Tribune Juive

En 1944 Raphaël Lemkin invente le mot génocide pour nommer l’innommable. Par Sydney Chandler-Fry

« Ce n’est pas le nombre de victimes qui définit le génocide, mais l’intention d’anéantir un groupe en tant que tel. »
— Alban Perrin, Mémorial de la Shoah



En 1944, Raphaël Lemkin, juriste polonais juif rescapé de l’Holocauste, invente le mot « génocide » pour nommer l’innommable. Quatre ans plus tard, la Convention des Nations Unies en fait un crime international. Pourtant, aujourd’hui encore, son usage divise : de la Shoah au Rwanda, en passant par Gaza, le débat fait rage.

Pourquoi ?
Parce que le génocide n’est pas qu’un crime, c’est un projet politique. Comme l’explique Alban Perrin dans notre dernier épisode :
« Le droit, ce n’est pas des lois mathématiques. Les normes juridiques sont le résultat de processus politiques. »

En 1948, les négociations pour définir le génocide furent âpres : l’URSS refusait d’y inclure les groupes politiques, les États-Unis craignaient des retombées sur leur propre histoire de ségrégation raciale. Résultat : une définition restrictive, centrée sur l’intention de détruire un groupe ethnique, national, racial ou religieux.

Aujourd’hui, le mot est brandi comme une arme dans les conflits, mais aussi comme un bouclier mémoriel. Comment le distinguer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ? Pourquoi certains États refusent-ils toujours de reconnaître le génocide des Arméniens, un siècle après les faits ?

🎧 À écouter en intégralité : https://lnkd.in/etiAJaQw

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