Elle est la number Two, par Sarah Cattan

Elle est la number Two. Celle-là s’appelle Mireille Knoll. Elle est la preuve que si t’es juif et que, par le miracle du passeport brésilien de ta mère, tu as échappé in extremis à la Rafle du Vel d’Hiv, eh ben t’es pas sorti d’affaire pour autant.

T’as 85 ans ? Et alors ?

Tu vis en plein Paris, en 2018 ? Et alors ?

Tu n’étais que douceur et bonté, me disent tes fils ? Et alors ?

Tu vivais seule. Mais surtout : t’étais Juive. Et le barbare islamiste, il aime ni les Juifs, ni les femmes.

Alors une femme juive.

Hier, nul n’a voulu y croire : C’est qu’on finirait par être gêné. Quoi ? Encore parler d’antisémitisme ? Obsédés que tu es. Attends un peu. Attends onze mois.

Ça suffit.

Demain, peut-être, ta mère. Ou Toi, Si tu es femme. Si t’es Juive. Si tu vis seule.

 Mireille après Sarah écrivais-je donc hier.

Sans être sûre. Puisqu’on nous exhortait à la prudence. Ne pas allumer les braises. Ne pas réveiller la bête immonde. Même le Consistoire indiquait : rien n’est sûr.

Se taire.

En somme permettre qu’il se répétât, le scandale entourant l’Affaire Halimi.

Se taire.

Ne pas s’indigner : 48 heures avant qu’on n’apprenne l’assassinat nazislamiste de Mireille, onze fois poignardée. N’en parlez pas, chers collègues ! Regardez : ses fils sont déjà là. Entrés d’Israël. Mireille peut-être enterrée avant que vous en parliez.

Depuis peu, lorsque la victime est juive, oui je l’avoue : je pense très vite antisémitisme.

Ça y est : L’assassin est identifié. Arrêté. Entendu.

Maître Charles Baccouche, avocat du BNVCA, est constitué partie civile.

Le député Meyer Habib ? Le premier sur place, comme il le fut pour Sarah Halimi, il se trouve avec François Mollins. Et que ce dernier ne s’avise pas de lui demander d’être pondéré et de se taire : Meyer Habib ne se taira pas.

Et si on reparlait de la victime number one ? Sarah Halimi ? Et si on faisait un petit tour dans les coulisses. Juste pour comprendre où et quand nous fûmes lâches.

Etait-il normal que, dans l’Affaire Sarah Halimi, assassinée dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, lynchée puis défenestrée aux cris d’Allah Ouakbar, après avoir été fracassée au vu et au su de mult voisins et de 28 policiers appelés et accourus, est-il normal, donc, alors même que l’assassin a avoué son forfait, alors même que tout  concorde à évoquer une affaire d’une limpidité saisissante, la Juge chargée de l’instruction, Anne IHUELLOU, non contente d’avoir mis onze mois à reconnaître,  en se pinçant le nez, le caractère antisémite du crime, refuse à présent de requalifier les faits, persistant à parler de meurtre et non d’assassinat, remettant donc en cause la préméditation mais encore la nécessité d’une reconstitution, alors même qu’une femme est morte, jetée par la fenêtre, et a atterri aux pieds de tant de témoins dont certains membres des forces de l’ordre ?

Si un tel traitement d’une telle affaire ne vous semble en rien suspect, alors, détournez votre pas, regardez ailleurs, poursuivez votre chemin, demeurez lâches et taisez-vous, et surtout ne vous étonnez pas qu’une autre femme, une autre juive, ait été cette fois brûlée vive, poignardée onze fois, elle aussi saisie au sein de son appartement par un assassin islamiste

Et puis laissez-les faire : qu’ils aillent quérir les Juifs chez eux.

Qu’ils les tuent. Qu’ils perpètrent à loisir leurs forfaits. Fracassant l’une, la lynchant, la jetant par la fenêtre, brûlant vive la seconde : et alors quoi ? Un deuxième assassinat se serait passé il y a 48 heures et seuls ce soir la presse israélienne, un quotidien régional et deux journaux communautaires en parleraient ? Il ne se serait donc rien passé ? Ça ne compterait pas, une femme délogée de chez elle et massacrée ? 

