Paris : Noah Klieger, rescapé d’Auschwitz, dimanche au festival Cinétov

Au cinéma Etoile Lilas (XXe), le festival Cinétov débute ce mercredi. Rescapé d’Auschwitz, Noah Klieger, 90 ans, y présentera ce dimanche « Boxer pour survivre », le documentaire bouleversant sur sa vie.

« Je suis le plus vieux journaliste sportif au monde. Je suis aussi, entre autres, un rescapé d’Auschwitz », aime à se présenter Noah Klieger, bientôt 91 ans. Il emploie toujours ce ton détaché et anecdotique pour raconter l’horreur. Personnage hors norme au regard bleu perçant, Noah Klieger a vécu plusieurs vies. Né en juillet 1926 à Strasbourg, jeune résistant, déporté de janvier 1943 à avril 1945 à Auschwitz, il est aussi l’un des derniers membres de l’équipage du bateau l’Exodus.

Installé à la terrasse de « Uzi et Galit », son café favori en bas de chez lui à Tel Aviv (Israël), Noah évoque une vie qui épouse les tragédies du XXe siècle. « J’ai une histoire qui ressemble à l’Histoire. Ma vie est une succession de miracles. J’ai simplement eu de la veine », résume cet éternel optimiste.

Dimanche prochain, il viendra tout spécialement d’Israël pour assister à la projection de « Boxer pour survivre », le documentaire très émouvant qui lui est consacré, lors du festival Cinétov du cinéma Etoile Lilas (XXe). Noah y rembobine son existence. Suivi par la caméra d’Uri Borreda, il retourne pour la première fois sur des lieux qui ont marqué sa vie d’adolescent juif en Belgique, dans la forêt de bouleaux qu’il a traversée pendant la Marche de la mort à la libération des camps, sur le port de Marseille où l’Exodus larguera les amarres en juillet 1947 vers la Palestine avec 4 600 rescapés juifs.

Il a, en revanche, refait 155 fois le voyage à Auschwitz. « Revenir à Auschwitz, c’est comme un pèlerinage, glisse-t-il d’une voix douce et détachée. A chaque fois, je me dis que je peux rentrer et sortir d’Auschwitz. Je me sens très bien car je sais que j’ai survécu à tout cela, ajoutant : on peut seulement raconter la Shoah, pas l’expliquer ».

Pourquoi à son arrivée au camp d’extermination en janvier 1943, alors âgé de 15 ans, a-t-il a levé la main quand le commandant du camp a voulu recruter des boxeurs aguerris ? Quatre prisonniers se sont avancés. Noah Klieger était le seul à n’avoir jamais enfilé de gants de sa vie. « J’ai eu une intuition », confie-t-il. Avec la complicité de vrais professionnels, dont le champion du monde, « Young » Perez, Noah réussira à berner les Nazis et à sauver sa peau. « Les vrais boxeurs retenaient certains de leurs coups et laissaient passer les miens », raconte Noah. Il a livré une vingtaine de combats. « Je les ai tous perdus. Mais tous les soirs, on avait droit à un litre de soupe supplémentaire, avec de la viande. Cette soupe m’a sauvé la vie ».

Emigré en Israël en 1948, le sport occupera toujours une place à part dans la vie du boxeur amateur d’Auschwitz. Journaliste sportif pour le quotidien israélien Yediot Aharonot, il sera aussi correspondant de l’Equipe et le premier israélien à couvrir le Tour de France. Pendant 17 ans, il dirigera la section de basket du célèbre club le Maccabi Tel Aviv.

Dans le café « Uzi et Galit », Omar, le serveur arabe, connaît par cœur l’histoire de Noah. Tous les jours, ils bavardent et plaisantent comme de vieilles connaissances. « Je sais que je vais mourir, mais je ne suis pas pressé », lance Noah. « Mais tu n’as que 90 ans et tu es au milieu de ta vie », lui rétorque Omar.

Source leparisien

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