
Paris juin-juillet-août-14 septembre 2025
[Ce n’est pas un mais sept cas de force majeure qui m’ont empêchée de mener à bien ce texte, conçu au mois de juin à partir de l’image d’un Etat juif encerclé d’un anneau de honeypots, de pièges à miel. Je parais au plus pressé, laissant se développer l’image en arrière-plan, suivant l’actualité, me remettant en cause à chaque tournant.
Jusqu’au jour où les forces israéliennes ont frappé au cœur de Doha.
Il n’est plus possible de cacher la vérité sur le Qatar. Et pourtant, le débat public au sujet de cette opération tourne, le plus souvent, autour du vide. Le Qatar est flouté. Le Qatar est le médiateur indispensable, l’espoir ultime de libération des otages, un pays amical… Jusqu’à croire que le Qatar est soulagé, voire complice de l’élimination des invités encombrants. Tout comme le président américain, qui fait semblant d’être agacé par le Bibi incontrôlable. Trump était forcément dans le coup, a certainement donné le feu vert.
Ou bien, non. Le président américain, ni impliqué ni informé, n’a pas pu protéger son allié qatari de la gifle sioniste.
Voyons d’abord l’anneau des honeypots …]
L’image choc

Bibi, sourire aux lèvres, nous montre la casquette rouge bêtement brodée « Trump was right about everything » [Trump ne s’est jamais trompé], signée au feutre noir de la main de l’intéressé.
C’est la totale !
L’idolâtrie.
Le faux messie. La tête couronnée d’une idiotie.
Une comédie qui nous cache la réalité tragique
Je tremble. Le clavier chavire. L’écran se brouille et retient ses larmes. La souris est secouée de hochements. Je pleure les captifs broyés par des négociations frelatées, je pleure les soldats blessés, les soldats morts, les kibbutzniks déchirés, les familles endeuillées, le peuple dressé devant des trous béants, je pleure les êtres de chair et d’os irrigués de la chaleur vitale, brutalisés, je pleure les suppliciés réduits à des planches sèches, je crie avec les insomniaques étranglés de cauchemars, je cache ma détresse avec les jeunes veuves, mères de famille, les larmes de 700 jours inondent ma table de travail, je maudis les intermédiaires sans foi ni loi, qui avancent sans honte les pions du Hamas et je méprise les envoyés de la super puissance, enfoncés jusqu’au cou dans le pot au miel qatari, qui nous trahissent allègrement.
L’anneau de pièges à miel
Le Grand Négociateur remplace, peu à peu, l’anneau de feu par un anneau de honeypots. Au fur et à mesure qu’Israël écrase les bataillons étrangers formés par l’Iran pour l’assiéger, l’étrangler et l’exterminer, le président américain confectionne un cercle de pièges à miel pour séduire, enlacer, affaiblir et étouffer l’État juif… qu’il aime plus que quiconque.
Coiffé de bêtise, le visage illuminé d’un sourire factice, il efface de son feutre noir la conscience de la menace existentielle : le jihad. Les poches pleines de devises qataries, le promoteur-immobilier-en-chef construit l’édifice illusoire du business for all. La Trump Tower universelle.
Ne voulant pas compromettre son image de faiseur de paix, le président recouvre d’un discours mielleux les régimes réunis en un projet unique : le jihad. Grand ou petit, maquillé comme le Qatar ou à visage découvert comme l’Iran, la Turquie intégrée à l’OTAN, l’Arabie saoudite cible de milles séductions, le Hamas hard, les Houthis sauvages, les Emirates lisses, le Hezbollah sonné et la Syrie semifreddo qui alterne les embrassades dans les chancelleries et les tueries islamiques sur le terrain.
Les frappes contre les installations nucléaires iraniennes, jusqu’aux entrailles de la terre à Fordo, sont certainement un gros coup militaire. Mais, tout comme le bombardement des Houthis, c’est un one-night stand, un coup tiré à la hâte et sans avenir.
Qui accouche, à l’avis d’Avi Abelow, d’encore un de ces « gestes ratés de diplomatie moyen-orientale ». Le directeur de 12Tribe Films dénonce un plan de paix taré, à l’instar de toutes les « solutions » proposées depuis des décennies. Malheureusement, dit Abelow, le premier ministre Netanyahou n’ose pas dire, à Trump et au monde arabe, la vérité. On nous donne des accords-cadres et des illusions recyclées. La seule vraie et juste solution c’est la souveraineté israélienne sur la totalité de Gaza et de la Judée-Samarie.