Et maintenant qu’elles sont deux, cela compterait-il davantage ?

Si j’ajoute qu’elles sont toutes deux juives, tendrez-vous l’oreille ? Si je dis que l’une avait échappé de justesse à la barbarie nazie, regarderez-vous vers elles ?

Le scandale ne réside pas seulement dans le fait que cela puisse être.

Il est encore dans la manière dont ne sont pas évoqués ces crimes. Ces exécutions qui convoquent en mémoire les pires souvenirs nazis.

Il est aussi, le scandale, dans le fait que l’on ne s’émeuve pas plus que ça. Qu’on cède tous aux caprices d’une juge, qui, dans le secret de son cabinet, mit onze mois pour reconnaître que la mort de Sarah Halimi fut aussi due au regard de sa religion. Sa religion juive. Cette spécificité qui fait décidément horreur aux barbares.

Il est, ce scandale, dans le fait que cette juge, dans un avis d’ordonnance rendu le 29 janvier, ait le culot d’écrire qu’au vu de la fragilité de l’assassin, une reconstitution pourrait être pour celui-là une épreuve, qui pourrait provoquer une nouvelle décompensation.

Et qu’ainsi, vu que l’individu ne contestait pas les faits, une reconstitution  n’était pas nécessaire, puisque non compatible avec les contraintes liées avec l’état de santé du mis en examen.

Dites-moi que je rêve.

Dites-moi que ce sera un jour un cas d’école, rubrique instruction mal gérée, que ce traitement à arguments grotesques qui oblige un avocat de la partie civile à re-faire une demande d’acte en application de l’article 82-1 du code de procédure pénale.

Qui l’oblige à demander, en sa qualité de Conseil des enfants de la défunte, de bien vouloir rechercher tous les éléments figurant au dossier, de nature à démontrer que l’homicide volontaire pour lequel Kobili TRAORE avait été mis en examen était en réalité un assassinat avec la circonstance aggravante que le crime a été précédé, accompagné et suivi d’actes qui a porté atteinte à l’honneur et à la considération de Mme Lucie ATTAL, à raison de son appartenance à la religion juive et de sa non appartenance à la religion musulmane (pour reprendre partiellement l’article 132-76 du CP), précédé de séquestration, de torture et d’actes de barbarie

Themis 5782

Que le dit avocat en soit à devoir s’étonner que Kobili TRAORE eût été mis en examen pour séquestration de la famille DIARRA et que la séquestration de Mme ATTAL eût été totalement occultée.

Que le dit avocat demande que soient recherchés tous les éléments au dossier qui démontrent que Mme Lucie ATTAL a bien été surprise dans son sommeil par le mis en examen

Que le dit avocat, concernant la torture et les actes de barbarie, demande que fussent reprises toutes les dépositions des témoins visuels et auditifs qui, s’ils n’ont assisté qu’à la fin de la scène de torture et des actes de barbarie commis par le mis en examen sur la personne de Sarah Halimi, décrivaient avec précision la scène d’horreur à laquelle ils avaient assisté.

Que le dit avocat demande que soient utilisés les témoignages recueillis par les fonctionnaires de police dans les heures et les jours qui suivirent l’assassinat.

Que le dit avocat propose presque d’aider ! Qu’il conseille de relever tous les éléments figurant au dossier qui, démontrant la parfaite connaissance des lieux qu’avait le mis en examen, la préméditation ne saurait être exclue puisque, malgré la bouffée délirante provoquée par une consommation massive de cannabis dans laquelle il était, il ne cibla que sa victime et ne s’en prit physiquement à personne d’autre, notamment la famille DIARRA, dont il emprunta le balcon pour entrer chez Sarah Halimi.

Il veut quoi, l’avocat ? Parvenir à la manifestation de la vérité.

Et c’est pourquoi il ne lâchera pas l’affaire, interjetant appel au nom de son client de l’ordonnance de refus de mesure d’instruction complémentaire en date du 9 mars 2018  rendue par Virginie Van Geyte, juge d’instruction, Cabinet de Anne Ihuellou, juge d’instruction.

Allons. Bientôt, la Chambre de l’Instruction, saisie, redonnera à la Justice l’honneur qu’elle est en train de perdre.

Sarah Cattan

 

 

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