
Hier encore, un homme armé d’un couteau et vêtu d’une jellaba s’en est pris à des policiers à Rouen, en plein Tour de France. Il y a quelques jours, des parcs aquatiques étaient envahis et vandalisés, tandis que la Fête de la musique, censée rassembler, a donné lieu à des débordements violents dans plusieurs villes. Même les victoires sportives, comme celle du PSG, ne suscitent plus de joie collective mais déclenchent affrontements et pillages. Ces événements, devenus presque quotidiens, ne relèvent plus de l’exception mais de la nouvelle norme.
Ce que certains nomment « ensauvagement » désigne moins une série de faits isolés qu’un basculement culturel et social plus profond. Dans cette dynamique, il serait illusoire d’ignorer l’impact de profondes transformations démographiques et culturelles : une immigration de masse, parfois mal intégrée, a accentué la difficulté à faire société autour de valeurs communes. Mais cette montée de la violence ne saurait être réduite à un seul facteur. Elle traduit aussi l’épuisement des institutions, l’effacement de l’autorité, la perte du sens du collectif — en somme, la désorientation d’une société qui ne sait plus dire qui elle est, ni ce qu’elle attend de ceux qui la composent.
La montée de la violence : symptôme d’une société à la fois désorientée et confrontée à des normes civilisationnelles qui lui sont étrangères
Il n’est désormais plus rare d’entendre, sur les bancs mêmes de l’Assemblée nationale, des insultes qui auraient autrefois choqué le plus impassible des auditeurs. Ce qui relevait du langage de la rue est aujourd’hui devenu langage d’institution, comme si la brutalité du verbe entrait en résonance avec la brutalité d’une époque. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, doit être interrogé comme le signe d’un basculement plus profond : celui de la normalisation de la violence dans notre vie collective.
Car il ne s’agit pas seulement d’un relâchement des formes. L’injure, aujourd’hui banalisée, constitue la première strate d’une gradation qui peut aller jusqu’à l’agression physique, voire jusqu’au meurtre. L’enchaînement est connu, même s’il reste trop souvent nié : de la violence verbale à la violence symbolique, puis à la violence physique, il n’y a pas rupture mais glissement. Il ne s’agit pas ici de crier au loup à chaque mot déplacé, mais de prendre acte du fait que toute violence s’enracine dans une représentation : celle d’un autre perçu non plus comme un alter ego, mais comme un ennemi, un rebut, un intrus.
Il faut toutefois éviter un contresens : cette montée de la violence ne se limite pas aux quartiers dits difficiles ou aux groupes les plus marginalisés. Elle traverse l’ensemble du corps social, y compris les espaces les plus policés. La violence existe aussi dans les familles, dans les entreprises, dans les institutions — plus feutrée, plus dissimulée, mais non moins réelle. Humiliations quotidiennes, mépris hiérarchique, exclusions silencieuses, harcèlement psychologique : ces formes de brutalité sociale minent la cohésion et nourrissent, à leur manière, le climat général de tension. Ce ne sont pas deux mondes séparés, mais les manifestations multiples d’un même mal : l’incapacité croissante de notre société à gérer le désaccord, la frustration et la différence autrement que par la violence.
Nous sommes entrés dans une ère de déshumanisation du semblable. Or, déshumaniser, c’est toujours ouvrir la voie à la légitimation de sa destruction. Ce processus n’est pas nouveau, mais ce qui change, c’est sa diffusion dans l’espace public, et l’impuissance apparente des institutions à y faire face. Là où il y avait autrefois des dispositifs de canalisation des conflits — la parole publique, l’école, le débat démocratique —, ne subsistent aujourd’hui que des lieux d’affrontement ou de repli. La disparition de l’espace du conflit légitime produit, paradoxalement, une explosion de la violence illégitime.
En effet, notre société a cru bien faire en promouvant un idéal de pacification permanente des relations sociales. Mais elle a oublié une réalité simple : le conflit est inévitable, et lorsqu’il n’est pas encadré, il dégénère. Nous n’avons plus de culture du conflit, plus d’apprentissage de la confrontation constructive. L’école ne l’enseigne plus, la famille en est souvent incapable, et l’État n’assume plus l’exercice de l’autorité.
