

Lettre de sa mère à Uri, son fils bien-aimé
Je regarde la photo encore et encore et je ne peux tout simplement pas la comprendre. Comment est-il possible que mon enfant, celui que j’ai mis au monde il y a 21 ans, ne soit plus là. Il a quitté la maison un jour et n’est jamais revenu. Il s’est effacé. Évaporé. Disparu du monde. Il ne dormira plus dans son lit, ni chez Noga, ni avec ses amis, ni sur la base. Il est sorti par la porte, a tout laissé derrière lui, et n’est jamais revenu.
Je regarde les chaussures Nike blanches à côté de ton lit, encore recouvertes de terre de la dernière fête, pas celle à laquelle tu es allé, portant deux chaussures gauches sans même t’en être rendu compte. Les chaussures sont au sol, silencieuses, défaites, comme si tu venais de les poser là et qu’elles attendaient que tu les enfiles.
Attente abandonnée. Vide.
En quoi tout cela a-t-il du sens ?
Hier j’ai reçu une enveloppe. À l’intérieur, il y avait ton empreinte digitale sur une clé USB. L’armée m’a rendu l’empreinte de mon enfant. En souvenir. Comment est-ce réel ? Comment est-il possible que ce soit là tout ce que j’ai ?
Mon Uri. Seulement 20 ans. Qu’as-tu eu le temps de vivre ? Ta vie était encore devant toi. Ton sourire était destiné à conquérir tant d’autres cœurs.
Comment est-ce possible ?
En quoi tout cela a-t-il du sens ?
L’oxygène devient plus mince chaque jour qui passe.
Maman

merci pour cette nouvelle chronique
revenir sur nos morts
il faut se souvenir de chaque mort
et leur rendre hommage
Ni oubli ni pardon