

©Capture d’écran Public Sénat
Fruit d’un groupe de travail d’une trentaine de sénateurs, 17 recommandations formulées sur 107 pages par les Républicains du Sénat et destinées à lutter contre l’entrisme islamisme. Des mesures comme l’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires ou des mineures que la droite défend depuis plusieurs années.
C’est un groupe de travail interne aux LR du Sénat qui formule 17 recommandations pour lutter contre l’entrisme islamisme.
Les auditions « ont révélé que les stratégies d’infiltration islamistes reposent sur le double discours systématique, l’entrisme dans les institutions publiques (administration, éducation, sport) et l’instrumentalisation des libertés démocratiques », ont relevé les 29 élus du groupe de travail LR, parmi lesquels Agnès Evren, Roger Karoutchi, Valérie Boyer, menés par la sénatrice du Val d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio.
« Le réarmement républicain doit s’installer dans le pays »
« C’est un travail que nous avait demandé le président de notre groupe Mathieu Darnaud. De janvier à juin, nous avons auditionné un certain nombre de personnes. L’idée était de poser la question : est-ce que l’islamisme est un obstacle à la cohésion sociale ? La réponse est oui. Et la France ne peut pas s’en satisfaire et doit se donner les moyens de lutter contre cette hydre. Le réarmement républicain doit s’installer dans le pays », soutient Jacqueline Eustache-Brinio.
Parmi les personnes auditionnées figurent Hassen Chalghoumi, imam de Drancy et président de la Conférence des imams de France, Bertrand Chamoulaud, directeur National du Renseignement Territorial ou encore l’essayiste, Fatiha Agag-Boudjahlat.
Interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires
Dans ce rapport que Public Sénat a pu consulter droite du Sénat reprend des mesures qui lui sont chères et qui ont déjà été plusieurs fois votées au palais du Luxembourg, comme l’interdiction du port du voile pour les mères accompagnatrices lors des sorties scolaires. En janvier dernier, lors des commémorations des attentats de Charlie Hebdo, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bruno Retailleau avait formulé la même proposition pour combattre « l’entrisme » de « l’islam politique » (lire notre article).
Autre cheval de bataille de la droite, l’interdiction du port du voile pour les jeunes filles mineures. Une proposition régulièrement défendue par la sénatrice Valérie Boyer dans l’hémicycle. Le patron de droite, Laurent Wauquiez a déposé une proposition de loi en ce sens.
Les sénateurs relèvent les « effets positifs de la circulaire Attal de septembre 2023 visant à interdire le port de l’abaya. « Ce texte a permis de réduire les incidents liés aux revendications religieuses, ce qui montre l’efficacité de la fermeté républicaine quand elle s’exprime clairement », soutient le rapport
En ce qui concerne les mariages forcés, « Le groupe de travail recommande que soit systématisée la procédure d’audition des époux avant la transcription du mariage par les autorités consulaires françaises. » Des amendements en ce sens avaient été défendus en 2021 par la droite lors de l’examen du projet de loi confortant le respect des principes de la République, tout comme la recommandation consistant à renforcer les obligations déclaratives des associations recevant des financements étrangers ainsi qu’un contrôle effectif du respect de ces obligations. »
« La loi de 2021 a donné des outils administratifs au préfet, mais au niveau sociétal, elle n’a rien réglé », s’inquiète la sénatrice.
Une autre mesure que Bruno Retailleau avait défendue lors de son passage à Beauvau consiste à rattacher la délivrance des visas au ministère de l’Intérieur « afin d’assurer une cohérence entre entrée, séjour et contrôle des étrangers, en regroupant sous une même autorité les décisions relatives aux visas, aux titres de séjour et aux éloignements ».
Neutralité des élus
Le groupe de travail souhaite aussi voir adopter rapidement la proposition de loi du sénateur LR Michel Savin visant à assurer le respect du principe de laïcité dans le sport. Le texte voté au Sénat interdit le port de signes religieux dans les compétitions sportives et dans les piscines municipales.
Enfin à l’approche des élections municipes, les sénateurs LR comme ils le proposent « depuis plusieurs années », « recommandent de rendre obligatoire la neutralité des élus dans l’exercice de leur mandat et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires. »
Rapport Jacqueline Eustache-Brinio
Dix-sept recommandations pour combattre l’islamisme en France: le rapport choc de la droite sénatoriale
L’islamisme est un obstacle à notre cohésion nationale. Il ne peut se combattre qu’avec un plan ambitieux s’appuyant sur des mesures strictes. Telle est la conviction du groupe de travail présidé par la sénatrice LR du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, qui vient de produire un rapport de 107 pages aux recommandations musclées, dont Le Figaro dévoile ici le contenu.
Ce document, fruit du travail d’un groupe de 29 sénateurs, a été remis au président du groupe LR de la Haute Assemblée. Mathieu Darnaud, et ce, quelques jours seulement après le retour au Sénat de Bruno Retailleau, qui ne manquera pas de s’impliquer à nouveau dans la machinerie parlementaire. Quelles suites concrètes seront données à ces propositions?
