I- Synthèse des propos de Tucker Carlson concernant Israël, depuis l’attaque du 7 octobre 2023, qui peuvent être perçus comme critiques, voire anti-israéliens.
II- Concernant une discussion entre Tucker Carlson et Marjorie Taylor Greene
III- Le conservatisme américain, depuis longtemps, intègre un soutien profond à Israël
IV- Rejet profond et clair des postures comme celles de Tucker Carlson au sein d’America First, du conservatisme pro-israélien et du mouvement MAGA
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I
— Critique du soutien américain à Israël
En février 2024, lors d’une allocution à Dubaï, Carlson accuse les États-Unis de perdre leur « autorité morale » en refusant d’appeler à un cessez-le-feu au soutien d’Israël contre le Hamas :
« If you see a nation with awesome power abetting war for its own sake … that is shameful. »
«Voir une nation dotée d’une puissance extraordinaire encourager la guerre pour le simple plaisir de la guerre… c’est honteux.»
— Loyauté et citoyenneté
Lors d’un événement, il a dit que des Américains qui servent dans l’armée israélienne (IDF) devraient perdre leur citoyenneté américaine :
“You can only really pledge your loyalty to one person or one country … There are a lot of Americans who’ve served in the IDF and they should lose their citizenship.”
« On ne peut vraiment prêter allégeance qu’à une seule personne ou à un seul pays… Beaucoup d’Américains ont servi dans l’armée israélienne et ils devraient perdre leur citoyenneté. »
Selon lui, il est “impossible” de servir deux maîtres, citant le Nouveau Testament pour justifier cette position.
— Accusation de violence délibérée contre des civils
En avril 2024, interviewé par Piers Morgan, Carlson déclare à propos des frappes israéliennes :
« If you’re intentionally killing civilians, you probably shouldn’t beat your chest and brag about it … maybe you can make the case that you had to do it, but … To intentionally kill noncombatants, women and children, I think we can say that’s wrong. »
« Si vous tuez intentionnellement des civils, vous ne devriez probablement pas vous en vanter… vous pouvez peut-être expliquer que vous n’aviez pas le choix, mais… Tuer intentionnellement des non-combattants, des femmes et des enfants, je pense que nous pouvons dire que c’est mal. »
— Focus sur la souffrance des chrétiens palestiniens
En avril 2024, Carlson donne une large attention au révérend palestinien Munther Isaac, l’interviewant sur X pour dénoncer la situation des chrétiens en Israël et dans les territoires palestiniens. Munther Isaac présente Israël comme persécuteur de chrétiens et qualifie le blocus de Gaza de « punition collective »
Carlson a laissé passer des affirmations factuellement fausses ou hautement contestables sans rien demander. Comme à son habitude. Cela est clairement la preuve de son orientation. S’il n’y avait aucune orientation, il aurait demandé à Munther Isaac de détailler et de donner des preuves.
Plusieurs articles notent que Carlson a simplement écouté Isaac dérouler un discours politique très hostile à Israël sans objection, sans relance, sans mise en contexte.
Carlson n’a pas cherché à confronter Isaac, ni à valider l’exactitude de ses accusations.
Munther Isaac est réputé pour son discours violemment anti-israélien.
— Accusation d’égoïsme pro-Israël
En décembre 2023, Carlson cible Ben Shapiro et d’autres voix pro-israéliennes :
« Ils sont focalisés avec une intensité laser sur les conflits étrangers… Je n’ai pas le choix… Je suis d’ici… Je suis choqué de voir à quel point ils se soucient peu de l’Amérique. »
Ben Shapiro, que je connais très bien, passant la majeur partie de son temps à parler des problèmes interne à l’Amérique.
Ben Shapiro passe 90 % de son temps à parler des États-Unis. Politique intérieure, économie, culture, universités, élections américaines, questions de société.
Même si Carlson ne dit pas explicitement “les Juifs sont plus loyaux envers Israël qu’envers les États-Unis”, cela laisse entendre qu’en tant que Juif, Ben Shapiro se préoccuperait plus d’Israël.
Il cite des commentateurs connus pour être juifs, Ben Shapiro, Mark Levin, Bill Kristol dans d’autres contextes, les accuse d’être “laser-focused” sur Israël, oppose cela à sa propre loyauté : “I’m from here”, puis dit : “I’m shocked at how little they care about America.”
