La haine de soi, c’est ce poison chic qui fait chercher la caresse de ceux qui vous méprisent.
Au début, ça s’appelle « haute morale ». À la fin, c’est une reddition.
Pas de lucidité ici : juste la peur de déplaire, celle d’assumer son nom, sa mémoire, ses liens.
Alors on se désolidarise, on se purifie, on se nie — et on tend la main pour un satisfecit mondain qui ne vient jamais.
Chez les Juifs, ce sport a ses champions et sa technique.
On convoque la Paix, le Droit, l’Universel comme rideaux de fumée : surtout ne pas dire « J’ai honte d’être des leurs ».
On rêve d’être admis au salon des purs, en livrant les siens au vestiaire.
Et quand Israël saigne, ils signent des tribunes sur la retenue morale, le « cycle de la violence », ou la « symétrie tragique ».
Le 8 octobre 2023, alors qu’Israël sidéré cherchait les corps et les morceaux de corps arrachés aux kibbutzim, certains d’entre eux épousaient déjà les mensonges du Hamas — avec le zèle pieux de ceux qui veulent rester fréquentables.
Certains en ont même fait presque un métier : s’indigner à heure fixe, tourner leur appartenance en numéro de scène.
Une cinéaste célèbre avait écrit en 2002 un texte contre la riposte d’Israël à Jenine alors que pays comptait encore et réunissait les bouts de corps de civils suppliciés dans des attentats meurtriers.
Ces moralistes de plateau ne se contentent plus de douter : ils épousent la sémantique des bourreaux, signent des communiqués où le mot « terroriste » disparaît, remplacé par « résistant », et où l’assaillant devient victime.
Leur vocabulaire est devenu un champ de bataille, et ils se rangent toujours du côté qui frappe plus fort — pourvu que ce ne soit pas le leur.
Ils déshumanisent leurs frères tout en se félicitant de leur « lucidité« .
Ça doit pouvoir se soigner ; j’envisage d’interroger des professionnels…
Illusion comique : ce n’est pas l’amour des autres qu’ils gagnent, c’est leur mépris poli.
On adore le Juif qui s’accuse : c’est l’utile figurant du grand théâtre antijuif.
On lui prête un micro, puis on le range au placard dès que l’accessoire a servi.
Entrons maintenant sur scène : le Juif antisioniste
C’est souvent un Juif qui ne supporte plus de se voir debout.
Israël — pays imparfait mais vivant — lui renvoie l’image de celui qu’il n’ose pas être : fier, libre, responsable de sa force.
Il casse le miroir et l’appelle « éthique ».
Il préfère la posture du surmoi à la tenue du survivant.
Et quand il prêche devant ceux qui s’assument, la chose vire à la farce.
Le reniement devient apostolat.
Il sermonne, distribue des brevets de respectabilité, et explique doctement comment « bien être Juif » :
traduction: s’excuser d’exister ensemble.
Ce qu’il ne supporte pas en lui, il le punit chez l’autre.
Le Juif fier devient son miroir à briser, pour ne plus s’y voir.
Lessing, déjà au XVIIIᵉ siècle, avait donné un nom à ce phénomène : la haine de soi du Juif éclairé.
Trois siècles plus tard, le diagnostic n’a pas changé — seul le plateau télé a remplacé le salon prussien.
Qu’obtiennent-ils ?
Au mieux, une tape condescendante sur l’épaule : « Toi, tu n’es pas comme les autres ».
Et sitôt qu’ils n’ont plus d’utilité, on ferme la lumière.
La vérité est moins grandiloquente : on peut être universel sans s’effacer
On peut aimer la justice et son peuple.
On peut critiquer Israël sans souhaiter sa disparition — nuance que le Juif antisioniste militant confond volontiers avec une rime riche.
S’aimer soi-même n’est pas arrogance : c’est hygiène mentale, et parfois, simple survie.
Les autres ne s’en chargeront pas à notre place.
© Paul Germon

bravo à l’auteur ! Très juste très bien !
Bravissimo
Vous avez mille fois raison ! Puisque vous évoquez Lessing, permettez-moi une confidence personnelle : c’est en étudiant « Nathan le Sage » au lycée que j’ai découvert le judaïsme, le peuple juif et que mon intérêt, ma passion, pour Israël a commencé. Elle ne s’est jamais éteinte. I stand with Israel.