“Internationaliser l’histoire de Lili Leignel”

Lili Leignel, connue aussi sous le nom de Keller-Rosenberg, est une des rares rescapées de la Shoah. Elle a fait de sa vie un combat contre l’antisémitisme, un combat contre le racisme. Son objectif : éduquer les jeunes, les informer, les éclairer. Domitille Brown, professeure d’anglais et Mathieu Thorel, professeur des écoles et directeur se sont emparés de son histoire avec leurs élèves de troisième et de Cm1. Ils ont créé un petit film en anglais pour « internationaliser l’histoire de Lili ».

Domitille Brown enseigne au collège REP Joliot Curie de Calonne-Ricouart. Professeure principale d’une classe de troisième, elle a décidé de la nommer Leignel, en référence à Lili. Mathieu Thorel est directeur de l’école élémentaire René Camphin de Marles-les-Mines, classée REP. « Ce projet a été impulsé par Domitille qui, en tant que professeure principale, devait « nommer » sa classe » explique Mathieu Thorel. « Elle a rapidement eu l’envie de choisir Lili Leignel, car elle avait eu l’occasion de lire ses ouvrages et souhaitait permettre à ses élèves de troisième de s’investir dans un projet concernant l’histoire de Lili et le devoir de mémoire. Elle a pris contact avec Lili Leignel par le biais de Monsieur Cattiaux Loïc, principal adjoint du collège, qui avait travaillé avec Lili quelques années auparavant en qualité de professeur d’histoire au collège d’Houdain ».

Une vidéo de 10 minutes pour internationaliser l’histoire de Lili

Le couple d’enseignants, et couple dans la vie, propose donc à Lili de construire un résumé de son histoire, en anglais, pour permettre une plus large diffusion de son parcours et ainsi renforcer son souhait de former « des petits messagers ». « Domitille a eu pour tâche de visionner et lire des témoignages de Lili, de relever avec ses élèves les éléments et passages clés, pour ensuite hiérarchiser ses idées et rédiger un résumé ».

18 paragraphes ponctuent la vidéo d’un peu plus de 10 minutes. Chacun des élèves de troisième a enregistré chacun un des paragraphes en utilisant une valise de balado-diffusion – 30 baladeurs reliés à un ordinateur pour récupérer les fichiers. Le texte de cette vidéo est le fruit d’un long labeur pour les élèves de troisième. « Ils ont dû écouter différentes interviews de Lili, sélectionner, synthétiser, hiérarchiser ses idées. Puis à partir de leur notes, faire une recherche de vocabulaire et se pencher sur certains problèmes de traduction – Que faire des termes allemands par exemple? Que faire des termes qui n’ont pas d’équivalent en anglais car les deux pays n’ont pas vécu l’Histoire de la même façon? Puis enfin, la rédaction… avant de passer à la mise en voix » raconte la professeure d’anglais. « Mathieu a proposé de travailler via le numérique pour une mise en images de la mise en voix », complète-t-elle.

Le couple d’enseignants a utilisé un procédé de Stop-Motion, qui consiste à prendre plusieurs photos à la suite en déplaçant légèrement des figurines ou des objets, puis faire ensuite défiler ces photos plus ou moins rapidement pour créer un mouvement. Il s’agit en fait du principe de base du dessin animé. « Pour appuyer le travail des collégiens, les CM1 ont utilisé des figurines et briques Lego pour construire les décors, des véhicules et divers accessoires »raconte Mathieu Thorel. Les élèves de CM1 ont ainsi conçu plusieurs bâtiments, notamment tous les éléments pour représenter la vie dans les camps de concentration. « L’ensemble des photos ont été réalisées par les élèves. Mathieu s’est chargé du montage de celles-ci » précise Domitille Brown.

Un projet aux multiples apports 

Du côté des contenus, les Cm1 ont travaillé sur le livre « J’avais votre âge » dans lequel Lili raconte son histoire. « Nous avons travaillé sur l’histoire, le devoir de mémoire. Cela a aussi alimenté notre participation annuelle aux commémorations du 11 novembre ». L’utilisation des TICEs, le travail en arts visuels et sur l’espace lors de la création de décors, le développement des compétences humanistes, la fierté de réaliser un projet commun, … sont autant de compétences qu’ont développé les élèves dans le cadre de ce projet. « Et la liste serait encore longue ! »

Pour les troisièmes, le travail sur la seconde guerre mondiale est en lien direct avec le programme d’histoire du DNB. « Le travail de rédaction au passé, de mise en voix avec un travail renforcé sur la prononciation et l’intonation, l’élaboration d’un résumé – avec toutes ses compétences sous-jacentes ont aussi pris sens pour les élèves ».

Au total, le résultat final est une vidéo de plus de dix minutes, contenant 18 chapitres et 1647 photographies. Pour la restitution du projet, les professeurs ont invité Lili, 91 ans,  au collège pour « lui montrer le résultat de notre travail, démarré dès septembre et achevé mi-avril. Cette invitation a été l’occasion pour Lili de livrer son témoignage devant 400 personnes ». Les élèves sont fiers. Et ils ont de quoi ! « Il étaient fiers de construire un projet de toutes pièces, de le présenter devant Lili Leignel rencontrée le jeudi 04 mai matin, puis l’après-midi devant 400 personnes, rassemblant les élèves de 4ème et 3ème du collège, ainsi que tous les élèves de CM2 du secteur du collège ». Du côté professeurs aussi, on est fiers.  « C’est vrai, on ressent une grande fierté également. D’avoir réussi à amener nos élèves à un tel résultat, grâce à leur travail et leur implication « pour Lili ». D’avoir permis leur enrichissement culturel, mais aussi humain, face au récit et le courage incroyable dont a fait preuve Lili lors de son enfance ».

© Lilia Ben Hamouda

Pour visionner le film, c’est par ici


Réaction de Paulette Touzard

“Merveilleux, l’espoir fait vivre, grâce à ma chère Lili et aux derniers survivants des camps… Esther Senot, Ginette Kolinka, Odette Garber Levy, Joseph Schwartz , Jean-Serge Lorach, et encore quelques uns… Des forces de la nature. Après eux, il ne restera que les enfants cachés. N’oublions pas cette haine qui persiste, le message d’amour transmis par les survivants doit mobiliser les jeunes générations afin de continuer de devenir également passeurs de mémoire dans les établissements scolaires dans toute la France comme la fille de Sam Braün qui continue à transmettre l’histoire de son père dans les établissements scolaires. N’oublions pas non plus le comédien Patrick Olivier qui n’a jamais cessé de jouer le rôle de mon ami Sam Braün déporté à Auschwitz avec le titre du livre de Sam, ‘Personne ne m’aurait cru, alors je me suis tu'”. Paulette Touzard


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