Le schéma rhétorique est classique. Identifier le juif pro-Israël. Le présenter comme obsédé par Israël. L’opposer à l’Américain “authentique”. Conclure qu’il ne se soucie pas vraiment de l’Amérique.
C’est exactement le trope du “double loyalty” qui poursuit les Juifs dans l’histoire américaine depuis le XIXe siècle, les Juifs seraient de loyauté ambivalente, plus attachés à Israël qu’au pays dont ils sont citoyens. Il n’a pas besoin de le dire ouvertement pour que le message passe.
Ce n’est pas une critique politique normale, c’est une rhétorique qui active un vieux code culturel anti-juif sans jamais le nommer.
il y a dans la formulation de Carlson une intention malveillante dirigée contre des commentateurs juifs.
— Sur la relation USA-Israël : « destruction for its own sake »
Toujours à Dubaï en février 2024, Carlson affirme :
« The father’s sacred obligation is to protect his family … if I come home and I have two kids fighting … Stop the fighting »
« L’obligation sacrée du père est de protéger sa famille… si je rentre à la maison et que j’ai deux enfants qui se battent… Arrêtez de vous battre »
Il compare la relation Père/État à celle US–Israël, dénonçant « destruction pour le simple plaisir de détruire ».
- Anti-interventionnismes élargis
Après le 7 octobre, Carlson appelle à la retenue, s’inquiète que les aides financières et militaires US soient détournées de l’intérêt national, et estime que la guerre israélienne aura des conséquences négatives pour les États-Unis .
- Critique de l’aide américaine à Israël / “prosternation” devant Israël
Carlson a déclaré que les dirigeants américains ne doivent “pas se prosterner devant” Israël.
Il critique la “relation spéciale” : selon lui, les États-Unis dépensent énormément d’argent (“30 milliards” depuis le 7 octobre 2023, selon lui) pour un “petit pays” qu’il juge “géopolitiquement insignifiant” malgré l’aide massive.
Il affirme qu’Israël « ne pourrait survivre sans les États-Unis ».
Il accuse certains responsables américains de permettre à Israël « d’humilier la nation américaine » et d’avoir autorité sur les US via la « propagande » et des « mensonges ».
- Carlson qualifie le christianisme sioniste d' »hérésie »
Pour lui, certaines formes de soutien à Israël sont théologiquement erronées : il dit que cette doctrine (“ils sont le peuple élu selon leur ADN”) est contraire au message du Nouveau Testament.
Il affirme que, dans le christianisme, les « élus » ne sont pas définis par la chair (la lignée), mais par la foi en Jésus :
« Il n’y a plus de peuple élu par la chair … mais uniquement ceux qui choisissent le Christ ».
Il dénonce que cette « théologie » (du christianisme sioniste) sert parfois de justification à la violence ou à des politiques pro-Israël agressives : il dit que ça « sert de justification à la violence, et même au meurtre d’innocents ».
- Critique des « pro-Israël » comme des « shills étrangers«
Dans un de ses commentaires, Carlson accuse certains pro-Israël américains d’être des « foreign shills » (des agents ou pions d’intérêts étrangers).
Il cible notamment le soutien militaire américain dans la région, et dénonce le rôle de certaines bases US (par exemple la base d’Al Udeid au Qatar) comme étant principalement dédiées à la « protection d’Israël ».
Il dit que ces « shills » ne reconnaissent pas « la philanthropie énorme » que, selon lui, les États-Unis (et d’autres) ont versée pour Israël.
Sur l’implication américaine dans les guerres israéliennes (et iraniennes):
Carlson a clairement dit que les États-Unis ne devraient pas participer à une guerre avec l’Iran aux côtés d’Israël :
« No funding, no American weapons, no troops on the ground ».
« Pas de financement, pas d’armes américaines, pas de troupes sur le terrain ».
Il estime que l’implication américaine serait un « middle finger » (« doigt d’honneur ») aux électeurs « America First » qui ne veulent pas que leur pays finance des guerres qui, selon lui, servent des « agendas étrangers ».
