Administrer contre la nation :
responsabilité du Conseil d’État, du Conseil constitutionnel et de la classe politico-fonctionnaire**
Quand le droit, la justice et la technocratie gouvernent sans le peuple
Il est devenu presque impossible, dans le débat public français, de nommer les choses sans être aussitôt sommé de s’excuser. Pourtant, les faits sont là, massifs, visibles, persistants.
Pour la première fois de son histoire, la France se trouve confrontée à une situation inédite : une jeunesse très importante en nombre, à qui — quoiqu’on en dise — on a beaucoup donné, et dont une part significative rejette ouvertement le pays où elle est née, tout en idéalisant les pays d’origine de ses parents, souvent dirigés par des régimes autoritaires, corrompus, parfois ouvertement fascisants.
Il faut le dire sans détour : ce rejet n’est ni naïf ni inconscient.
Il ne relève ni de l’ignorance, ni de l’exclusion, ni d’un simple malaise social.
Il constitue une attitude assumée, une hostilité revendiquée, parfois même une stratégie identitaire consistant à jouir des droits d’une démocratie tout en contestant sa légitimité morale, historique et culturelle.
Ces jeunes ne sont pas des mineurs politiques.
Ils savent ce qu’ils font, ce qu’ils disent, ce qu’ils choisissent.
Ils connaissent les libertés dont ils bénéficient, les protections dont ils jouissent, les avantages matériels, juridiques et symboliques que leur confère la France — précisément parce qu’ils n’en jouiraient pas ailleurs.
Dès lors, il n’est plus question de « dérive » ou de « malaise ».
On ne peut pas durablement appartenir à une nation que l’on méprise.
On ne peut pas réclamer des droits tout en contestant la légitimité du pays qui les garantit.
Ce refus d’appartenance n’est pas une fatalité subie : c’est une responsabilité pleinement assumée, qui doit être nommée comme telle.
Mais cette responsabilité individuelle n’efface en rien la faute politique majeure qui l’a rendue possible, tolérable, parfois même encouragée.
Une classe politico-fonctionnaire méprisante, sûre de sa supériorité morale et intellectuelle, a confisqué la décision politique, traité le peuple comme un corps à administrer, puis l’a sommé d’assumer en silence les conséquences de décisions qu’il n’a jamais validées.
Pendant des décennies, des choix fondamentaux — en matière d’immigration, d’école, de droit, de discours public — ont été pris sans consultation réelle du peuple, sans débat démocratique loyal, sans jamais mesurer la portée anthropologique, civilisationnelle et historique de ces décisions.
Gouverner a été remplacé par administrer ; décider par normer ; transmettre par neutraliser.
Les grandes institutions juridictionnelles, une partie de la sphère judiciaire et les instances européennes ont accompagné — et souvent sanctuarisé — cette fuite hors du politique.
Au nom du droit, elles ont substitué la procédure à la souveraineté populaire, l’abstraction morale au réel, et la neutralité proclamée à une idéologie de fait.
Ce pouvoir sans mandat, exercé sans contrôle démocratique direct, s’est installé sans responsabilité, donc sans retenue.
Plus grave encore, cette démission ne s’est pas limitée aux cercles technocratiques.
Des représentants élus du peuple ont fini par adopter le même langage de dénigrement national, de relativisme culturel et de complaisance idéologique, allant jusqu’à légitimer, par leurs paroles ou leurs silences, une hostilité ouverte à la France.
À cela s’ajoute une hypocrisie devenue insupportable.
Nombre de ceux qui dénoncent en permanence un prétendu « racisme français » tiennent eux-mêmes des propos qu’aucun Français n’aurait osé formuler publiquement — hors les heures les plus sombres de notre histoire — à l’égard d’un peuple ou d’une nation :
essentialisation collective, culpabilité héréditaire, mise en accusation globale, délégitimation historique.
On ne combat pas le racisme en le recyclant.
On ne défend pas la République en reprenant les catégories mentales qu’elle a mis des décennies à combattre.
Ce qui se joue aujourd’hui n’est donc pas une crise passagère de la jeunesse.
C’est une crise de loyauté, une faillite politique, une démission institutionnelle, aggravées par le refus obstiné de nommer les responsabilités là où elles se trouvent.
Une nation ne survit pas lorsqu’elle accepte d’être haïe par ceux qu’elle protège, ni lorsqu’elle est administrée par des élites qui refusent d’assumer les conséquences de leurs choix.
L’Histoire vous jugera, et elle jugera sévèrement ceux qui ont cru pouvoir gouverner sans le peuple et contre la nation.
© Paul Germon
Qu’avez-vous fait de la France sans l’accord du peuple ? Par Paul Germon
