Par Yaël Bensimhoun

Or sus, mes bons compères, prêtez vos oreilles : Voici la chronique des grands menteurs et des baves publiques.
Ce fut au matin du septième jour d’octobre que des engeances velues comme satyres, armées non point de lyres mais de Kalachnikovs, de grenades et d’explosifs, égorgèrent marmots, éventrèrent matrones, brûlèrent vivants des familles entières, et pour comble de turpitude, forniquèrent de viols monstrueux sur les cadavres encore tièdes.
Filmant eux-mêmes les massacres, ces bateleurs d’horreur brandissaient leurs trophées sanglants qu’ils partagèrent sur TikTok et Telegram, avec musiquettes de fête en arrière-plan. Puis non encore repus, ils s’en allèrent festoyer, suivis de la foule gazaouie en transe qui exultait, tels des cochons en foire.
Alors Israël, tremblant de stupeur et d’horreur, se leva pour se défendre. Mais tandis que la terre fumait encore et que sous le sol, les cris de ses enfants captifs résonnaient, qu’ouïr ? Qu’entendre ? Qu’ânonner en place publique ?
« Israël! Tueurs d’enfants ! », « Sionistes! Génocidaires ! », « Juifs! Nazis ! »
Les réseaux asociaux, grands cloaques de cervelles en charpie, enflèrent ce borborygme universel : chacun retweeta l’autre, l’autre repartagea le premier, et la chaîne de sornettes s’étira jusqu’aux confins du monde.
« Génocide ! » tonnaient les marquis du mensonge et autres ONG ventripotentes. « Tueurs d’enfants ! » jacassaient les commères influenceuses aux lèvres siliconées et larmes artificielles tandis que les scribes engraissés de propagande flatulaient des éditoriaux accusateurs. « Crimes contre l’humanité » enchainèrent les histrions télévisés qui confondent plume et brosse à chiures.
Par mille tonneaux de lies et cent chaudrons de tripaille, ce fut donc le peuple d’Israël que les bons bougres d’Occident, en hurlant, désignèrent du doigt crasseux ! Au point qu’on n’entendit plus rien des cris des otages ni des hurlements des mères éventrées et des vierges violées.
Ainsi se fit la transmutation ubuesque : les égorgeurs devinrent innocents agneaux, et les assiégés, bourreaux d’innocence. Des flottilles, chargées de caméras bien plus que de farine, voguèrent vers Gaza comme des processions saintes, escortées de drones qui filmaient chaque vague pour TikTok sous l’œil bienveillant de la foule qui bêlait en chœur en répétant jusqu’à la nausée : « Tueurs d’enfants ! Génocide ! Tueurs d’enfants ! ».
De la sorte, mes bons compères, fut brassé le plus immonde tonneau de calomnies, un breuvage âcre, pressé de mots comme de raisins pourris, mis en bouteilles par CNN, Al-Jazeera et LFI, décoré d’étiquettes humanitaires noires, blanches, vertes et rouge, rouges surtout, et servi à la foule bébête, qui l’avala d’un coup, s’en réjouit, et en redemanda, likant, partageant, commentant, jusqu’à ce que mensonge devienne loi et caricature vérité.
Et moi, pauvre chroniqueuse, je ris jaune, car c’est un vin plus fort que tous les tonneaux de Chinon, plus trompeur que l’eau de vie de moine, un vin de mensonge, d’ONG et d’algorithmes, de hashtags et de haine, dont on ne dessoûle point.
© 𝐘𝐚ë𝐥 𝐁𝐞𝐧𝐬𝐢𝐦𝐡𝐨𝐮𝐧
Diplômée de littérature française, Yaël Bensimhoun s’est établie en Israël il y a près de 20 ans . C’est là qu’elle conjugue l’amour de sa langue d’origine et celui du pays auquel elle a toujours senti appartenir. Elle collabore depuis plusieurs années à des journaux et magazines franco-israéliens.

Quoi dire sinon que tout est malheureusement exact. Quoi dire sinon qu’il y a encore des non juifs qui n’ont pas laissé leur cerveau au vestiaire ni leur âme au cabinet ! Qui vous soutiennent. Qui savent où sont les bourreaux et où sont les victimes. Qui comprennent qu’on leur raconte des balivernes. Qui savent aussi qu’ils seront les prochains dans le viseur des barbares. Ils ne parlent pas assez fort, c’est vrai, mais ils sont là.