C’est Versailles, par Michèle Chabelski

Bon
Mercredi

Ils étudient Louis XIV à l’école. Ainsi que quelques autres rois. Et les déboires de Nicolas Fouquet, qui donna une fête somptueuse dans son château de Vaux le Vicomte, ce qui provoqua la jalousie du roi et la chute de l’Intendant General.

Une histoire à la Carlos Ghosn un peu, vous voyez ?

Bon.

Direction le plus beau château du monde.
Les petits Français sont très excités et très fiers d’apercevoir enfin le fleuron de leur patrimoine culturel.

On a obtenu une dispense exceptionnelle de l’instit et même de la directrice, car on avait besoin de l’après-midi entière , étant bien entendu qu’on ne prendrait pas le risque d’une virée dominicale en pleine periode touristique.

Sauf que les touristes n’attendent pas le week-end pour visiter le château.

Bon .
D’abord le fleuron de la gastronomie planétaire : mc Do, puis arrivée à Versailles.

Nous restons statufiés devant la longueur de la queue.

Des millions de gens ont décidé d’admirer cette merveille le même jour que nous!!

Bon, nous marchons plusieurs minutes devant des regards goguenards pour rallier le bout de la queue , résignés mais tenaces.

Nous babillons de tout, de rien, et un monsieur s’approche.

Vous avez vos billets, bien sûr ?

Ahhhhh!
Non.

Alors il faut aller chercher vos billets.
Et il m’indique 300 m plus loin une annexe du château où je vais trouver les tickets.

La peine de mort a été abolie.
Sinon, le monsieur, couic.

Les enfants veulent m’accompagner, la jeune au pair continuera de faire la queue en attendant.

Arrivée dans l’aile de vente des billets.
L’autre moitié de la planète m’y a précédée.

Ça s’appelle l’excellence française.

Tu fais la queue 2 fois.

Seuls les plus résistants décrochent la timbale , relisez Darwin, il explique ça mieux que moi.

Bref, nous voilà dans la garçonnière du Roi Soleil.

Statistiquement sur 7 milliards d’individus peuplant la planète, un peu plus de la moitié a décidé de visiter Versailles un mardi après-midi.

Nous avançons à la vitesse moyenne de 2 m à l’heure.

Je porte Zoe qui ne souhaite pas user ses jolies baskets neuves, je vois Romy , mais de Jacob, point.

Où est Jacob?
La jeune fille au pair agite la tête avec désinvolture.
I don’t know.

Je cherche du regard.

Rien.

L’air s’est raréfié. L’oxygène s’est volatilisé.

Mon coeur fait une embardée et déclare forfait.

Alors je crie, je hurle, je glapis, je m’égosille,je m’époumone.

Jacob!Jacob!
JACOB!!

Au moment où je reprends ma respiration pour poursuivre mes vociférations j’entends une petite voix: j’arrive Mamie!!

Il a du mal à se frayer un chemin dans cette foule compacte.

Où étais tu?

Là.
Il indique la salle précédente. A 2 mètres.

Je regardais les jardins par la fenêtre et comme tu criais tu m’as pas entendu quand je t’ai répondu.

Il passera le reste de la visite, hilare, à expliquer qu’il n’était pas vraiment perdu puisqu’il nous voyait mais qu’il avait envie d’admirer un petit moment les jardins.. Mais il dira à sa mère qu’il était perdu… Ha ha!!

Les salles ont été vidées de leurs meubles, sauf la chambre du Roy.
Ils reconnaissent un tableau présenté par la maîtresse.

C’est quoi, le bâton.

J’explique le sceptre royal.
Ça le fait.

Mais l’objectif, c’et la Galerie des Glaces.

Qui leur coupe le souffle.
Ils sont sales, les miroirs dit Jacob.

Zoe descend de mes bras, se plante devant un miroir et danse.

Les grands vivent avec intensité cette tranche d’Histoire en live.

Je les fais asseoir par terre, en leur expliquant qu’ils ont posé leur fondement sur un parquet foulé par le roi himself.

Pourquoi on l’appellait le Roi Soleil?
Parce qu’il était jaune comme le soleil ?demande Romy.

J’explique qu’il irradiait l’espace et le temps bla bla..

Les tableaux représentant les scènes de guerre les impressionnent beaucoup.

Ainsi ce Roy, esthète, danseur, amateur de musique et de Belles Lettres, vivant dans le plus beau château du monde, s’en allait tuer des gens sur son fringant destrier somptueusement harnaché ?

Drôle d’idée..

Drôle d’idée la guerre..

Que cette journée vous offre cet inestimable cadeau : un rêve matérialisé sous vos yeux éblouis..

Merci à leur institutrice Barbara qui considère qu’un cerveau d’enfant est avant tout un cerveau et que son joli métier consiste à leur transmettre mieux que du savoir: l’envie d’apprendre..

Je vous embrasse

Michèle Chabelski

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