Une chose est sûre: parmi les 17 mesures envisagées, certaines promettent d’alimenter le débat, y compris en interne. Car le rapport Eustache-Brinio ne propose rien de moins que « l’interdiction du voilement des fillettes et jeunes filles avant l’äge de 16 ans dans l’espace public, mais aussi l’interdiction du jeûne pour les moins de 16 ans ». Il précise: « Ces recommandations se fondent sur une approche de protection de l’enfance ». De son côté, le patron des LR à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, devait déposer ce lundi une proposition de loi visant à interdire le port du voile pour les mineures. Le député de Haute-Loire cite notamment une étude de l’lfop, selon laquelle 44% des jeunes filles musulmanes de 15 à 24 ans portent aujourd’hui le voile, contre 16% en 2003.
Audition des époux contre les mariages forcés
Le rapport ajoute que les sénateurs du groupe sont également favorables à l’interdiction du port du voile par les accompagnatrices scolaires afin de maintenir un espace éducatif neutre et cohérent avec les principes de l’école publique ». II explique que cette mesure vise à préserver la neutralité de l’environnement scolaire. Elle avait été votée par le Sénat à l’occasion de l’examen de la proposition de loi tendant à assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l’éducation, le 29 octobre 2019. L’Assemblée nationale n’a pas choisi d’inscrire le texte à son ordre du jour. Une nouvelle disposition législative est donc nécessaire ».
Quant aux mariages forcés, le rapport préconise, sur ce point aussi, de serrer la vis: Le groupe de travail recommande que soit systématisée la procédure d’audition des époux avant la transcription du mariage par les autorités consulaires françaises.
Il est également nécessaire, pour la sénatrice et ses collègues, « de tracer les financements des mosquées et associations en vue de prévenir l’utilisation des structures religieuses à des fins de propagande politique. Cela implique un renforcement des obligations déclaratives des associations recevant des financements étrangers ainsi qu’un contrôle effectif du respect de ces obligations.
Rattacher la délivrance des visas au ministère de l’Intérieur
Dans le sport également, Jacqueline Eustache-Brinio assure qu’il faut agir en veillant au respect de la « neutralité ». Les sénateurs de son groupe de travail appellent de leurs vœux l’adoption définitive de la proposition de loi de Michel Savin visant à assurer le respect du principe de laïcité dans le sport. Ils souhaitent, par ailleurs, inciter les fédérations sportives, comme l’a déjà fait celle du football, à modifier leurs règlements pour aboutir à une neutralité totale dans chaque discipline.
Parmi les « réformes institutionnelles » que la sénatrice réclame, figure en première place une recommandation maintes fois soufflée, ces dernières années, à l’oreille des parlementaires par les locataires de la Place Beauvau: Rattacher la délivrance des visas au ministère de l’Intérieur afin d’assurer une cohérence entre entrée, séjour et contrôle des étrangers, en regroupant sous une même autorité les décisions relatives aux visas, aux titres de séjour et aux éloignements.
À en croire ses partisans, cette mesure « constituerait un levier stratégique, en adaptant les critères de visas selon la coopération des pays d’origine ou de transit et en consolidant l’impact coercitif de la politique migratoire. Une telle centralisation contribuerait par ailleurs à la prévention de l’infiltration d’individus liés à l’islamisme radical, en permettant un contrôle plus strict des entrées sur le territoire national ».
Combattre un projet séparatiste systématique de long terme
Il est une autre suggestion qui ne manquera pas d’être discutée dans la boîte à outils anti-islamistes du rapport Eustache-Brinio: « Comme proposé depuis plusieurs années par les sénateurs LR, le groupe de travail recommande de rendre obligatoire la neutralité des élus dans l’exercice de leur mandat et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires. A l’en croire, « cette mesure, qui concernerait en particulier les élus locaux, notamment les maires et conseillers municipaux, paraît cohérente avec la neutralité déjà imposée aux élèves des écoles publiques, aux fonctionnaires et agents publics, aux magistrats, aux forces de l’ordre ou aux militaires ».
Le rapport Eustache-Brinio est décidément sans détour, à l’image de cette sénatrice à qui l’on doit déjà la proposition de loi qui visait à rallonger jusqu’à sept mois la durée maximale de rétention des étrangers les plus dangereux pour se donner davantage de chances de réussir leur éloignement. Disposition censurée, le 7 août dernier, par le Conseil constitutionnel, au grand dam de Bruno Retailleau, alors membre du gouvernement, qui soutenait cette initiative.
Le rapport d’Eustache-Brinio vaut tant par l’expérience de ceux qui, lors des auditions, posaient les questions à ses côtés que par la qualité de ceux qui y répondaient
Désigner l’ennemi ne fait pas peur à la sénatrice Eustache-Brinio. Elle s’est entendue avec son groupe de travail sur une définition claire: « L’islamisme constitue une idéologie qui vise la transformation de la société française selon des normes religieuses radicales, constituant ainsi un projet séparatiste systématique de long terme ». C’est contre cela et non contre l’islam qu’elle lutte, tient-elle à préciser, pour ceux qui voudraient l’accuser d’amalgame.
