
Russie, Ukraine, Europe, Chine, États Unis : ORWELL 1984-2025, Novlangue, mode d’emploi
Où on apprend que Big Brother avait des frères cachés dans plusieurs pays: Georges ORWELL en a eu vent. On chuchote qu’il est de retour pour vérifier, incognito, si ce qu’il a écrit en 1984 se confirme à notre époque. En 1984 il avait traité de l’efficacité de la propagande. Il connaissait bien la machine efficace de la première guerre mondiale. Il s’opposait tant au fascisme qu’au totalitarisme allemand de son époque. Voici, en exclusivité, le compte rendu de son voyage :
Il se rend à Moscou où il découvre que la traduction de son ouvrage se trouve sur la table de chevet du président russe et des membres de son gouvernement.
Le volume est ouvert sur le texte évoquant la police de la pensée, du ministère de la Vérité, de la novlangue (nettoyage de la langue). Le slogan du parti est « Celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir ; qui contrôle le présent contrôle le passé ».
Et le texte se poursuit :
« La vérité présente est restée fidèle à toute l’éternité. C’était facile. Il suffisait d’une chaîne ininterrompue de victoires sur sa propre mémoire. le contrôle de la réalité. En novlangue, cela s’appelait la double pensée. Chaque dossier a été détruit ou falsifié, chaque livre révisé, chaque rue renommée. Le développement historique s’est arrêté. Le ministère de la Vérité veille à l’exécution : La guerre est la paix, la liberté est l’esclavage, l’ignorance est la force. »
Devant les émissions des médias russes, il est très perplexe : Le soi-disant politiquement correct conduit à effacer l’histoire et ses contradictions. Les questions de genre se superposent aux conflits politiques et empêchent de résoudre les conflits sociaux en détournant l’attention des vrais problèmes.
A la lumière du conflit actuel, il s’arrête à Kiev.
Dans le cadre des lois de décommunisassion de 2015, l’Ukraine a mis à distance les symboles liés à son passé commun avec l’URSS et la Russie. Mais en 2016 Kiev décidait de renommer l’avenue de Moscou en Avenue Stepan-Bandera.
Stepan Bandera a effectivement collaboré activement avec l’Allemagne nazie. Il rêvait d’un territoire débarrassé des juifs, des Polonais et des Russes.
Environ 1,5 million de Juifs ukrainiens ont été exterminés par les nazis et leurs supplétifs locaux. La plupart étant des nationalistes de Galicie, antisémites violents, même s’ils considéraient que les ennemis principaux étaient les Russes et les Polonais. Selon leur organisation OUN, dirigée par Stepan Bandera, « les Moscovites, les Polonais et les Juifs nous sont hostiles et doivent être exterminés dans cette lutte, en particulier ceux qui résisteraient à notre régime« . Et l’éphémère chef OUN de l’État ukrainien de préciser : « Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler ». Des milliers de nationalistes rejoignirent l’armée populaire UPA, qui massacra des dizaines de milliers de personnes et la Division SS Galicie.
Lors de l’indépendance en 1991, ces tentations nationalistes reprennent. Cette même année, Oleg Tiagnybok crée à Lviv, le Parti national social d’Ukraine, avec l’emblème de la division SS Das Reich. Spécialiste de la prise du pouvoir par les nazis et les fascistes, il fonde un Centre de recherches politiques Joseph Goebbels. En 2004, pour plus de respectabilité, le parti Svoboda est renommé Liberté, tout un programme !
Aujourd’hui ses adeptes vénèrent l’OUN-UPA et réalisent des clips à la gloire des Waffen SS avec l’aide de l’Église et des autorités. Le député local de Svoboda Oleg Tiagnyboky dénonça, dans une lettre ouverte en 2005, les activités criminelles de la juiverie de son pays. Il figure ainsi en 2012 dans le Top 10 des antisémites mondiaux du centre Simon Wiesenthal pour ses propos visant à purger l’Ukraine des 400 000 Juifs et autres minorités qui s’y trouvent et dénonçant la « mafia Judéo-Moscovite« .
