Tribune Juive

Light Ripples: l’expo de Jessica Moritz

18.12 – 15.01.2026

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L’exposition personnelle de Jessica Moritz, « Light Ripples », explore l’équilibre fragile entre chaos et ordre, prolongeant la réflexion de l’artiste sur la spiritualité et la matérialité. À travers des peintures abstraites et colorées, elle instaure un dialogue intime entre instinct et maîtrise, faisant de sa pratique à la fois un acte méditatif et une enquête sur les forces invisibles qui façonnent notre perception et notre existence.

Moritz travaille souvent à partir de matériaux familiers et recyclés — tels que des planches de bois ou des textiles en denim. Son processus relève de la transformation : telle une métamorphe, elle convertit ces objets trouvés en œuvres nouvelles. En les réinvestissant comme toiles ou comme structures tridimensionnelles, elle repousse les limites mêmes de la peinture. Elle les aborde comme on observerait un écosystème naturel, se laissant guider par la tension entre les éléments. Le pigment se diffuse et se dépose selon sa propre logique, et l’artiste accompagne ces mouvements. Les compositions se développent progressivement, faisant écho à des motifs et à des rythmes profondément ancrés dans le monde naturel — comme si l’environnement lui-même s’exprimait à travers la surface picturale.

S’inspirant à la fois de l’ordre naturel et de l’impact perturbateur de la présence humaine, ses œuvres se déploient sous forme de paysages imaginaires composés de formes organiques et géométriques, souvent structurés autour de dégradés de couleur et de lumière. Dans ces espaces, des symboles récurrents — la lune, le soleil, le cercle ou la vague — apparaissent comme des archétypes de l’harmonie universelle, ancrant les compositions dans un dialogue intemporel entre la nature et l’esprit humain.

L’approche picturale de Moritz met l’accent sur la profondeur au sein de la planéité. Ses dégradés subtils et son usage de la couleur défient les habitudes visuelles, créant l’illusion de vides lumineux. Là où les contours semblent s’arrêter, le regard découvre une nouvelle dimension, un espace où lumière et ombre coexistent, suggérant une forme de calme presque surnaturel. Plutôt que d’utiliser de la peinture acrylique pulvérisée, elle privilégie des couches successives de coups de pinceau, construisant méthodiquement ses surfaces depuis les bords vers le centre, générant un rythme visuel qui évoque à la fois l’expansion et l’introspection.

La peinture devient alors une cérémonie silencieuse : dans chaque composition, les formes reviennent, non pour se répéter mais pour évoluer. Elle décrit ces répétitions comme des rituels — « elles m’ancrent dans le présent tout en tirant des fils de la mémoire et de la sensation ».

Chaque tableau semble contenir une architecture invisible — un ordre intérieur qui échappe à la perception rationnelle. C’est par cette construction discrète que ses toiles transcendent la matérialité pour s’ouvrir au métaphysique. Sa pratique devient une forme de réflexion spirituelle, où la tension entre chaos et ordre se transforme en un espace de révélation, de grâce et de possible transcendance.

Texte : Nathalie Wertheimer

Kikar Plumer 8, Tel-Aviv

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