Or cette défaillance interne est aggravée par une transformation démographique profonde, que l’on préfère taire plutôt que d’affronter. L’immigration de masse, principalement issue de régions où la loi du plus fort supplante celle du droit, a importé sur notre sol des manières d’agir, de réagir, et de penser le rapport à l’autre qui sont difficilement compatibles avec les principes d’une société fondée sur la règle partagée. Il faut le dire sans détour : certaines populations arrivées en nombre portent avec elles des pratiques culturelles où la violence n’est pas marginale, mais structurante dans la régulation des rapports sociaux.
Et au cœur de ce heurt culturel se trouve une difficulté majeure liée à l’islam. Non pas en tant que foi personnelle, mais en tant que système de représentation sociale et politique. Une part significative de cette culture religieuse, dans sa version traditionnelle voire rigoriste, ne reconnaît pas l’égalité entre croyants et non-croyants, et entretient une vision hiérarchique, parfois conquérante, des rapports humains. L’infidèle n’est pas simplement autre : il est inférieur, voire illégitime. Dans une société qui se veut fondée sur l’échange entre égaux, cette vision ne peut que produire de la tension, du rejet et, tôt ou tard, de la violence.
Les banlieues dites sensibles concentrent les effets de cette rupture. On y trouve une jeunesse souvent livrée à elle-même, élevée dans le mépris des institutions, bercée par des récits victimaires et des modèles virilistes. L’autorité y est contestée, le débat inexistant, la violence omniprésente — verbale, physique, symbolique. Ces jeunes ne trouvent pas leur place dans la société, mais ils n’en cherchent plus non plus : ils s’y opposent frontalement. Ce n’est plus une question d’intégration, c’est une confrontation ouverte de normes inconciliables.
Ce que nous vivons n’est pas une crise passagère, ni un simple dysfonctionnement du système. C’est une rupture de civilisation. Nous avons perdu nos repères, et accepté sur notre sol des logiques étrangères aux nôtres sans imposer clairement les règles du jeu. Nous avons désappris à poser des limites, à défendre nos principes, à faire respecter la loi. Et nous en payons le prix : celui d’un climat de tension généralisée, d’un sentiment d’insécurité croissant, et d’une violence qui n’a plus besoin de se cacher.
Il est temps de regarder les choses en face. Cela suppose de redéfinir ce que nous sommes, ce que nous voulons transmettre, ce que nous ne tolérerons plus. Il faudra reconstruire l’école, réarmer les institutions, restaurer l’autorité légitime, mais aussi poser sans ambiguïté les cadres culturels auxquels chacun doit se plier. Car une société qui ne sait plus imposer ses règles finit par disparaître.
© Charles Rojzman
Dernier ouvrage paru: « Les Masques tombent. Illusions collectives, vérités interdites. Le réel, arme secrète de la démocratie »


Emmanuel Macron est lui-même une parfait illustration de cet ensauvagement. Lorsque ce fasciste et ce psychopathe que les Français ont élu deux fois se comporte comme une petite frappe et ne cache pas son mépris envers des citoyens qui valent mieux que lui, il a la même attitude qu’un délinquant de banlieue. Totalement dépourvu d’empathie et d’humanité, il qualifie avec dédain de « faits divers » des crimes racistes et/ou sexistes. Tout comme les LFISTES, Macron est toujours du côté des bourreaux.
« La mort de l’empathie humaine est l’un des premiers signes et le plus révélateur d’une culture sur le point de sombrer dans la barbarie ».
Emmanuel Macron, le NFP et leurs millions d’ électeurs respectifs (qui sont souvent les mêmes) incarnent la mort de l’empathie : il s’agit effectivement d’une rupture _ ou d’une mort civilisationnelle.
2017 : l’année fatale.
(Citation d’Hannah Arendt)