Mardi 30 décembre 2025, les manifestations et soulèvements populaires en Iran sont entrés dans leur troisième jour. Des étudiants de plusieurs universités de Téhéran ainsi que de nombreuses autres villes ont rejoint le mouvement. Parmi les slogans scandés par les manifestants figuraient : « Mort à cette cherté, nous irons jusqu’à la chute du régime » et « Mort au dictateur ». De nombreux commerçants ont fermé leurs boutiques dans différents quartiers de Téhéran. À Chouch et Javadiyeh, les forces spéciales ont attaqué les manifestants avec des gaz lacrymogènes.
Le mouvement de grève et de protestation s’est étendu à d’autres villes telles que Chiraz, Ispahan, Machhad, et bien d’autres encore. Les forces répressives — Gardiens de la révolution, police nationale, ministère du Renseignement, agents en civil et autres forces de sécurité — sont en état d’alerte maximale et ont été massivement déployées dans plusieurs régions.
de nombreuses universités ont organisé des rassemblements et des marches, scandant à leur tour « Mort au dictateur », en soutien au soulèvement des commerçants. À l’Université nationale (Beheshti) et à l’Université Khajeh Nasir, les étudiants ont résisté face aux miliciens bassidjis et aux agents en civil en criant « Honte à vous ! ». À Téhéran, lors d’une manifestation sur la rue Mellat, les unités spéciales ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, mais les jeunes ont poursuivi leur protestation.
- Maryam Radjavi, dirigeante de l’opposition iranienne et du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déclaré que le soulèvement des commerçants et d’autres couches sociales reflète la colère de dizaines de millions de personnes accablées par l’effondrement rapide de la monnaie nationale, l’inflation croissante, une récession sans précédent, la discrimination et la corruption systémique du régime.
- Le président Massoud Pezeshkian, sur X, le 28 décembre 2025 (8 Dey 1404), a déclaré : « Le bien-être du peuple est ma préoccupation quotidienne. Des mesures fondamentales pour réformer le système monétaire et bancaire et préserver le pouvoir d’achat de la population sont à l’ordre du jour. J’ai chargé le ministre de l’Intérieur d’ouvrir un dialogue avec les représentants des manifestants afin d’écouter leurs revendications légitimes et de permettre au gouvernement d’agir avec responsabilité pour résoudre les problèmes. »
- Mohajerani, porte-parole du président, a déclaré le 29 décembre 2025 : « Nous voyons combien les gens luttent aujourd’hui pour leur subsistance. Il est du devoir du gouvernement et de l’État d’avoir une oreille attentive. Là où il y a douleur, il y a aussi un cri. Nous voyons, entendons et reconnaissons les crises et les difficultés. Même si certaines voix sont virulentes, le gouvernement les écoutera avec patience. Car nous croyons que lorsqu’un peuple élève la voix, c’est le signe qu’il subit une pression intense. »
- Bakhshayesh, membre de la commission de sécurité du Parlement, a déclaré : « J’espère que cette situation ne sera pas le prélude à de futures émeutes. Les slogans actuels ne sont pas d’ordre économique, mais bien politiques. Si les attentes économiques se transforment en revendications politiques, cela entraînera de sérieux problèmes. Nous devons réviser nos politiques économiques afin que, si des manifestations ont lieu, les autres citoyens ne se sentent pas concernés et ne les soutiennent pas. »
- Ghalibaf, président du Parlement, a affirmé : « Les ennemis et les réseaux organisés cherchent à détourner toute revendication légitime du peuple vers le chaos et la violence en utilisant leurs agents formés sur le terrain. Le peuple empêchera que ses protestations soient détournées vers le désordre, ce qui est l’objectif planifié de l’ennemi. »
- Ejei, chef du pouvoir judiciaire, le 28 décembre 2025 : « Quiconque agit avec l’intention de nuire au régime sera considéré comme « corrupteur sur terre » et sera condamné à mort. »
- Le Groupe de gestion de la consommation d’énergie de la province de Téhéran a annoncé que, suite à une forte baisse des températures et afin d’assurer un approvisionnement stable en énergie, toutes les administrations, institutions publiques, centres commerciaux, écoles, universités, établissements d’enseignement supérieur, banques et mairies de la province de Téhéran seront fermés le mercredi 31 décembre (10 Dey). Les mêmes mesures de fermeture ont été annoncées pour les provinces de l’Azerbaïdjan oriental, Alborz, Ardabil, Ispahan, Ilam, Tchaharmahal et Bakhtiari, Khorasan-e-Razavi, Khorasan-e-Shomali, Zandjan, Fars, Qom, Kurdistan, Kerman, Kermanshah, Kohguilouyeh-et-Boyer-Ahmad, Guilan, Lorestan, Mazandaran, Markazi, Hamedan et Yazd. L’agence de presse ISNA, dans un rapport publié le mardi 30 décembre (9 Dey), a précisé que les centres médicaux, de secours, les services d’urgence, les unités de police et les agences bancaires de permanence ne sont pas concernées par la fermeture. Par ailleurs, les examens universitaires auront lieu comme prévu, et la fermeture des établissements d’enseignement supérieur n’inclut pas les épreuves déjà programmées.
© Hamid Enayat
Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore av ec l’opposition démocratique iranienne (CNRI)