Svoboda s’est allié avec la droite ukrainienne de Tymochenko, dénoncée par les organisations juives en 2012. Ce parti atteint ainsi 10% des voix aux législatives de 2012 – mais 30% des voix en Galicie et 1% dans l’Est. Le Congrès Juif Mondial alerta les gouvernements en 2013 sur ce parti « néo-nazi » et 25% des députés de la Knesset prirent la plume pour alerter le Parlement européen. En vain …
Très surpris ,ORWELL se déplace ensuite vers Washington en faisant un crochet par Pékin et une étape à Paris.
Il y découvre que le secrétaire général du parti a aussi sur sa table de chevet « 1984 » à la veille du prochain congrès du parti. Il repart, certain que Moscou et Pékin c’est du pareil au même. Avec surprise, il constate qu’aux États-Unis règne un incroyable bellicisme lié au conflit ukrainien, la haine, la rupture de tous les liens culturels avec la Russie, l’effacement de la préhistoire du conflit, la certitude d’être du bon côté, le dénigrement des comparaisons avec des guerres depuis des décennies) en violation du droit international ( cherchez l’erreur), Il apprend que désormais qu’aux États-Unis, les gouverneurs des états décident seuls si les femmes peuvent ou non avoir des bébés.
Très effrayé, Orwell repart pour l’Europe où là aussi les dirigeants innovlanguent. En France, il ne comprend pas qu’il existe une extrême droite qualifiée d’intolérable malgré ses 89 députés élus démocratiquement et un extrémisme de gauche, parfaitement honorable reçu sur tous les plateaux de la télévision publique, malgré son déchainement de haine totalitariste (on peut être totalitaire et fascisto-gauchiste) ; imbibé d’antisémitisme et d’islamo gauchisme. Il repart avec l’impression que ce qu’il a vu à Moscou a inspiré des adeptes à Paris concernant Israël, l’Antisémitisme et le Révisionnisme, où génocide est devenu un mot commun …
1984. « Il y avait le mot noir et blanc dans la novlangue. Il y avait deux sens contradictoires. Utilisé contre un adversaire, c’était l’habitude d’affirmer que le noir est blanc, contrairement aux évidences. Mais cela signifie aussi être capable de croire que le noir est égal au blanc« .
Dans « La guerre signifie la paix« , Orwell suppose la division du monde en trois super-États (Eurasie, Océanie sous les États-Unis et Asie de l’Est), désormais constamment en guerre :
« C’est une bataille avec des objectifs limités entre des combattants qui n’ont pas le pouvoir de se détruire, n’ont aucune cause matérielle de guerre et ne sont séparés par aucune réelle différence idéologique. »
Orwell se convainc qu’on a utilisé son ouvrage.
« Le problème était de faire tourner les rouages de l’industrie sans augmenter la richesse réelle du monde, en pratique, la seule façon d’atteindre cet objectif était la guerre perpétuelle.
Un instant, on penserait au pétrole, au gaz, aux céréales.
« En même temps, la conscience d’être en état de guerre et donc en danger fait qu’il semble inévitable de placer tout le pouvoir entre les mains d’une petite caste. »
Dans cette effroyable partie qui se joue avec nous, les protagonistes prônent plus de guerre, jusqu’au dernier homme. La contraction toujours plus forte du débat d’opinions ne permet plus le dialogue et encore moins d’envisager des alternatives. Seule la ou les parties déterminent le bon chemin,
« 1984″ poursuit:
« La stratégie que les trois puissances poursuivent est la même. Elle vise par une combinaison de combats, de marchandages à se tailler un cercle de bases encerclant complètement l’un ou l’autre des États rivaux. Pendant ce temps, des missiles chargés de bombes nucléaires peuvent être stockés à tous les points stratégiques ».
On en prend le chemin.
Déçu, Orwell écrivait : « Les héritiers des révolutions française, anglaise et américaine avaient cru en leurs propres définitions sur les droits de l’homme, mais toute la pensée politique dominante est devenue autoritaire ».
1984. « Le parti ne cherche le pouvoir que dans son propre intérêt, Les nazis allemands et les communistes russes se sont approchés des nôtres par leurs méthodes, mais ils n’ont jamais eu le courage d’admettre leurs propres motivations. Le pouvoir c’est une fin. Le pouvoir réside dans la capacité d’infliger douleur et humiliation. La nôtre est fondée sur la haine« .
Pendant un temps, plaider pour un cessez-le-feu ou un compromis en Ukraine disqualifiait son auteur en tant que « complice de Poutine » tout en négligeant que quelqu’un-qui peut-comprendre doit faire partie de tout compromis. Depuis, plaider pour un cessez le feu, qualifie son auteur comme soutien de l’Ukraine. C’est la politique dans toutes ses splendides contradictions.
