Un mur va ceinturer la bande de Gaza jusqu’à quarante mètres sous terre

Israël s’est lancé dans un chantier sans précédent pour anéantir les tunnels offensifs des groupes armés palestiniens.

Sous Gaza se cache un labyrinthe de couloirs. L’arme la plus puissante du Hamas. Les emplacements de ces galeries creusées sous la frontière, les Gazaouis feignent de les ignorer. Car dans l’enclave palestinienne, être soupçonné de collaboration avec l’Etat hébreu peut conduire à la peine de mort. Les entrées, cela dit, sont dissimulées dans des maisons, des écoles ou des mosquées. C’est ce monde souterrain qu’Israël cherche à anéantir en construisant un mur sans précédent.

Sous les champs de poivrons de Ryad al-Nasser, «il n’y a aucun passage», affirme sans conviction le fermier du camp de réfugiés d’El Bureij. Pourtant, à moins de 300 mètres, de l’autre côté de la zone tampon qui scelle la bande de Gaza, la machinerie lourde israélienne s’accélère pour construire le nouveau mur: d’ici à deux ans, l’ouvrage s’enfoncera à 40 mètres sous terre, le long des 64 kilomètres de frontière, et la clôture de sécurité existante sera élevée à 6 mètres. Le projet colossal dépasse les 700 millions d’euros. Mais pour les Israéliens, paralyser le réseau de tunnels d’attaque du Hamas n’a pas de prix.

«Je suis inquiet», confie Ryad, le bras dans une attelle. Il a été blessé par un tir israélien lors d’une manifestation sur ses terres contre le blocus qui asphyxie Gaza depuis dix ans. «Le mur va encore faire monter les tensions», dénonce-t-il.

Risque d’escalade

Israël prévoit d’enfouir un dispositif le long de sa frontière, doté de censeurs pour prévenir le creusage de nouveaux tunnels. «Ils utiliseront de l’eau de mer, ce qui pourrait contaminer la nappe phréatique, endommager les récoltes et mettre en péril la sécurité alimentaire à Gaza», s’alarme Nizar al-Wahidi, directeur du Département des terres au Ministère de l’agriculture. A la frontière avec Israël, 20 000 cultivateurs assurent le tiers de la production du territoire.

Preuve du début des travaux: une colline de sable, devant servir de bouclier pour les ouvriers côté israélien, a été aménagée, sous l’œil attentif des hommes du Hamas perchés dans leur poste de garde. «C’est dangereux de travailler aux champs mais je n’ai pas le choix pour nourrir ma famille», lâche Ryad, qui craint de se retrouver entre deux feux.

Le risque d’une escalade est bien réel. Détruire les tunnels est considéré comme «une agression» par les brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas, confirme l’un des leaders du mouvement islamiste, Ahmad Youssef. Pour Israël, la menace des galeries souterraines est bien plus grande que les milliers de roquettes interceptées par le fameux «Dôme de fer», système de défense antimissile. Lors de la dernière guerre en 2014, ces tunnels ont permis à des commandos palestiniens d’aller tuer des soldats postés sur sol israélien, semant la terreur dans les villes voisines de la bande de Gaza.

Clôture maritime

Une trentaine de tunnels a été démolie par Israël, dont la moitié menait vers son territoire. Depuis, ils auraient tous été reconstruits, croient savoir les spécialistes. «Enfermez quelqu’un dans une cage, il se débattra pour en sortir», note Ahmad Youssef en répétant que le Hamas ne veut pas d’une nouvelle guerre. «Avec le blocus, Israël nous met au pied du mur, ce qui contribue à radicaliser certains groupes qui pourraient avoir envie de répliquer», met en garde le militant de la branche modérée.

La bataille ne se joue pas seulement sous terre. Le mur se prolongera dans la Méditerranée grâce à des quais flottants pour empêcher les hommes-grenouilles du Hamas de mener des attaques par la mer en Israël. «Notre zone de pêche sera encore plus réduite», déplore Zakaria Baker, responsable du comité des pêcheurs de Gaza. Les 4000 hommes sont déjà contraints de lancer leur filet à moins de 6 milles nautiques du rivage. «Pour 5 euros par jour, le prix d’un paquet de cigarettes, les pêcheurs risquent leur vie sur l’eau», s’indigne Zakaria, dont le neveu a été tué en mai. Tirs à balles réelles des patrouilles israéliennes, arrestations, confiscation de leur équipement…

Rouvrir Rafah

«Encore ce matin, les Israéliens ont tiré en direction d’un bateau», relève-t-il alors que les pêcheurs acquiescent en prenant une pause à l’ombre. Sur la plage, ils rafistolent leur bateau grâce à la contrebande des tunnels avec l’Egypte. «Nous devons déjouer le blocus pour réparer nos bateaux, ajoute-t-il, car Israël nous empêche d’importer les matériaux dont nous avons besoin.»

A Rafah, à la frontière égyptienne, seule une trentaine de tunnels sert encore, selon le journaliste gazaoui Mohammed Jamal. Pour faire passer des cigarettes, des médicaments… et des armes. Bien moins que les 2000 tunnels inondés ou détruits après l’arrivée au pouvoir de Fattah al-Sissi, plus hostile au Hamas que son prédécesseur issu des Frères musulmans. Au cinquième étage d’un bâtiment, un combattant des brigades Al-Qassam pointe une à une les entrées d’anciens tunnels. «Cette époque est révolue. Nous devons maintenant sécuriser la frontière contre le groupe Etat islamique présent dans le Sinaï», explique-t-il, sous le couvert de l’anonymat. Le prix à payer pour gagner la confiance des Egyptiens et rouvrir, espèrent les Gazaouis, le point de passage de Rafah, une porte vers le monde extérieur fermée presque complètement depuis 2013.

Source tdg

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1 Comment

  1. Cet article est à charge contre Israël. La source est la Tribune de Genève.

    A lire au second degré. Ca les emmerde bien qu’Israël trouve moyen de limer les griffes et les crocs des chiens enragés qui gouvernent Gaza.

    Israël vit et vivra

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