Il accuse les « warmongers » (ceux qui poussent à l’engagement militaire) de promouvoir un conflit « dans l’intérêt d’un agenda étranger ».
— Alliance idéologique avec des voix très controversées
Carlson a interviewé Nick Fuentes, figure d’extrême droite et antisémite avéré, ce qui a renforcé les critiques sur son attitude envers Israël et les Juifs.
Lors de cette interview, Carlson appelle les « Christian Zionists » (chrétiens soutenant Israël pour des raisons prophétiques) un « virus cérébral » :
Il dit : « I hate it … I hate it more than I hate leftist rioters … more than Islamic terrorists … more than Nazis … more than Chinese Communists ».
« Je déteste ça… Je déteste ça plus que les émeutiers de gauche… plus que les terroristes islamistes… plus que les nazis… plus que les communistes chinois ».
L’attaque n’est pas seulement politique, mais théologique : il voit dans ce christianisme sioniste une idéologie toxique qui détourne la foi chrétienne.
— Depuis le 7 octobre 2023, Carlson a tenu des propos pouvant être qualifiés de fortement critiques envers le positionnement moral des États-Unis pro-Israël, accusé de « perte d’autorité morale », les violences israéliennes envers des civils, notamment enfants ou chrétiens, le focalisation excessive des médias et personnalités pro-Israël au détriment des enjeux domestiques, l’utilisation condamnable de la force, assimilée à une « destruction for its own sake »
Ces positions, exprimées publiquement, représentent une divergence claire dans le discours traditionnel pro-Israël à droite, et constituent des arguments contre la politique israélienne depuis octobre 2023.
Isolement / « America First«
Carlson adopte une posture isolationniste. Il critique vivement que les États-Unis continuent à « payer pour Israël », et veut que l’Amérique privilégie ses propres intérêts plutôt que de « financer des guerres étrangères ».
Critique théologique
Son rejet du christianisme sioniste est un pilier de son discours. Il ne s’agit pas juste d’une critique géopolitique, mais d’une remise en question religieuse : selon lui, certains chrétiens détournent la foi pour justifier un soutien politique « inconditionnel » à Israël.
Suspicion sur les pro-Israël américains : En qualifiant des personnalités pro-Israël de « shills étrangers », Carlson met en doute leur loyauté ou leur motivation — ce qui, forcément, touche l’idée de nationalité, d’allégeance, et présuppose des intérêts « étrangers », (ce qui peut faire écho à des discours très polémiques).
Conséquences réelles
Ce discours peut alimenter une fracture au sein de la droite américaine : entre les conservateurs « néo-conservateurs » pro-Israël et les « populistes isolationnistes » qui veulent moins d’intervention américaine.
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II
Dans un passage du podcast de Tucker Carlson avec Marjorie Taylor Greene, deux figures se réclamant du conservatisme, de l’« America First » et d’un protestantisme revendiqué, on assiste à une scène révélatrice de leur imposture idéologique : ces deux réactionnaires — car ils relèvent clairement d’un réactionnarisme pur, pas d’un conservatisme à l’américaine* — feignent de ne pas comprendre le lien ancien, profond, historique, spirituel et intellectuel entre l’Amérique et Israël.
Ils réduisent ce lien à un « conditionnement » scolaire ou ecclésial, évacuant tout l’héritage américain, toute la tradition religieuse anglo-protestante, tout le socle politique et culturel qui fait que la liberté américaine s’est pensée dès l’origine en continuité avec l’histoire hébraïque : fuite de l’esclavage, rupture avec un pouvoir central autoritaire, construction d’un peuple libre autour d’un texte, d’une loi, d’une parole de sagesse.
Carlson et Greene ignorent — ou font semblant d’ignorer — que la liberté américaine est enracinée dans ce modèle, que les Pères fondateurs lisaient Israël comme la matrice symbolique de la république américaine, et qu’être conservateur américain implique de reconnaître cette généalogie spirituelle et politique.
Leur discours sur Genèse 12:3 atteint l’absurde : Carlson ose dire qu’il ne voit pas dans ce verset de lien avec Israël, sous prétexte que le mot « Israël » n’y apparaît pas, alors que ce verset fonde justement, dans la tradition juive comme dans la tradition chrétienne, la promesse faite à Abraham, à sa descendance — c’est-à-dire Israël — et à la terre promise, cœur du plan divin.
