Chronique ordinaire du Parti Humaniste Européen. Par Paul Germon -2- « Ermenegilda Saldata »

© Richard Kenigsman

Ermenegilda Saldata

(le canal moral de l’antisémitisme bien habillé — malgré ses pulls trop courts)

Professeure de lettres dans un lycée périphérique, incompétente mais inamovible, Ermenegilda Saldata est l’un de ces personnages que le Parti Humaniste Européen affectionne : une idéologue sans talent, mais utile, bruyante, et convaincue d’avoir raison même quand elle se trompe sur le nom des auteurs qu’elle cite.

Elle parle vite, trop vite, avec une voix fluette de petite fille, comme si chaque mot devait jaillir avant qu’on ne puisse l’interrompre. Ce débit précipité, conjugué à son ton aigu, empêche toute contradiction par saturation sonore.

Elle cite mal, en tronquant les textes qu’elle n’a pas relus depuis sa licence, mais elle le fait avec un tel aplomb que ses camarades n’osent pas corriger. Et surtout, elle glisse.

Du mot « sioniste » à « dominant », puis à « intouchable », puis à « oppresseur ». Le tout noyé dans une soupe linguistique tiède, pleine de termes comme « structure de pouvoir », « violence symbolique », ou « reproduction coloniale ».

Son ventre est sa vraie carte d’identité.

Proéminent, imposant, militant à sa manière, il précède son entrée dans les réunions.

Engoncé dans des pulls trop courts — probablement achetés avant que ses agapes militantes et ses colères de cantine ne viennent altérer définitivement sa silhouette —, il ne cherche pas à disparaître. Il revendique. Il existe.

Comme elle.

Mais ce qui laisse une trace durable, c’est son rire.

Pas un rire franc, encore moins joyeux.

Un gloussement fluet et aigu, en accord parfait avec sa voix, qui surgit juste après ses “dégueulis” verbaux sur les sionistes.

Un petit bruit de gorge strident, qui la fait ressembler à un plat unique de Thanksgiving, mal assaisonné, trop lourd, qu’on digère mal même après l’avoir entendu cent fois.

Ce rire n’est pas là pour séduire, il est là pour signer. Pour dire : « Je l’ai dit. Et personne ne m’arrêtera« .

Dans le Parti Humaniste Européen, on ne sait pas trop quelle est précisément sa fonction.

Elle n’a pas de titre clair, ni de mandat défini.

Hormis la défense des minorités qu’elle s’est appliquée à choisir elle-même, et la récurrence obsessionnelle de ses déclarations de haine à l’encontre des sionistes, elle semble surtout être là… depuis toujours.

Elle est la voix morale à défaut d’être crédible, la présence encombrante qu’on ne peut plus évacuer sans créer de schisme, le fantôme agité d’un militantisme gluant, dont la seule cohérence est d’attaquer les mêmes, encore et toujours.

Elle est la preuve vivante qu’on peut être minoritaire dans sa pensée, majoritaire dans sa nuisance, et toujours applaudie, à condition de cibler Israël.

© Paul Germon

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