Tribune Juive

Pierre Haski ou la bonne conscience subventionnée. Par Paul Germon

Il a ce ton doux des certitudes confortables, cette façon d’expliquer le monde sans jamais le questionner. Pierre Haski ne serait pas un idéologue de combat, mais pire : un prêtre du consensus.

Ancien de Libération, fondateur de Rue89, président de Reporters sans frontières, il incarnerait à la perfection la mutation du journaliste en arbitre moral — cet homme qui ne dérange personne, sauf ceux qui pensent encore.

Le vernis du progressisme

Sous couvert d’humanisme, Pierre Haski défendrait toujours la même chose : la démocratie libérale vue depuis le 7ᵉ arrondissement.

Il parlerait de liberté de la presse, mais dans le périmètre rassurant de ses bailleurs : européens, américains ou philanthropes mondialisés.

Ses indignations sembleraient calibrées, ses colères propres, ses cibles convenues : les “populismes”, les “nationalismes”, Israël quand il se défend trop bien.

La pensée Haski, ce serait le prêt-à-penser moral du fonctionnaire du Bien.

Du journalisme au catéchisme

À France Inter, il ne commenterait pas : il absoudrait ou condamnerait.

Chaque chronique ressemblerait à un petit catéchisme laïque : la liberté, oui, mais validée par Bruxelles ; la démocratie, oui, mais labellisée par le New York Times.

Il ne chercherait pas la vérité ; il en surveillerait la conformité.

Chez lui, le doute passerait pour une faute de goût, et la nuance pour un soupçon de réaction.

Israël, le coupable commode

Même la tuerie de Sidney n’a pas trouvé grâce à ses yeux , il y a encore trouvé matière à diaboliser Israel , la haine de soi fait beaucoup de dégats, Lessing n’est pas mort .

Ancien correspondant à Jérusalem, il aurait gardé du Proche-Orient cette certitude occidentale que la paix viendrait si Israël cessait d’exister trop fort.

Toujours prompt à rappeler les “droits des Palestiniens”, rarement pressé d’évoquer le terrorisme, il perpétuerait cette morale d’équilibre où l’assassin et la victime finissent renvoyés dos à dos.

Sous sa présidence, RSF aurait pris le même pli : vigilance sélective, dénonciation confortable, indignation asymétrique.

Le confort des grandes causes

Les grandes causes, il les aimerait surtout quand elles seraient finançables.

Reporters sans frontières vivrait sous perfusion de fonds européens et de fondations privées : Ford, Adessium, Open Society Foundations, la fondation créée par George Soros et citée dans les rapports financiers de RSF.

Ce ne serait pas un scandale, mais une ambiance : celle d’un militantisme sous contrôle, payé pour s’émouvoir dans les limites du cadre.

Chez Haski, la liberté d’expression s’arrêterait là où commencerait la subvention.

Le charme du raisonnable

Pierre Haski est un homme charmant : cultivé, courtois, agréable.

Mais ce charme masquerait le sérieux fade de ceux qui ne doutent jamais d’avoir raison.

Il ne hurlerait pas ; il convaincrait par usure.

Il ne combattrait pas ; il occuperait la place.

En guise d’épilogue

Pierre Haski ne serait pas l’ennemi de la liberté : il en serait le fonctionnaire.

Il la gérerait, l’administrerait, la filtrerait et la distribuerait à ceux qui pensent bien.

Il incarnerait le visage avenant d’un journalisme subventionné qui s’est fait juge et partie — celui qui expliquerait le monde sans jamais s’y salir.

Haski, ce serait la gauche morale sans l’élan, la conviction sans le risque, la liberté sous contrôle.

© Paul Germon

Quitter la version mobile