Un chrétien conservateur sérieux connaît cela, un chrétien qui prétend « éclairer » les masses encore plus ; prétendre l’ignorer relève soit de l’ignorance crasse, soit de la dissimulation idéologique.
Carlson va plus loin : il cherche explicitement à dissocier ce verset d’Israël, ce qui relève d’un véritable réactionnarisme anti-israélien.
Il suffit pourtant de recontextualiser : le Talmud (Yevamot 63a) relie clairement cette bénédiction aux nations à Israël, Rachi et les maîtres juifs y voient le rayonnement moral d’Abraham, Ramban insiste sur la vocation missionnaire des descendants d’Abraham, Hirsch sur l’exemplarité éthique d’Israël, et tout le corpus rabbinique relie ce verset au peuple et à la terre d’Israël.
Côté chrétien, la lecture est unanimement fondée sur ce triptyque : un peuple (descendance d’Abraham), une terre (Canaan), une mission universelle (bénir les nations) — que la théologie comprenne cette promesse comme achevée dans le Christ ou comme continuant avec Israël, personne ne nie le lien intrinsèque entre ce verset et Israël.
Même les théologiens qui insistent sur l’accomplissement spirituel (Wright, Kaiser, etc.) reconnaissent ce rapport organique. Kaiser parle de Genèse 12:3 comme de la « Magna Carta des missions », la première Grande Commission, le fondement du projet divin à travers Israël dans l’histoire.
Bref, tout chrétien protestant un minimum formé connaît cela.
La seule conclusion raisonnable est donc que Carlson ne dit pas cela par bêtise, mais par volonté idéologique : effacer le lien biblique, civilisationnel et théologique entre les chrétiens et Israël pour fonder une posture pseudo-nationaliste entièrement réactionnaire, hostile à Israël sous couvert de « patriotisme ».
C’est une stratégie sectaire qui instrumentalise l’ignorance religieuse pour attaquer Israël tout en se réclamant d’un christianisme vidé de sa substance. Carlson ne démontre ainsi qu’une chose : il n’est pas conservateur ; il est un réactionnaire anti- israélien travesti en chrétien éclairé.
*— Ces deux personnages relèvent du réactionnarisme pur, pas du conservatisme à l’américaine, parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans une continuité historique, morale et institutionnelle ; ils rompent avec elle. Le conservatisme américain réel est un attachement à l’ordre constitutionnel, aux traditions vivantes, à la transmission, à la prudence politique, à l’enracinement dans l’expérience, et à une lecture historique de la liberté fondée sur des héritages profonds — bibliques, philosophiques, juridiques. Le réactionnarisme, lui, n’est pas une fidélité, mais une rupture : c’est une posture de ressentiment qui inverse tout, qui nie la tradition quand elle ne sert plus le combat idéologique, qui détruit les continuités pour construire un récit puriste, complotiste, schématique, fondé sur un fantasme de retour à un passé qui n’a jamais existé. Et c’est exactement ce que font Carlson et Greene : ils se disent conservateurs mais effacent la tradition américaine, ignorent ses fondations religieuses, falsifient ses sources, attaquent les alliances qui structurent la politique américaine depuis deux siècles, et remplacent l’héritage réel par un bricolage idéologique agressif. Un conservateur conserve ; un réactionnaire fabrique artificiellement une vision du passé pour s’en servir comme arme politique. Eux ne défendent rien : ils déconstruisent ce qu’ils prétendent protéger. C’est la marque la plus sûre du réactionnarisme.
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III
Le conservatisme américain incorpore depuis ses origines un soutien profond à Israël, non pas comme une position conjoncturelle ou diplomatique, mais comme un prolongement direct de ses fondations religieuses, intellectuelles et géopolitiques.
