« Le procès Netanyahou a révélé une vérité qui effraie Aharon Barak »

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Entretien intégral avec le Dr Haïm Shein

Interrogateur : Dr Pini (Pinhas) Yehezkieli – Aroutz Tov (ערוץ טוב), chaîne YouTube
Diffusion : 13 décembre 2025


Dr Pini (Pinhas) Yehezkieli est un ancien officier supérieur de la police israélienne (grade de ניצב משנה – commandant), où il a servi environ 25 ans.

Il est aujourd’hui analyste, consultant stratégique et intervieweur sur la chaîne Aroutz Tov.


Introduction

À la suite des propos d’Aharon Barak, ancien président de la Cour suprême d’Israël, affirmant se sentir passé du statut de « citoyen » à celui de « sujet », Aroutz Tov a consacré un entretien approfondi avec le juriste et intellectuel Dr Haïm Shein.

Dans cet échange conduit par Pini Yehezkieli, le Dr Shein développe une critique globale du système judiciaire israélien, du rôle de la Cour suprême (Bagatz), de la crise de légitimité des élites, et des conséquences historiques du procès de Benyamin Netanyahou.


L’entretien – version intégrale

Pini Yehezkieli – Aroutz Tov

Après qu’Aharon Barak a déclaré se sentir devenu un « sujet », vous avez écrit qu’en tant que fin connaisseur de sa pensée, il comprend que l’œuvre de toute sa vie est en train de s’effondrer. Pourquoi ?

Dr Haïm Shein

Aharon Barak ne se sent pas comme un sujet.
Il se sent comme quelqu’un qui a longtemps été un seigneur féodal, qui dominait un grand nombre de sujets, et qui découvre soudain que les véritables sujets se sont réveillés.

Il découvre que ces citoyens ne sont plus prêts à accepter un système judiciaire qui s’est transformé en alternative au système démocratique, celui qui trouve son expression dans les élections à la Knesset.

Donc la réponse est claire :
Aharon Barak n’est pas un sujet. Les sujets, c’est nous qui l’avons été.


Pini Yehezkieli

Peut-on dire qu’il est déconnecté de la réalité ? Et que cela révèle-t-il du groupe qui continue à attendre chacune de ses paroles ?

Dr Haïm Shein

Nous vivons des moments historiques dans l’histoire de notre peuple.

Je pense que l’une des plus grandes contributions de Benyamin Netanyahou à l’histoire de l’État d’Israël — et cela sera écrit dans les livres d’histoire — est le fait que, par le biais de ce procès monté de toutes pièces et des dossiers qui lui ont été fabriqués, il a révélé aux citoyens d’Israël une vérité fondamentale :

Ils ont découvert qu’ils étaient devenus des sujets entre les mains d’un système d’application de la loi profondément gangrené.

Cette découverte est immense.
Les citoyens-sujets se réveillent, et le moment de la correction approche.

Aharon Barak comprend déjà que l’œuvre de toute sa vie, construite sur plusieurs décennies, est en train de s’effondrer.
Une véritable tour de Babel qui s’écroule.


Pini Yehezkieli

Mais comment cela peut-il se terminer concrètement, lorsque chaque loi votée est immédiatement annulée par les juges ? Ils semblent aller toujours plus loin.

Dr Haïm Shein

Cela se terminera lorsque les citoyens d’Israël donneront un soutien clair aux membres de la Knesset et au gouvernement pour faire face à cette tentative persistante d’annuler l’autorité de la démocratie et la valeur des élections.

Nous sommes actuellement en pleine guerre sur plusieurs fronts, ce qui rend difficile une confrontation constitutionnelle directe.
Mais la crise constitutionnelle avance, le moment de vérité approche.

C’est la fin du règne du public qui se considère comme « progressiste » et « éclairé ».
Ce règne a commencé avec l’ascension d’Aharon Barak en 1978 et s’est poursuivi durant sa présidence de la Cour suprême.

Aujourd’hui, ce public a perdu sa légitimité aux yeux de la société israélienne.


Pini Yehezkieli

On a vu récemment des explosions de colère populaire, notamment dans l’affaire de Sde Teiman.

