Lettre à Roman Wojtanowski

Monsieur.
Votre article ci-dessus référencé avait trait à un nouveau tag antisémite « ornant » un mur de la ville rose, en début de semaine.
Ce n’était certes pas le premier, dans cette si belle ville où, sans doute, l’abominable tuerie du 19 mars 2012, au sein de l’école juive Ohr Torah, a inauguré une effroyable séquence délétère en France…
… une séquence ininterrompue depuis, et qui a connu une aggravation ahurissante.
Mais ce tag « morose » était encore plus explicite que les précédents, avec une exhortation dénuée de la moindre équivoque, en l’occurrence un vibrant « Kill all jews ».
Une preuve supplémentaire que désormais toutes les digues nous préservant de l’abjection antisémite ont volé en éclat.
Dans ce contexte méphitique, immense est la responsabilité des journalistes dans le choix des mots, lesquels mots devraient encore avoir un sens , pour peu qu’ils ne soient pas dévoyés par des fâcheux.
Niesche disait, pour stigmatiser le mésusage des mots, que « derrière chaque mot, il y a un cadavre ».
Permettez-moi d’ajouter qu’en notre ère où règne en majesté la post vérité, derrière les mots il y a aujourd’hui tout un cimetière!
Au cas d’espèce, je suis au regret de vous dire que vous avez manqué ostensiblement à l’éthique la plus élémentaire, à la déontologie de base qui devrait caractériser ce métier.
En effet, vous avez écrit que la personne que vous avez interviewée « refuse de mettre ces tags en corrélation avec le génocide en cours à Gaza ».
Autrement dit, votre article s’avère totalement contre- productif.
Sa vocation cardinale devrait être d’aller dans le sens d’une dénonciation de l’explosion exponentielle, en France, des paroles et actes antisémites.
Au contraire, votre assertion péremptoire aura pour effet de contribuer à nourrir davantage encore cette ignominie.
Vous ne sauriez ignorer, en tant que journaliste, que la diabolisation d’Israël, sa nazification nourrissent, alimentent la haine anti juive.
A quel titre vous autorisez-vous cette accusation gravissime, totalement infondée? Sur quels fondements juridiques? Sur quelles bases factuelles? A partir de quelles preuves ( dont vous avez la charge) dûment répertoriées?
Je n’entrerai pas plus avant, ici, dans l’inanité d’une telle étiquette infamante…
… laquelle se conjugue à une perversité inouïe, s’agissant du peuple juif ayant subi, lui, un vrai génocide, à savoir la destruction de 75 pour 100 des siens.
Je n’exposerai pas davantage ici l’inversion accusatoire dont cette idée est porteuse, suite au pogrom d’essence génocidaire commis par le hamas, le 7 octobre 2023.
Je me contenterai d’observer que même la CJI, Cour de justice internationale, saisie de ce chef d’accusation par le controversé régime sud africain ( pour complaire au hamas , n’a pu, en l’état, statuer en ce sens…
Vous n’avez pas craint de décréter, à partir de votre seul ressenti inique, qu’il y aurait un génocide à Gaza
Mais vous, oui! Vous n’avez pas craint de décréter, à partir de votre seul ressenti inique, qu’il y aurait un génocide à Gaza.
Peut-être êtes-vous seulement mû par un conformisme inconscient, de mauvais aloi, demeurant le caractère tragique d’une guerre que personne ne saurait dénier?
En tout état de cause, en tant que journaliste, en vous joignant ainsi à la cohorte des perroquets, des moutons de Panurge qui répètent ce mot ad nauseam, vous façonnez négativement les opinions , vous lobotomisez lamentablement les esprits.
C’est ainsi que ce mot inepte finit par infuser au sein de la société.
« Calomniez, Calomniez, il en restera toujours quelque chose! »
Gobbels l’avait bien compris. Un mensonge répété mille fois finit par acquérir force de vérité.
Il est un moment où il faut dire Stop!!! Stop à l’inflation, à la surenchère des mots menteurs, fallacieux, captieux, visant le seul Etat juif refuge de la planète.
Vous concernant, monsieur, je ne préjugerai pas de vos intentions, ne pouvant faire le tri entre le « bon » grain de la maladresse et le mauvais grain de la malveillance.
Mais je vous inviterai à publier sans délai un erratum très clair, rectifiant cette funeste « erreur ».
A défaut, j’en aviserai le directeur de « La Dépêche ». Et en ultime recours, je n’exclus pas des suites plus coercitives.
J’ose espérer que nous n’en arriverons pas à pareille extrémité.
Dores et déjà, le médiateur est avisé de la présente.
Recevez, monsieur, l’assurance de mes salutations distinguées.
Erick lebahr.
Avocat honoraire

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