La matrice puritaine et évangélique de l’Amérique coloniale se pense comme une réactivation moderne du récit hébraïque, un peuple quittant son Égypte pour fonder une société libre sous la protection de Dieu, ce qui explique que Jefferson, Franklin et Adams aient pu proposer en 1776 que le sceau américain représente les Hébreux fuyant l’esclavage. Cette identification a structuré durablement la droite protestante américaine, pour qui le retour du peuple juif sur sa terre relève d’un accomplissement biblique nécessaire et d’une fidélité morale : le christianisme évangélique majoritaire dans le conservatisme voit en Israël non seulement un allié moderne mais un fait théologique central. Dans l’identité nationale américaine, des figures comme John Adams reconnaissent dès le XVIIIe siècle la singularité des Hébreux dans l’histoire humaine, leur rôle civilisateur, leur rapport à la loi, à la justice et à la liberté, ce qui inscrit la référence hébraïque dans l’imaginaire politique conservateur.
Sur le plan géopolitique, Israël s’impose naturellement comme l’allié stable, démocratique et fiable au Moyen-Orient, un ancrage stratégique consolidé par la Guerre froide, la Guerre des Six Jours et la coopération sécuritaire permanente contre l’islamisme et les régimes totalitaires ; cette vision est devenue structurante dans la doctrine républicaine depuis Reagan jusqu’à Trump.
Reagan voyait en Israël la pointe avancée de la liberté contre les tyrannies, George W. Bush liait la défense d’Israël à la défense des valeurs américaines, et Trump a simplement assumé explicitement cette continuité historique en reconnaissant Jérusalem, en renforçant l’alliance stratégique et en intégrant le soutien à Israël à la plateforme America First, non comme exception mais comme retour aux sources.
Enfin, les valeurs partagées — souveraineté, patriotisme, défense des frontières, identité nationale assumée, culture biblique, lutte contre l’islamisme et le relativisme progressiste — font d’Israël un miroir naturel des priorités conservatrices.
Rien de tout cela n’est nouveau : le soutien à Israël n’est pas un ajout moderne, ni une construction diplomatique de 1948, ni un artifice de lobbying ; il est enraciné dans la pensée américaine depuis avant l’indépendance, dans la théologie protestante, dans la culture politique des Pères fondateurs, dans la géopolitique de la Guerre froide et dans la philosophie de la liberté propre au conservatisme américain.
Le lien Amérique–Israël est une tradition profonde, cohérente, fondatrice, qui fait partie de la colonne vertébrale du conservatisme américain authentique.
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IV
Au sein d’America First, du conservatisme pro-israélien et du mouvement MAGA, il y a un rejet profond et clair des postures comme celles de Tucker Carlson, qui prétendent réinventer l’isolationnisme à travers un prisme déformé, sectaire et historiquement erroné.
Contrairement à ce que Carlson laisse entendre, America First n’a jamais signifié un rejet de ses alliés, encore moins une coupure avec Israël ; au contraire, l’alliance avec Israël est ancienne, stratégique et mutuellement bénéfique.
Israël n’est pas un simple bénéficiaire unilatéral, mais un partenaire qui aide aussi l’Amérique dans ses intérêts géopolitiques, notamment en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme.
La posture de Carlson qui prône un retrait sous prétexte d’isolationnisme ignore non seulement cette réalité historique mais crée une division dangereuse au sein même du mouvement conservateur.
Ce discours sectaire et révisionniste réécrit l’histoire d’America First, qui a toujours inclus le soutien à Israël comme élément constitutif, en détournant les faits pour pousser des conservateurs vers un radicalisme excluant, profondément déconnecté des fondements réels du conservatisme américain.
Ce dernier est par essence opposé au sectarisme et à la division, raison pour laquelle il combat fermement le wokisme et le marxisme culturel, sources d’atomisation sociale et d’émergence de sectes idéologiques.
En revanche, la position de Carlson fracture, divise, et surtout noircit Israël, injectant dans le mouvement MAGA une image antisémite inacceptable, qui jette une ombre sur l’ensemble du conservatisme pro-américain et pro-israélien.
Attaquer Ben Shapiro, qui incarne un vrai conservateur et un patriote américain sincère, est une disgrâce totale, révélant que ce discours n’a rien à voir avec un patriotisme réfléchi, mais avec une instrumentalisation idéologique sectaire qui, au final, dessert Israël et affaiblit la cohésion même du mouvement.
© Nicolas Carras
Nicolas Carras – Créateur (vidéo – son – photo), artiste, poète