Dr Haïm Shein

L’affaire de Sde Teiman a éclaté parce que le peuple d’Israël en avait assez.
Il a franchi les barrières et montré qu’il existe des lignes rouges, en particulier lorsqu’il s’agit des soldats de Tsahal.

Aujourd’hui, on voit des citoyens se rendre dans les salles d’audience et crier face aux juges.
On parle de restreindre cela, voire de fermer certaines audiences.

C’est une erreur grave.
Quand on empêche les gens de crier face aux juges, ils finiront par aller crier devant leurs bureaux.


Pini Yehezkieli

Vous affirmez qu’il n’existe plus aujourd’hui de véritable justice en Israël.

Dr Haïm Shein

Il n’existe actuellement en Israël aucune salle d’audience où règnent le droit, la justice, l’intégrité et la morale.

Ce que nous avons, ce sont des tribunaux qui sont devenus des entités politiques à part entière.

Il existe des arrêts de la Cour suprême dans lesquels il n’y a aucun contenu juridique, seulement de la politique, avec pour objectif d’affronter la Knesset et le gouvernement.

Il n’y a plus de retenue.
Il s’agit d’une tentative de prise de contrôle hostile du pouvoir démocratique.


Pini Yehezkieli

Le cœur du problème est-il, selon vous, le Bagatz ?

Dr Haïm Shein

Oui.
Le Bagatz, qui devait remplir un rôle précis et limité, est devenu un corridor par lequel la politique a pénétré le système judiciaire.

Des ONG se sont constituées, vivant de la Cour suprême et l’alimentant idéologiquement, pendant que celle-ci les nourrit en retour.

Aujourd’hui, on sait à l’avance :

  • quel juge va siéger,
  • quelles sont ses convictions,
  • et quel sera le verdict avant même que le procès ne commence.

Pini Yehezkieli

Vous décrivez Aharon Barak comme un stratège de long terme.

Dr Haïm Shein

Aharon Barak est l’un des quatre grands stratèges sociaux qu’Israël ait connus depuis sa création.

Pendant des années, étape après étape, il a construit l’infrastructure idéologique et pratique de la domination du Bagatz sur la société israélienne :

  • l’idée que tout est justiciable,
  • la Loi fondamentale sur la dignité humaine présentée comme une constitution,
  • l’affirmation que les décisions de la conseillère juridique du gouvernement lient l’exécutif.

Aujourd’hui, ce système est en effondrement total.


Pini Yehezkieli

On entend aussi dire que Tel-Aviv se vide, que des Israéliens quittent le pays.

Dr Haïm Shein

Il s’agit d’une petite minorité bruyante, amplifiée par les médias.

Rabbi Na’hman de Breslev expliquait déjà l’expression biblique « une terre qui dévore ses habitants ».
Il disait que ce n’est pas une malédiction, mais un processus naturel :

Il y a des gens que la terre d’Israël accepte,
et il y a des gens que la terre d’Israël rejette.

Tel-Aviv ne se vide pas.
Elle est vivante, dynamique, créative, et personne ne fuit réellement.


Pini Yehezkieli

Que penser des sondages annonçant un basculement politique ?

Dr Haïm Shein

Les sondages sont des produits.
Contre paiement, vous obtenez le sondage que vous souhaitez.

La vérité ne sera pas dans les sondages, mais dans l’urne.

Il y a environ 400 000 nouveaux électeurs jeunes, et ils ne sont pas majoritairement de gauche.


Pini Yehezkieli

Quel est votre message final ?

Dr Haïm Shein

Nous vivons un moment historique.

Le peuple d’Israël est intelligent et lucide.
La gauche n’a pas réussi à produire une alternative crédible depuis 1977.

Tout dépend désormais de la droite :
si elle assumera pleinement le pouvoir que le public lui a confié.

La souveraineté populaire revient aujourd’hui au centre de l’histoire israélienne.


Conclusion

Cet entretien intégral expose une vision radicale et assumée de la crise institutionnelle israélienne, opposant souveraineté populaire et pouvoir judiciaire.

Qu’on partage ou non l’analyse du Dr Haïm Shein, elle reflète une transformation profonde et durable du rapport entre les citoyens israéliens et leurs institutions.


Source : Aroutz Tov (ערוץ טוב), chaîne YouTube
Invité : Dr Haïm Shein

© David Germon
Décembre 2025

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