Toujours satisfait de lui-même, le commander-in-chief nous a livré sa version-du-jour de cette affaire avec l’Iran : Il se félicite d’avoir retenu la main israélienne pour épargner à l’Ayatollah Khamenei une « mort ignoble et dégueulasse». Puis, le cessez-le-feu conclu et aussitôt violé par l’Iran, il a empêché des représailles terribles en obligeant les avions de combat israéliens à faire demi-tour. Peine perdue ? « Toujours enragés, agressifs et râleurs » ils [les mollahs] ont démoli leur pays, sans avenir, la mort tout autour. « J’aimerais que leurs dirigeants se rendent compte qu’on attire plus avec le miel qu’avec le vinaigre … Ils ont pris une raclée et devraient l’avouer ». Estimant que l’ayatollah de la République islamique est, toutefois, un homme « de grande foi qui ne doit pas mentir», le président américain conseille aux dirigeants iraniens de « rejoindre la marche de l’ordre mondial » s’ils veulent éviter le pire.
Quelle que soit l’intention, ce vain bavardage sert à dédouaner le régime en faisant disparaître son programme, clairement annoncé, de poursuivre la recherche de l’arme nucléaire afin de détruire l’Etat juif, exterminer les Juifs du monde entier et vaincre l’Occident. Obama n’a pas fait pire en initiant l’accord nucléaire, le JCPOA, avec l’invitation à l’Iran de rendre la pareille à la main tendue.
Contre toute évidence…
Majid Rafizadeh lui donne 18 sur 20 : Par la force de sa volonté et de sa vision, Trump a porté le Moyen-Orient au seuil de la paix et la sécurité, libéré de la menace nucléaire et de la tyrannie théocratique iranienne. A condition d’aller jusqu’au bout, de résoudre le problème, de ne pas permettre au régime iranien de survivre et récupérer. C’est lui qui saura saisir ce qui est peut-être la dernière chance d’aboutir.
Hugo Gordon, rédacteur en chef du quotidien Washington Examiner, est fier de ce président, grâce à qui l’Amérique est moins aimée et mieux respectée. Parce qu’elle est puissante. Parce que le président n’est pas séduit par les faux amis en relations étrangères. Il donne priorité aux intérêts américains et à la sécurité de l’Occident. Ses détracteurs, ne voyant que le narcissisme et l’avarice de l’homme, ne reconnaissent pas son véritable objectif : de rendre à l’Amérique sa grandeur. Ces gens-là, aveuglés par le « miasme rouge » de leur détestation, sont incapables de voir les qualités du président.
L’un après l’autre, des soutiens du président, conscients ou pas de l’échec de sa politique étrangère sur tous les fronts, se fient au paradoxe de ses astuces cachées, la force de ses faiblesses, la fameuse imprévisibilité qui terrifie les terroristes.
Que reste-t-il d’imprévisible dans sa gestion des conflits majeurs qui menacent notre liberté ?
Lawrence Kadish déplore la plus grande, la des mauvaises idées du très grand Président Trump : le consortium de pays arabes qui devrait remplacer le Hamas à Gaza et stabiliser la région. On en parle début juillet, on nous l’assène depuis. En fait, ce serait la pire des solutions. Car elle placerait le Qatar, qui en ferait certainement partie, au seuil d’Israël. Or, la raison d’être du Qatar est de financer les organisations islamiques radicales, dont ISIS, al-Qaïda, les Talibans et bien entendu le Hamas. Le plan consortium annulerait les bénéfices des exploits extraordinaires du Président Trump, du premier ministre Netanyahou, des grandes forces aériennes américaines et de la FDI. Quant à l’Egypte, sa participation favoriserait la reprise des fructueuses opérations de contrebande d’armes et de terroristes à travers sa frontière avec Gaza. Le plan initial du président Trump, de transformer la Bande de Gaza en Côte d’Azur, est de loin supérieur pour garantir la sécurité d’Israël.
Kadish conclut : « Il [DJT] est trop brillant pour être séduit par le piège ‘accords d’Abraham’ du consortium ».
Yigal Carmon [« Rising Again To The Historical Moment » MEMRI], lui aussi, croit que le président Trump n’est pas dupe. Il sera, encore une fois, à la hauteur du moment historique :
Il est relativement facile de frapper l’Iran qui affiche ses ambitions nucléaires et son hostilité envers Israël mais également contre l’Union européenne. C’est plus difficile quand les ennemis—Erdoğan, le Qatar, Al-Sharaa aka Al-Jolani—font semblant d’être des alliés. Si des isolationnistes dans le camp Trump critiquent l’intervention de Netanyahou pour arrêter le massacre [des Druzes], le président n‘est pas dupe, il comprend que ces trois-là l’ont roulé dans la farine.
