L’oeil gourmand d’Annabelle Schachmes

L’auteure et photographe sera au Québec avec son livre sur la cuisine juive sorti il y a un an. Depuis, il poursuit son bonhomme de chemin. Un chemin qui nous mène de la Tunisie à la Pologne, en passant par les États-Unis et Israël. À l’image de cette cuisine juive ancrée dans une longue tradition, plurielle, dispersée aux quatre coins de la planète.cuisine_juive_annabelle_schachmes

Au bout du fil, à Paris, Annabelle Schachmes s’étonne encore du succès de son livre de recettes. « Je n’ai pas imaginé un seul instant que cela allait autant marcher. Sur le coup, je l’ai fait de façon très égoïste », confie-t-elle. Lorsque la photographe s’est lancée dans l’aventure, à savoir fixer et coucher sur papier sa propre histoire culinaire familiale, c’était surtout pour rendre hommage à son grand-père paternel, Lucien, juif ashkénaze de l’Europe de l’Est décédé en 1995. Et aussi pour laisser un héritage à Juliette, sa fille de 13 ans.

« J’étais très proche de mon grand-père. On parlait beaucoup ensemble. Il faisait des recettes toutes simples, très basiques. Vu que mon métier est de faire des photos de cuisine, cela s’est imposé naturellement. Dans la famille, nous n’avons jamais vécu le judaïsme comme une religion, mais davantage comme une culture, une façon de vivre », raconte la jeune femme.

Parmi les 160 recettes du livre, plusieurs sont en effet non cashères — le beurre y côtoie même la viande, un grand interdit dans la religion judaïque ! Si le livre d’Annabelle Schachmes fonctionne, c’est justement parce qu’il ne s’inscrit pas dans la religion, mais dans une modernité gourmande. « Il y a beaucoup de livres sur la cuisine juive, mais je trouvais qu’aucun ne représentait vraiment ma génération (j’ai 40 ans). Les gens qui achètent mon livre développent un rapport très affectif avec lui. La plupart connaissent déjà les recettes. Ce qui les touche, c’est que, à travers ces souvenirs culinaires d’enfance, ils replongent dans les leurs. »

Le livre affiche ainsi une facture à la fois très contemporaine et intemporelle, tout en remettant brièvement en contexte les recettes puisées dans le réseau familial ou amical de l’auteure. Il balaie aussi visuellement beaucoup d’endroits où la cuisine juive s’est installée, avec ses deux grandes branches que sont la cuisine séfarade (de l’Espagne, du Portugal, des pays du nord de l’Afrique) et la cuisine ashkénaze (des pays de l’Europe de l’Est). D’ailleurs, lors du dernier voyage en Israël, sa fille Juliette a suivi.

« Nous y avons vécu des situations très cocasses ! À la fin du livre, on peut voir des photos d’hommes religieux. Il a fallu se déguiser un peu et photographier en cachette, car c’est interdit de faire ça le samedi, jour de repos hebdomadaire (sabbat). Un p’tit vieux nous a même couru après en hurlant ! », se rappelle Annabelle.

Et quel serait le point commun de cette cuisine juive qui se décline à travers le monde ? « La façon de la manger. C’est une cuisine de partage, avec des plats qui procurent de vrais moments d’échange — que ce soit du couscous ou du gefilte fish [un poisson entier farci]. »

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