Républicains et juifs de France, par Jean-Loup Arnaud

 

L’élection de Laurent Wauquiez au premier tour comme président des Républicains et la 8ème convention du CRIF, quel rapport ?

Evidemment aucun, encore que on pourrait trouver dans les thématiques, les préoccupations des rapprochements. Car tout redevient politique maintenant  que Johnny Hallyday a été enterré à Saint Barthélémy  et que tous les média  y compris télévisuels commencent déjà à oublier les chansons de Johnny et l’hommage populaire de samedi dernier.  L’info chasse l’info.

 

On savait que Laurent Wauquiez serait élu. Pas dès le premier tour, avec plus de 74% des votants , que ces votants seraient presque 100.000 ( 42% des inscrits). Parmi les abstentionnistes, il y a comme toujours celles et ceux qui ont mieux à faire ( le premier parti de France) , mais aussi ceux  qui comme Jean- François Copé et ses rares soutiens , bien d’autres «  anciens » vexés de ne plus pouvoir représenter une droite dite dure et de retour. Mais il y a aussi de nombreux militants qui n’ont pas voté  pour Maël de Calan ou Florence Portelli parce qu’ils savaient qu’ils seraient battus, mais qui comme Alain Juppé espèrent qu’Emmanuel Macron et son Premier ministre vont réussir, tout en voulant pour le moment rester chez les Républicains , ne serait-ce que pour voir ce qui va se passer. Jusqu’à quand ? Laurent  Wauquiez le sait et se prépare à devoir subir l’assaut des barons et baronnes, présidents de régions ( l’équivalents des ex – éléphants du PS, espèce en voie de disparition , car non protégée).

La convention du CRIF est toujours un moment important d’échanges et de confrontations, mais aussi une sorte de «  thermomètre » de l’état de la société française, dont les préoccupations majoritaires rejoignent souvent celles des juifs de France. Ce fut encore le cas pour cette 8ème convention.

On attendait évidemment après la position prise par le CRIF en faveur de Jérusalem capitale  d ‘Israël des débats. Ils ont eu lieu notamment entre Meyer Habib , député des Français de l’Etranger ( pour la position prise par Donald Trump saluée  par le CRIF ), qui avait rencontré le Premier ministre israélien avant sa rencontre avec Emmanuel Macron , et Dominique Moïsi , politologie et conseiller spécial de l’IFRI, beaucoup plus réservé et balancé. La crainte de ce dernier , que l’on peut comprendre, est que l’échec des négociations sur les 2 Etats , assez probable , conduise à un seul Etat , mais qui devienne pour des raisons démographiques plus musulman que juif. On peut nuancer cette crainte au vu des statistiques de natalité, qui ne sont pas interdites, dans les territoires occupés.

Mais ce débat s’est prolongé dans d’autres ateliers, comme celui consacré aux nationalismes et populismes en Europe  avec Dominique Reynié, dont le jugement n’était pas très différent de celui de Dominique MoÏsi, Pascal Bruckner, toujours aussi brillant et lumineux, et le président de SOS Racisme, une des associations qui ont intenté un procès à Georges Bensoussan qui a commis le grave délit de nommer les choses et donc d’échapper au déni de réalité. Il s’est enfin poursuivi dans l’atelier «  Les politiques peuvent-ils encore transformer la société ? » qui a donné lieu à des analyses et des débats intéressants. La position du président Macron sur Jérusalem a été considérée comme prudente  et sage non seulement par Aurore Bergé , porte parole de la République en Marche et députée des Yvelines, qui a réaffirmé son attachement à Israël et à la lutte contre l’antisémitisme, mais également par Florence Berthout, maire du 5ème arrondissement, porte parole des LR au conseil de Paris , conseillère régionale IDF – (mais avec une vision plus globale pertinente) et par Mathias Fekl, ancien ministre , conseiller régional de la Nouvelle Aquitaine.

Pour autant ce ne fut pas, tant s’en faut, le seul thème abordé. Je vous en donne quelques exemples très partiels que je pourrai compléter si certains le souhaitent.

Préoccupations quotidienne des juifs de France : sécurité d’abord, attachement à Israël censuré, faillite du système scolaire public, précarité, recherche d’une colonne vertébrale morale.

Plénière d’ouverture : « pas de laïcité molle qui s’accommode de tout », pas d’utilisation politique de la religion ( V. Pécresse) , prendre en compte l’égalité hommes –femmes lors des demandes de naturalisation , «  Ne te laisse pas emmener par les autres… Abdiquer, c’est plus facile… Il n’y a pas de fous, mais des rationalités limitées » ( Haïm Korsia, Grand Rabbin de France et membre de l’institut «  Allons enfants de la Patrie »), «  L’islamophobie n’existe pas en France » Philippe Val dont une conférence avait été annulée à la demande du CCIF et a heureusement été rétablie.

Et l’après midi, «  l’accord avec l’Iran est un mauvais accord » ( Meyer Habib ), « Vivre ensemble n’est plus une évidence , délitement du commun ( Dominique Reynié) , deux ennemis de l’Europe : le fondamentalisme islamique et la Russie (et Trump ?), question soulevée par Pascal Bruckner qui estime que nous sommes dans la «  rétractation » et que nos racines sont Athènes , Rome et Jérusalem.

Puis Jacques Tarnero a dénoncé une vision binaire du monde, celle de Stéphane Hessel  d’Edgar Morin , d’Edwy Plenel notamment et a rappelé les conditions du procès actuellement en appel contre Georges Bensoussan pour avoir sur France Culture évoqué un antisémitisme  de musulmans «  têté au sein de leur mère »., ainsi que l’affaire du judoka israélien. Georges Bensoussan est revenu sur la «  doxa véhiculée par les média  … le totalitarisme mou véhiculé par la gauche culturelle  qui tient l’opinion ». Ils ont affirmé tous deux que «  c’est le silence qui fait le jeu de l’extrême droite » qui a une tradition antisionisme et ont défini l’antisionisme comme le «  déni du droit d’Israël à l’existence ».

Enfin Yonathan Arfi , vice président du CRIF , et Michel Zerbib , directeur de la rédaction de Radio J  ont tenté de répondre à la question :  «  Les politiques peuvent-ils encore transformer la société ? »  avec le concours de Florence Berthout qui  a cité à bon droit Albert Camus, Mathias  Felk, Jean- Paul Sartre et Aurore Bergé .. le président Macron.

Une grande partie des propos rapportés qui doivent évidemment être remis dans leur contexte ( cf. site du CRIF) aurait pu être tenus et commentés par Laurent Wauquiez. Mais ce ne sont pas les propos qui comptent, mais celle ou celui qui les tient.

Jean-Loup Arnaud

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1 Comment

  1. C’est Laurent Wauquiez qui vient de definir E.Macron comme de “Rotschild, Elysee-Bercy puis Elysee”, alors que lui-meme se definit comme “de Haute-Loire”. Ceci dans la grande presse: le journal ‘Aujoudhui’. Donc bis Melanchon. Merci LR. Beurk.

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