Trump ne se trompe jamais ?
Si l’on arrête de dire des contrevérités sur la guerre actuelle à Gaza, sur le conflit entre les Palestiniens et Israël, entre l’Islam et l’Etat juif, entre l’Islam de conquête et le monde libre, ça libère l’esprit et ouvre la voie à des stratégies gagnantes.
Ne peut-on pas parler vrai du président américain ?
Il nous donne des ultimatums en chewing gum, de la McDiplomatie, des sommets au ras des pâquerettes, des accords paquet-cadeau à l’agresseur, des victoires éphémères et des réclames infondées. Depuis l’ultimatum tonitruant du président élu en novembre 2024–si TOUS les otages ne sont pas libérés avant le 20 janvier, ce sera l’enfer [pour qui ?], le promoteur immobilier Witkoff s’envoie en l’air, papillonnant de conflit en conflit. Et les captifs pourrissent dans l’enfer des tunnels de Hamas, affamés, torturés, tabassés, suppliciés et regardant la mort en face. Les négociations pour leur libération augmentent la puissance d’un Hamas vaincu sur le terrain. Ce ne sont pas des négociations, c’est le triangle des Bermudes.
Le leader le plus emprunté des temps modernes, Ahmed (al-Charaa) al-Jolani, stylé par le calife Erdogan, en costume-cravate, mieux habillé que son homologue américain, la barbe soigneusement taillée, nous jette un regard noir que rien ne peut déguiser. Le président d’espoirs d’une Syrie libérée du brutal Assad a déjà suggéré sotto voce qu’il exigera un tiers du Golan comme gage de relations paisibles avec Israël, quitte à prendre les deux tiers restants avant de foncer sur Jérusalem. Pour Trump, qui lorgne le prix Nobel de la paix, le beau gosse al-Charaa mérite confiance : C’est un mec fort, il fera de bonnes choses. La Syrie devrait rapidement intégrer les Accords d’Abraham.
On ne permettra pas aux persécutions des femmes et des chrétiens, encore moins aux massacres des alaouites et des Druzes de perturber le faiseur de paix. C’est l’intervention israélienne pour protéger les Druzes qui déclenche des cris d’alarme du côté de l’administration Trump : Il est fou, ce Netanyahou, il bombarde à droite et à gauche, c’est un sale gosse débridé. Le chef n’aime pas allumer la télévision pour découvrir que Bibi saborde sa stratégie de pacification.
Quant à bombarder, une semaine de frappes contre les Houthis ont satisfait l’appétit trumpien d’intervention, conclue avec un cessez-le-feu qui efface la nuisance du tableau, en laissant libre cours aux mujahideen yéménites pour lancer leurs missiles contre Israël et attaquer des navires de passage.
Comme son collègue Witkoff, l’envoyé spécial américain au Liban, Tom Barrack, porte des lunettes roses, voit des progrès, s’imagine un Hezbollah emprunté comme Al-Charaa, désarmé à moitié, voire au quart ou pas du tout, ravi de s’intégrer au gouvernement et de faire du business dans ce nouveau Moyen-Orient où les motifs des conflits sont dérisoires, facilement échangés contre des promesses estampillées American Dream. C’est ainsi que l’envoyé Barrack s’explique sur le financement des salaires de reconversion aux soldats d’Allah du sud Liban, coupés brutalement des revenus iraniens. Le Qatar est évidemment mis à contribution. En toute innocence.
Entre la poire et le fromage, le premier ministre israélien a offert au président américain une copie de la nomination pour le prix Nobel de la paix qu’il a adressée au comité Nobel. C’était le 7 juillet. Cinq soldats tués et quatorze blesses par un EEI dans le nord de Gaza ce jour-là. Un « incident », selon le bien nominé, qui ne devrait pas gêner les pourparlers. Witkoff, toujours optimiste, promet la fin de la guerre pour bientôt, divers pays sur le point de se dire prêts à accueillir des Gazaouis. Trump, de son côté, réitère son plan de faciliter l’émigration et réinventer le Gaza devenu sien. Grâce à son soutien, Israël vaincra, Gaza deviendra un terrain juteux pour le promoteur immobilier qu’il n’a jamais cessé d’être, les bénéfices partagés of course avec Israël. Les Gazaouis seront encouragés à émigrer et, si le propriétaire préconisé ne parle plus d’une coquette Côté d’Azur, il s’agit toujours d’une Bande de Gaza en plein essor.
