Israël : une ligne téléphonique pour les femmes Haredim

Un réseau a créé une assistance téléphonique en Israël pour aider les femmes ultraorthodoxes victimes de mauvais traitements au travail. Lundi 12 novembre, le mouvement a présenté son rapport à la Knesset.

Crédit : Abir Sultan/Flash90

Dans la salle du « comité du travail et de la protection sociale » de la Knesset – le parlement israélien –, les échanges sont vifs. À l’ordre du jour, lundi 12 novembre, le rapport que le Réseau des femmes israéliennes a consacré à sa ligne téléphonique mise en place en octobre 2017, il y a un an, pour les femmes ultra-orthodoxes.

Cette ligne offre un espace d’écoute privilégié pour ces femmes dont on entend habituellement peu parler. Elles sont pourtant sujettes à des discriminations sur le marché du travail bien plus souvent que les autres Israéliennes. Faute de bien connaître leurs droits, beaucoup d’entre elles sont sous-payées ou peinent à faire respecter leurs acquis sociaux les plus élémentaires.

Les femmes Haredim travaillent en moyenne 20 % de moins que les autres

En un an, la ligne d’assistance téléphonique a reçu près de 900 appels. « À l’ouverture de la ligne, on espérait recevoir 300 appels en un an. Et au final, on en a eu trois fois plus », commente, satisfaite, Amit Kobo-Rom, responsable de la ligne d’écoute téléphonique, au terme d’une heure de débat mouvementé entre parlementaires, représentants du ministère du travail, membres du Réseau et femmes Haredim venues témoigner.

« Les partis ne sont pas d’accord sur tous les points, mais tous conviennent d’une chose : les conditions de travail de ces femmes doivent immédiatement changer. Nous leur avons donné une liste de recommandations. Au gouvernement d’agir maintenant », poursuit cette femme énergique, qui exerce la profession de procureur.

Alors que les femmes Haredim travaillent en moyenne 20 % de moins que les autres, elles gagnent 37,5 % de moins. Amit Kobo-Rom considère le fonctionnement des communautés Haredim comme un des facteurs de la situation.

« Source de pression »

Dans ces milieux fermés, la plupart des femmes travaillent pour d’autres Haredim. « Tout le monde se connaît », témoigne Michal Zernowitski. Ancienne candidate à la mairie de la petite ville d’Elad, cette ultra-orthodoxe a fait de la défense du droit des femmes Haredim son cheval de bataille. « La vie en communauté peut être une grande source de pression pour les femmes. Quand elles sont victimes d’abus, elles ont parfois peur de se plaindre, par crainte d’avoir du mal à retrouver du travail ensuite, ou que cela affecte la situation de leur mari ou de leurs enfants, par exemple. »

Dans une société où les hommes consacrent une grande partie de leur temps à l’étude de la Torah, les femmes Haredim sont en effet souvent la principale source de revenus du foyer. À cela s’ajoute la prise en charge des enfants, de sorte qu’elles n’ont souvent pas d’autres choix que de se tourner vers les métiers aux horaires flexibles, principalement dans le domaine de l’éducation. Ainsi, alors qu’en Israël le taux d’emploi à temps partiel est de 29,3 %, il est de 50 % chez les femmes Haredim.

Selon le rapport du Réseau des femmes israéliennes, dans la majorité des cas, les femmes qui appellent ont des questions relatives à des droits très basiques, tels que la procédure à suivre en cas de licenciement, ou les allocations de chômage. Seuls 1,5 % des appels concernent des cas de harcèlement sexuel, tandis qu’un seul portait sur les questions d’égalité salariale entre hommes et femmes. « Beaucoup de femmes qui souffrent n’osent pas encore nous parler », résume Amit Kobo-Rom. Le Réseau a de nouveau rendez-vous à la Knesset dans trois mois pour poursuivre sa défense des femmes Haredim.

Salomé Parent, correspondante à Jérusalem

Source : la-croix.com

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1 Comment

  1. Incroyable ! En effet, vous dites : « Dans une société où les hommes consacrent une grande partie de leur temps à l’étude de la Torah, les femmes Haredim sont en effet souvent la principale source de revenus du foyer. À cela s’ajoute la prise en charge des enfants, de sorte qu’elles n’ont souvent pas d’autres choix que de se tourner vers les métiers aux horaires flexibles, principalement dans le domaine de l’éducation. »
    Or, voici ce que la Torah dit, dès la genèse du Livre de la Genèse, et qui est très simple d’accès (intellectuel) : [après la désobéissance d’Adam et Eve à son ordre] « Dieu dit à Adam (…) C’est à force de peine que TU TIRERAS du sol ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car… »
    A la femme, Dieu dira : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur… »(Chap. 3, 16 à 19)
    Très clair : la PREMIERE MISSION de l’homme, dans la Torah, est de TRAVAILLER non pas d’abord dans la Torah, mais là où il peut percevoir un revenu capable de faire vivre son foyer. Travailler pour faire vivre sa famille est à l’origine la première mission de l’homme, même si Dieu n’a rien contre les femmes qui veulent travailler pour aider, par exemple, financièrement le ménage, si les soins des enfants et de la maison leur en laissent le temps et l’envie, et si c’est librement convenu avec le mari, ce qui ne semble pas être le cas chez les Haredim.
    Mais ce qui est clair, c’est que c’est D’ABORD à l’homme ramener du pain sur la table familiale…
    Alors pour ces hommes de cette société ultraorthodoxe si l’étude de la Torah est une bonne chose, néanmoins son APPLICATION PRATIQUE en est une meilleure ! La principale source de revenus du foyer est, d’après Dieu, non pas la femme mais l’homme. Pas de dérogation à l’obéissance de l’ordre divin à moins que la femme ne soit d’accord, et dans ce cas-là, que le mari s’occupe alors aussi des enfants. Autrement qu’elle ne se plaigne pas, et surtout, surtout, qu’elle ne tienne pas Dieu responsable de sa situation car Dieu n’a rien à voir dans l’inversion des rôles de l’homme et de la femme au sein de la famille, et donc du désordre qui en résulte. Dieu n’exige pas tout de la femme mais l’équilibre, avec le libre consentement, dans le couple pour le bien de la famille…
    Il serait bon que les hommes Haredim se mettent à RElire la Torah, et que les femmes Haredim, quant à elle, la lisent pour connaître dèjà les droits et les devoirs du Divin à leur égard qui leur garantissent sécurité et protection…

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