Orwell, très déçu, est reparti, sans commentaires.
La situation actuelle place l’Allemagne devant un immense défi dont on ne peut pas ou on ne veut pas encore mesurer les bouleversements à venir pour toute l’Europe. À preuve, les politiciens, les nôtres, les autres, interviewés, affirment que la conviction d’avoir leur mot à dire dans l’histoire (?) leur donne un sentiment exceptionnel. C’est à la fois le fantasme du pouvoir et n’en doutons pas, le pouvoir du fantasme.
Ainsi va le monde,
© Francis Moritz
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps

A partir de « A la lumière du conflit actuel, il s’arrete a Kiev », l’article de Francis Moritz a au moins le mérite de rappeler certains faits.
Mais par contre ce n’est pas en Russie que se trouvent le « Ministère de la Vérité » et la novlangue. C’est dans une large partie de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Amérique du Nord et plus encore…de l’Europe de l’Ouest.
Bien sûr, il existe de l’embrigadement et de la propagande en Russie. Évidemment, mais beaucoup moins qu’ici, où la désinformation, la novlangue, l’inversion des valeurs et du réel ont atteint un niveau infini. Aussi infini que le vide (qui d’un point de vue quantique n’est pas fondamentalement vide, mais peu importe) de l’espace intergalactique. Les Français vivant en Russie et les Russes sont même globalement bien mieux informés de ce qui se passe en France…que la majorité des Français. Pour tous ceux (d’une autre génération que la mienne) qui ont grandi dans la peur de la menace soviétique (réelle mais surestimée), c’est peut-être dur à admettre _ mais le monde a radicalement changé. Avec plusieurs virages à 180 %.
Le début des années 1990 a été marqué par la fin de l’URSS…coïncidant avec la montée fulgurante du Nazisme islamiste (*) en Orient et en Afrique, montée fulgurante de l’intersectionnalisme/décolonialisme/indigénisme qui est la version « racisée » de Mein Kampf dans le monde anglo-saxon et création officielle de l’UE…L’UE ou le totalitarisme orwellien dans toute sa splendeur : « La guerre c’est la paix/La liberté c’est l’esclavage/L’ignorance c’est la force »…L’UE = l’union sacrée entre l’extrême-droite islamonazie/palestiniste/décolonialiste et l’extrême-droite hitlérienne/bandériste.
(*) c’est d’ailleurs une des conséquences de la politique antisoviétique de Washington et l’Europe de l’Ouest: soutien financier et militaire aux islamistes afghans… les futurs Talibans.
Cher Sylvain, merci pour vos commentaires. J’attire votre attention sur mon propos ne s’entend spécialement pour la Russie . Orwell voyage dans plusieurs continents. Il fait essentiellement 3 découvertes :
Son ouvrage est devenu un livre de chevet dans de nombreux pays,
Big Brother a une nombreuse fratrie internationale,
Désormais le cercle des novlîguistes est devenu planétaire.
Bien cordialement
J’avais bien compris. Merci. Mais connaissant plutôt bien ces différentes parties du monde, je constate que la désinformation (dont je ne nie pas l’existence) existant en Russie reste très en deçà de celle existant ici, où l’inversion des valeurs et du réel est total. Exemple sans rapport direct avec l’Ukraine: en Russie, les mélenchonistes sont généralement présentés comme de dangereux fascistes (et à juste titre). En Occident, ils sont sponsorisés par la plupart des médias et présentés comme de gentils progressistes « antiracistes ». Ex en rapport avec l’Ukraine : les médias français n’hésitent pas à affirmer que le régime bandériste de Kiev est un modèle démocratique (!) et que l’armée ukrainienne remporte de grandes victoires alors que même les anglo-saxons constatent sa situation catastrophique (avec une proportion de pertes ukrainiennes au moins 3 ou 4 fois plus élevée que du côté russe). Ou encore que la Russie est isolée alors que les 3/4 de la planète la soutiennent.
La Russie fait de la propagande et arrange la réalité à son avantage mais l’Europe de l’Ouest pratique un lavage de cerveaux massif et une inversion totale du réel.
Cordialement.
Mon propos qui ne s’entend pas spécialement pour la Russie