Mise à jour : en fait, il en reparle. Et on recycle la bande annonce bricolée par un Musk depuis écarté.
Tourne tourne manège…
Notre président salope les murs de la République avec des tags « Free Palestine Du fleuve à la mer Israël génocidaire »
Et se prépare à reconnaître–le jour de Rosh Hashana– l’État de Palestine imaginaire, 25 ans après le fake news de la mort en direct de Mohamed al Dura, le jour de Rosh Hashana de l’an 2000.
Emmanuel Macron n’aura pas le prix Nobel de la Paix, mais je lui donne sans conteste le prix du non sequitur : dénonçant la cruauté abjecte du Hamas, attestée par les vidéos des captifs à l’article de la mort–la mise en scène de leur souffrance insoutenable, la comédie de l’offre de nourriture « ni plus ni moins que les Gazaouis affamés »– il en conclut qu’il faudrait illico un État palestinien.
L’un comme l’autre, perdus dans leurs rêves puérils—la Palestine de Macron sans le Hamas, la Bande de Gaza de Trump sans Gazaouis—ils sont incapables d’agir efficacement contre la menace existentielle.
L’angle mort du monde libre
Aujourd’hui, le monde libre, arc-bouté contre le mur de son impuissance, explose en un paroxysme de haine génocidaire du Juif. Cette vague, amorcée avec le blood libel al Dura, est devenue tsunami, ouragan, tempête, inondation, glissement de terrain, feu ravageur, peste, tremblement de terre, tempête de destruction …
Cet aveuglement n’est pas dû au manque d’information ni aux difficultés de comprendre et d’analyser le phénomène du jihad dans sa dimension historique, théologique et appliquée. Non. L’aveuglement fait partie de la stratégie du jihad, exercée tout au long de l’histoire de la conquête et opérant en pleine force aujourd’hui. Nos sociétés sont travaillées au corps, les esprits sont encadrés, le moindre pas vers l’expression de la vérité est frappé d’interdit, la compréhension globale de notre condition est déchirée en mille morceaux. Les démocraties, attaquées de l’extérieur et de l’intérieur ne peuvent pas se défendre parce qu’elles n’arrivent pas à reconnaitre l’ennemi en face. Elles ne développent pas de stratégies militaires ni diplomatiques à la hauteur du défi. Israël, sur la ligne de fracture entre le monde libre et l’Islam de conquête, se bat mieux que les autres. Et se fait punir parce qu’il ose se défendre.
Devant des forces de destruction réunies en une gamme complète d’agressions, l’esprit public fabrique de petites cases étroitement libellées : le narcotrafic, la criminalité, l’immigration, l’antisémitisme, l’antisionisme, la baisse du niveau scolaire, la violence contre les policiers, les pompiers, les élus, les médecins, les femmes ; les « propalestiniens » qui perturbent les universités et vandalisent les monuments aux victimes de la Shoah hier et de la haine génocidaire du Juif aujourd’hui, la hijabisation des musulmanes dans nos pays…
L’énigme
Le président américain avait donné le feu vert et fait semblant d’être fâché ? Il a été pris au dépourvu, Bibi a gâché son plan de paix, il ne décolère pas ?
Je suis de l’avis de Con Coughlin :
L’administration Trump est mécontente : pas prévenue à l’avance, informée seulement par des agences de renseignements américains, trop tard pour empêcher l’opération, « qui n’avance pas les objectifs israéliens ni américains ».
C’est logique, non ?
© Nidra Poller
ABOUT THE AUTHOR
Nidra Poller is an American-born writer who has lived in Paris since 1972. She is author of works of fiction in English and in French, and has published in many venues, including the Wall Street Journal Europe, Family Security Matters, New English Review, Times of Israel (French), Commentary, Midah, Tribune Juive. She is the author of literary-political books testifying to the Troubled Dawn of the 21st Century and novels: madonna madonna (français) and So Courage & Gypsy Motion.

Israel est seul et légitime pour assurer la sécurité de son pays, avec ou sans Trump qui est un homme d’affaires les poches pleines, intéressé uniquement par l’Amérique et sa puissance, Nidra Poller ne s’y trompe pas et nous non plus. Je prie toujours pour les otages et mon espoir s’amenuise ; comment peuvent-ils survivre ….