Une star s’est éteinte.
Une idole populaire.
Une Marianne charnelle, libre, indomptable.
Brigitte Bardot est morte.
Et avec elle disparaît une part de la France vivante, sensuelle, insoumise, aimante — celle qui a osé la liberté quand elle scandalisait encore, la jouissance quand elle était interdite, la défense des animaux quand elle faisait rire, l’amour de la France quand il n’était pas encore devenu suspect.
Toute personne digne de ce nom, éprise de cinéma, de mémoire, de beauté et de liberté, devrait aujourd’hui se taire et pleurer. Se souvenir. Respecter. Attendre, au moins, que la terre se referme.
Mais non.
Les charognards sont au rendez-vous.
Ils n’ont même pas attendu l’oraison funèbre.
Ceux-là mêmes qui hier profitaient de ce qu’elle avait conquis — la liberté des corps, la transgression, la parole affranchie — se ruent aujourd’hui sur sa dépouille pour la salir. Ils la jettent aux gémonies, la diffament, la réécrivent, la condamnent une dernière fois. Non pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle pensait.
Leur crime ?
Elle n’était pas de leur camp.
Alors cette gauche moralisatrice, prompte à distribuer les brevets de vertu, s’acharne. Une gauche qui, hier, fut collaborationniste pour une part non négligeable ; une gauche qui aujourd’hui recycle l’antisémitisme sous d’autres masques ; une gauche qui se prétend humaniste tout en piétinant les morts.
Ils donnent des leçons de morale en profanant un cercueil.
Ils haïssent la France, et elle l’aimait.
Ils instrumentalisent la haine, elle défendait les vivants — humains comme animaux.
Ils vivent de l’anathème, elle incarnait la liberté.
Brigitte Bardot représentait la France charnelle, instinctive, imparfaite et vraie.
Eux représentent l’anti-France : celle qui efface, qui juge, qui condamne, qui excommunie même les morts.
Il y a des silences qui honorent.
Et des paroles qui salissent ceux qui les prononcent.
Aujourd’hui, ce ne sont pas les morts qu’il faut juger.
Ce sont les vivants qui n’ont plus ni mémoire, ni décence, ni honte.
© Richard Abitbol
