman a dit « non,il reste avec nous »
    Je suis parti et n’ai jamais revu Doudou, ni sa mère, ni ses deux sœurs.
    J’avais 12 ans et ma mère venait de me faire sauver devant des flics intraitables. Elle est partie à Drancy mais en est heureusement revenue . C’est une autre histoire.

  2. Livre non documenté. En Auvergne, ma famille et de nombreux juifs ont été protégés par des gendarmes même s’ ils n’ont pas reçu la médaille des Justes. Et c’est le cas dans de nombreuses régions. On confond la haute hiérarchie et le français de base, souvent un très brave type.

  3. Le cas de l’Auvergne n’est pas exceptionnel, c’est précisément ces cas que l’historienne Limore Yagil relate dans son livre basé sur de nombreux documents d’archives: Désobéir. Des policiers et des gendarmes sous l’Occupation, un ouvrage qui fera date.

    • Limore Yagil israélienne et historienne reconnue , chargée de mission à La Sorbonne, n’a cessé d’apporter les preuves que sous le régime de Pétain, la désobéissance civile des fonctionnaires de Vichy jointe à la solidarité de beaucoup de français non juifs a permis que les 3/4 des juifs de France aient la vie sauve . Ce n’est pas le régime de Vichy qui a permis ce sauvetage mais, dans la cadre du régime vichyssois, les citoyens eux mêmes et surtout une partie des policiers, gendarmes, élus municipaux, insituteurs et professeurs . Quand Eric Zemmour écrit la même chose, il y a une levée de boucliers unanime parce qu’une fois pour toutes, il a été décidé que rien de positif ne devait être dit concernant Vichy ! Limore Yagil détaille le nombre de Justes parmi les Nations que Yad Vachem a reconnus en France pendant la barbarie des allemands nazis.

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