Dans son combat, au sein des LR, cette élue n’est pas seule. Son rapport, en effet, vaut tant par l’expérience de ceux qui, lors des auditions, posaient les questions à ses côtés que par la qualité de ceux qui y répondaient. Il y avait notamment Roger Karoutchi, Francis Szpiner, Valérie Boyer, Étienne Blanc, Stéphane Le Rudulier, Marie-Carole Ciuntu ou encore Agnès Evren, pour n’en citer que quelques-uns.
Quant aux dix-huit intervenants longuement auditionnés par le groupe (hauts fonctionnaires, représentants des cultes, sociologues, juristes, représentants d’associations d’élus, universitaires, lanceurs d’alerte), on trouvait parmi eux des personnalités comme Bertrand Chamoulaud, actuel directeur du renseignement territorial (les ex-RG), Matthieu Ghadiri, ancien agent d’infiltration au sein des services de contre-espionnage, Mohamed Louizi, ancien membre des Frères musulmans, mais aussi l’ancien préfet Michel Aubouin, l’essayiste Céline Pina, connus pour leurs écrits sur ces sujets délicats, ou encore l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, et l’anthropologue, chercheur au CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, qui a accompagné ces travaux pas à pas.
Par leurs témoignages, tous ces professionnels ont tenu à mettre en perspective les dangers d’une dérive largement documentée. Le rapport les classe et les décortique, secteur par secteur. Selon Florence Bergeaud-Blackler, « les organisations islamistes en France, dont celle des Frères musulmans, s’articulent autour d’une structure pyramidale secrète comptant une centaine de membres assermentés, influençant environ 100.000 fidèles à travers 100 à 200 mosquées ». Elle décrit un « écosystème complet de 280 associations satellites, 21 établissements scolaires, 114 écoles coraniques. Les membres prêtent un serment d’allégeance (bay’a) engageant à « faire le djihad » et à une obéissance absolue aux dirigeants. Pour rappel, ces éléments nourrissaient déjà largement un rapport officiel explosif sur la mouvance frériste. Il fut en partie déclassifié et publié en mai 2025.
Le voile devient l’étendard de l’apartheid sexuel
Le groupe de travail LR assure que ses propres auditions ont révélé que les stratégies d’infiltration islamistes reposent sur le double discours systématique, l’entrisme dans les institutions publiques (administration, éducation, sport) et l’instrumentalisation des libertés démocratique.
Selon le rapport, les réseaux islamistes exploitent également les failles juridiques de l’État Français. Les terrains particulièrement visés sont l’école (contestations pédagogiques, voilement des fillettes) et le sport (notamment les arts martiaux). Le voile devient alors l’étendard de l’apartheid sexuel, instrument de contrôle social et de marquage territorial. Selon ce document, des territoires entiers connaissent une ghettoïsation avec la création de sociétés parallèles échappant aux normes républicaines.
Face à ces menaces, les 29 sénateurs demandent l’examen rapide par l’Assemblée nationale de la proposition de loi constitutionnelle visant à garantir la prééminence des lois de la République, adoptée en première lecture par la Haute Assemblée le 20 octobre dernier, qui prévoit que nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune.
Un consensus sur les effets positifs de la circulaire Attal
Le groupe Eustache-Brinio se dit favorable au maintien de l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans les écoles, en affirmant les effets positifs de la circulaire Attal de septembre 2023, un texte qui, selon eux, a permis de réduire les incidents liés aux revendications religieuses, ce qui montre l’efficacité de la fermeté républicaine quand elle s’exprime clairement. Ils pointent cependant encore du doigt ce qui, à leurs yeux, constitue certaines anomalies, comme la gestion du Crous, établissement public lié au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche: « En infiltrant les structures chargées de l’alimentation étudiante, les réseaux islamistes peuvent imposer leurs normes (alimentation halal) et créer des habitudes qui normalisent leurs exigences ».
Développer un « contre-discours républicain » constitue, selon eux, une exigence. Ils préconisent notamment « la réaffirmation de la mixité filles-garçons dans tous les espaces éducatifs, culturels, sportifs, associatifs, sans exception possible ». Ils réclament aussi la restauration d’une politique de soutien aux femmes des quartiers grâce à des associations indépendantes des groupes religieux, avec des moyens dédiés à leur autonomie, leur expression et leur formation. Les pouvoirs publics doivent, selon eux, adopter des mesures de protection pour les femmes qui prennent le risque de résister aux pressions communautaires.
Et le groupe de travail de conclure: « L’ensemble de ces mesures converge vers la nécessité d’un réarmement républicain global face à l’offensive islamiste. Ce réarmement doit être à la fois intellectuel, juridique, administratif et politique ».
TJ avecAFP et Public Sénat

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