Charles Rojzman et Zohra Bitan, par Sarah Cattan

Charles Rojzman, quand tu le connais un peu, c’est le genre de mec Tu te dis Il est calme. Protecteur. Pondéré. Profond. Audacieux. Jamais fatigué. Sarcastique Sage Un zeste de folie et un humour irrésistible. Il t’écoute. Il écoute le monde. T’as envie de l’écouter. Des salles entières l’écoutent.

Appelé de partout pour résoudre des conflits, qu’ils s’exercent au sein de villes, dans des services publics ou encore des entreprises, tous déstabilisés par ces violences et haines intestines d’origines diverses, nées de l’extrémisme politique, du désir d’imposer la charia ici ou là, de conflits identitaires entre autres, ce faiseur de paix s’est interrogé sur la nature de cette violence explosive sécrétée par nos sociétés, et ne voit qu’un moyen de s’en sortir : En recréant les conditions d’une règle du jeu commune et d’une démocratie heureusement conflictuelle.

A Dresde déjà, il eut un projet fou : arrêter cette guerre civile à l’échelle d’un quartier. Ce qu’il veut, ce médecin des âmes, c’est tenter de guérir ces folies collectives en déminant, grâce à un processus de mise en confiance et de confrontation, une situation humaine explosive.

Les trois principales maladies de l’époque, il les a identifiées: cette dépression générale née de l’absence de sens et de projet commun, cette compétition qui n’accepte ni les perdants ni les vaincus, et cette paranoïa collective et réciproque  qui oppose les représentants autoproclamés du bien et du mal. Des guerres civiles se préparent dans l’ombre, répète-t-il, les expliquant par l’absence d’espoir, la perte des repères et le désarroi dans lequel chacun est plongé, au plus intime de sa vie : Nous sommes collectivement malades, assène-t-il.

La guérir, cette démocratie à bout de souffle, lui donner les outils pour qu’elle redevienne une démocratie vivante et conflictuelle au sens positif du terme : telle est la visée de la thérapie sociale.  Un leadership démocratique qui fasse autorité par sa compétence , qui accepte les remises en cause sans réagir par la violence, une pratique démocratique qui s’exerce grâce à la circulation d’une parole vraie rendue possible par la rencontre et dans le conflit, grâce à de véritables contrats entre les protagonistes, une aide pour sortir de la victimisation, principale cause des violences entre les personnes et les groupes, voilà comment, conclut Charles Rojzman, émergera une communauté nationale qui fasse obstacle aux menaces totalitaires : le XXIème siècle sera le siècle de l’apprentissage démocratique ou il ne sera pas.   

Comment celui-là pouvait-il ne pas rencontrer un jour Zohra Bithan ?

Quand tu rencontres Zohra, t’as plus envie de la quitter : moi, j’ai carrément eu envie… d’habiter avec elle. Avec Zohra et les siens.

Cette cadre de la fonction publique territoriale, ancienne conseillère municipale, porte-parole de Manuel Valls pendant la primaire socialiste, les thématiques des cités, des classes populaires, des jeunes, de la citoyenneté, du civisme sont sa priorité.

L’auteur de Cette gauche qui nous désintègre n’hésita pas à se ranger aux côtés de NKM quand ça lui parut légitime. Elle te monte au créneau pour dire à ceux qui s’interrogent à propos de l’immigration qu’il serait temps de songer à entretenir la communauté nationale qui nous fait tant défaut aujourd’hui : La France, terre d’asile et d’immigration, a oublié d’être une terre de communion entre ceux déjà là depuis très longtemps et ceux posant leurs valises plus récemment et au fil du temps.

Suite au décès en garde à vue d’Adama Traoré, elle a osé se demander s’il était justifié, le procès en racisme fait à la France.

Les banlieues de Bruxelles, de Paris et d’ailleurs, Zohra elle connaît et n’a de cesse de moquer cette rhétorique de la dénonciation de la stigmatisation des quartiers qui a entretenu l’abandon des habitants des banlieues. Ces zones grises, ces zones de non-droit, où l’information et la solidarité sont court-circuités par la loi du silence, elle, elle cherche à les soigner. Zohra Bitan, elle se demande ce que nous avons raté depuis 10 ans pour que la situation de la France soit pire encore aujourd’hui qu’au temps des émeutes de 2005 et de l’enlèvement barbare d’Ilan Halimi.

Zohra Bitan, le problème, elle le nomme : radicalisation de toute une partie des populations des quartiers sensibles. Le diagnostic courageux qui au lieu de victimiser les populations, aurait imposé la justice et les principes républicains, elle l’appelle de ses vœux.

Zohra, tu la connais sûrement : ses coups de gueule et son parler courageux font le buzz. Cette femme, elle en impose.

Sarah Cattan

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